Koumrane et petits pois

Macchabées, puis Asmonéens n'eurent guère d'amis, car les non-Juifs,  (johnson 120)  "durent se convertir de force, sous peine d'être massacrés" Cette époque voit le début des sectes juives, s'accusant mutuellement d'hérésie: Hassidim, Pharisiens, Saduccéens, Esséniens et plus tard: zélotes, chrétiens, musulmans, karaïtes  (szysman 34)

Karaïtes (barnavi 88): Le karaïsme apparaît vers 760, en Mésopotamie musulmane. Benjamin ben Moïse de Nehavend (80 km S Hamadan/Ecbatane) le définit entre 830 et 860. Se prétendant continuateurs des Esséniens, les karaïtes contestent ces dates. Comme eux, ils s'en tiennent à la Tora, seule autorité, rejetant Talmud, Mishna, Guemara et, en cas de doute, préconisent l'interprétation personnelle. Pour (baron* II,764) il y a trop de ressemblances pour croire à un hasard. Hélas, dit (szysman), leur histoire est d'autant plus obscure qu'à l'opposition des Juifs, musulmans et chrétiens s'ajoute leur propre esprit d'humilité et d'auto-destruction, négligeant monuments et archives, dont beaucoup furent falsifiés. On a dit que la Kahena berbère, Falashas éthiopiens et Khazars furent karaïtes, ce qui expliquerait qu'on n'en parle que du bout des lèvres, mais selon M. Derczansky, pour les Falashas, "vrais rabbanites", quoiqu'ignorant Pourim et Hanouka, ne connaissant que 24 livres bibliques, c'est une ressemblance de hasard, due à une séparation antérieure à l'Exil.    

Comme le phénicien, l'hébreu n'écrit pas les voyelles. Une première tentative de les ajouter fut rejetée car c'était modifier des textes tabous. (szysman 50): Le karaïte Aaron Moïse ben Asher, vers 930 (barnavi 84) eut l'idée de la ponctuation de Tibériade, toujours employée: signes sous la consonne, (mais il y a divergence sur la prononciation "komets aleyf ho, qamats alef ha") Le codex Alepensis, écrit de la main même d'Aaron fut "emprunté" par une honorable famille rabbanite et jamais rendu. La synagogue en triste état Ben Ezra du Caire (ibidem 168) fut d'abord église copte, puis synagogue karaïte. De sa guéniza (dépôt) sont venus une foule de documents précieux, pas tous déchiffrés, qui éclairent nombre d'aspects méconnus de notre histoire. Dont les célébres "écrits de Damas", longtemps la principale source sur les Esséniens, avant Koumrane.

re-Galates:  Ancyre fut, dès les Assyriens, une  étape-clé de la route de la Soie: Par ce défilé communiquent l'est et l'ouest de l'Anatolie. Elle devint capitale galate. (josèphe AJ XII,3) cite une lettre d'Antiochos, vers ~277, qui préconise l'envoi de colons-soldats juifs pour "encadrer" les Galates. Ces guerriers redoutés, forgerons, charcutiers et tisserands de tapis renommés, ne sont plus mentionnés après Saint-Jérôme, qui, vers 380, écrit qu'ils parlent le même gaulois qu'à Trèves. Qu'en advint-il ? anéantis ou partis ? Les persécutions byzantines, bien attestées, frappant hérétiques (Pauliniens), païens et Juifs, ont provoqué massacres et fuites. A lire Gibbon, on comprend comment les Musulmans ont pu si vite s'emparer de ces terres ravagées par les bigots. Or on a retrouvé en Crimée, selon (szysman  70) la tombe d'Isaac Sangari, que l'on croyait légendaire, qui convertit le khagan des Khazars, Bulan, au karaïsme vers 720 (preuve qu'il y avait des karaïtes bien avant 760). Légendaire ou non, ce nom vient sûrement du fleuve galate Sangarios (Sakaria) szysman  ajoute que d'autres karaïtes vinrent avec lui, convertissant Goths et Alains. Ces exilés sont-ils le chaînon entre Esséniens et Karaïtes ? St-Paul reprocha aux Galates de suivre "la Loi" sans les dire Juifs. Wulfilla (311-383) premier écrivain germanique, né d'une Galate enlevée par les Goths, est donc l'ultime Galate attesté. Les cottes de maille, cuirasses à écailles et chariots des Ostrogoths en ont-ils résulté, sans doute pas, mais les Khazars avaient des "broignes" à écailles, copiées par les Carolingiens. En norse "brynja", en russe: "bronia", du gaulois bronia (poitrine)  Les Gaulois ont sans doute inventé les cottes de maille, avant le  ~2e s. bien avant les cataphractes alains. Furent-elles transmises par des Galates ? Elles devinrent plus tard, spécialité sogdienne. Or, les Sogdiens furent amis des Khazars. (koestler 21) parle de Khazars blancs (Ak-khazars) et Kara-Khazars (noirs) distingués par des questions de préséances. Pas de teint ? (ak et kara, en turc: blanc et noir)  Il cite Ibn Saïd al Maghribi: "Teint blanc, yeux bleus, longs cheveux généralement roux, haute stature" On ne peut rien en inférer, mais ça fait drôle, pour des Turcs. On en dira autant des Comans. Ces critères sont trompeurs, puisque (mélèze 96) décrit "Apollonios, grand, teint clair, yeux bleu clair, oreilles décollées; Sostratos, taille moyenne, yeux bleus"...soldats juifs des Ptolémées d'Egypte vers ~200. Sur des miniatures espagnoles juives du 13e s. seuls figurent blonds et roux. Une filiation Galates-Ashkénases est peu vraisemblable, mais si c'était eux, les "Ak-khazars", s'ils avaient converti les Khazars à la Tora, ils ont joué un rôle immense dans notre histoire, car sans la puissance khazare, la tolérance carolingienne aurait sans doute été plus discrète.

Khalysiens:  (bergl 20) écrit en 1880 "Nach der letzter Niederlag des Magyaren durch die Griechen im Jahre 970 hatte Taksony (père de St Etienne) um der erlittenen Verlust an Mannschaft zu ersetzen verschiedene Volkstämme ins Land gerufen unter anderer auch die Chalisier - etwa Chalutzim gawaffnete Krieger ? – (Engel ,96) Nun sollen nach Cinamus (L,III, 115) die Chalisier mosaischen Volkstammes gewesen sein und nach Gebhardi (III,13) von den jüd. Chasaren abstammen. 

Die Chalisier wären demnach vielleicht die ehemaligen Kampfgenossen des Magyaren gewesen" (après la défaite des Magyars par les Grecs le duc Taksony recruta diverses tribus pour compenser ses pertes, dont les Khalysiens, pionniers armés (Halutsim en hébreu) Mais selon Cinnamus, ils devaient être une tribu mosaïque et selon Gebhardi, descendre de Khazars juifs, peut-être camarades de combat des Magyars de jadis) Moi, je veux bien, mais, en breton, la Villemarqué écrit C'hall (prononcé khal) pour Francs, Gaulois (aujourd'hui Galian) Le rapprochement paraît osé, mais n'oublions pas que sites et toponymes celtes abondent en Est-Europe. Khalysiens peut-être venus de Kalicz, (100 km,W Lodz), la Calissia gauloise de Strabon.

 

Poloviets = Comanes = Kiptchaks = etc...

On est dérouté par la variété des noms de tribus en ces régions. En effet, (szysman 70) peuples et clans formaient des confédérations mouvantes, changeant de nom à chaque nouvelle configuration. On l'a vu chez Huns, Ostrogoths, Bavarois, Turcs et Mongols. Aucune parenté ethnique ne semble avoir été exigée, loin de l'actuel "national-racisme".

 Selon  (ibidem 73) les ethnologues croient que les Tchouvaches de la moyenne-Volga, qui mêlaient des traditions bibliques à leur chamanisme avant leur conversion au 19e siècle, descendraient de ces "Paloftsi", comme les karaïtes de Lituanie et Pologne, ainsi que les Comanes, héritiers des Khazars, qui ont joué  un rôle majeur jusqu'à la conquête mongole. Beaucoup étaient chrétiens, pourtant du Plan Carpin dit, sans les appeler Juifs, que les Burtas, tribu comane, professaient l'Ancien Testament. Donc étaient Juifs ou Karaïtes.

Comanes: Quel fouillis d'appellations: Un détachement coman échappé aux Mongols, vers 1250, est appelé "Sarrazins", en Hongrie et dans la région de Halitch (ibid 82/85)  Rien à voir avec les Sarrasins des chansons de geste. Leur nom viendrait du coman "sary" (blanc) car roux à peau blanche. Ni musulmans, ni juifs. Chamanistes, Karaïtes ? (ibn battuta 202) : "Appelés Huns (Khoun) par les Hongrois... Comani par les Byzantins et qui se nommait lui-même Kiptchak". (gibbon LV,521) :"The Cumani, afterwards called Kiptshahs are the people named Uzi by Constan. Porphyr. They are called Gusses or Goss by Arabian writers. The Uzi or Cumani were also Turks and spoke the same language as the Petcheneges" (Les Comanes, ensuite appelés Kiptchaks, sont le peuple nommé Uz par Porphyrogénète, Gusses ou Goss par les Arabes. Ils étaient Turks et parlaient comme les Petchénègues.)

Les Ghouz selon (halphen 401) se scindèrent, ceux du nord furent exterminés en Grèce après avoir détruit les Petchénègues,  ceux du sud, convertis à l'Islam, devinrent les Seldjoukides.

Petchénègues D'après le "Petit Robert": population de race turque appelé par les Byzantins Patzinakoi, en latin Bisseni et en hongrois Besenyö. Installés entre Volga et Oural, ils subirent les attaques des Khazars et des Oghuz à la fin du 9e s. et s'établirent entre le Don et le Dniepr, repoussant les Hongrois vers l'O. Alliés au tsar bulgare Siméon, ils attaquent de nouveau les Hongrois et fondent un grand empire entre Don et Danube. Porphyrogénète (905-959) tenta de maintenir avec eux des relations amicales, (en les dressant contre les Khazars ?) mais ils envahirent la Thrace à plusieurs reprises.

Notez que le Petit Robert crée une "race turque".

Ayant menacé Kief et tué le prince Sviatoslaf (972) ils défirent les Byzantins à Silistrie et campèrent sous les murs de Constantinople (1090, 1091) L'empereur Alexis Comnène obtint l'aide des Koumanes et anéantit leur armée en 1091. Exterminés par Jean Comnène en 1122  (szysman): "Les Slaves les appelaient Poloviets (de plovy, clair) les Arméniens Hardes (jaunes) les Allemands Walwen" Ce Walwen chatouille ma vieille obsession, il sonne comme du breton, "Gall gwen, Gaulois blanc" qui correspond  à Sary, Poloviets.

Aurions-nous retrouvé les cousins des "Turcs" que rencontra près d'Angora (PRE in "Galatia") vers 1820 le voyageur Texier qu'il dépeint: "cum procera corpora, promiscæ et rutilatæ comæ, candor corporis" comme les décrivait Tacite (haute stature, toison rousse tressée à mèches croisées, corps blanc; le texte dit "promissæ" (pendante) visiblement erreur du copiste médiéval qui ignorait cette façon antique de se coiffer). Comans ou Polovtsi, ils ont lutté contre les Rous, le "dit du prince Igor" montre qu'ils étaient plus loyaux qu'eux et leur donnèrent du fil à retordre.

Autre indice (musset 71) montre les Hongrois attaquant Venise sur des barques de cuir. Or un corracos, coracle, (latin corium, cuir; grec κορ, écorce) exige tannage, couture étanche, armature délicate à assembler. Bien sûr, des nomades cavaliers ont pu en fabriquer, ou les acheter au super-marché du coin, mais c'est peu probable. C'était une spécialité celte presque exclusive, plus tard des Norvégiens, puis des Eskimos.

Après tout, le korabl russe, l'arménien kur (navire) la carabela (caravelle) espagnole ont des airs de cousinage avec le cayuco (pirogue) du Yucatan par le curach irlandais. Il y a comme un air de famille du curragh gaélique au kayak eskimo...

Messieurs les  éthymologes, au boulot.

 

 

les châteaux-forts vinrent-ils d'Arkanos ?

Shapûr se vante d'avoir massacré des milliers de Juifs. Byzance n'était pas mal non plus (baron 182) cite "Masudi's "Meadow of gold" relating a large scale emigration of Byzantine Jews to Khazaria" (une fuite massive de Juifs byzantins en Khazarie, vers 932) Qui incita les Khazars à protester. A la suite de quoi les Byzantins signent avec les païens Rous, en 944, un traité "commercial". 

Les Grecs sont bigots, mais rancuniers. Cette date donne peut-être la raison, pas du tout commerciale, mais idéologique, religieuse, de la conversion de Rous et Bulgares à l'orthodoxie: Déclancher la longue guerre qui aboutit à  la destruction du khaganat khazar.

A preuve, aux mêmes dates, vers 950, cette note (kouznetsof, passim) de Constantin Porphyrogénète: Si l'exousiokrator d'Alanie ne vit pas en paix avec les Khazars, mais juge préférable l'amitié du basileus des Romains, alors, si les Khazars ne décident pas de demeurer en paix et amitié avec le basileus, l'Alain peut leur faire grand dommage. Il peut leur dresser des embûches et les attaquer. Bel exemple de trahison suicidaire, passé inaperçu des quelques historiens que j'ai lus sur le sujet. Comme s'ils racontaient: "K a aidé Constantin, puis l'a surpris martyrisant son chat. K a sauvé ce chat. Constantin est allé voir son ex-pire ennemi Ivan, et peu après, Ivan a tué K, mais un historien sérieux n'a pas le droit de déduire que Constantin est un con et un salaud" 

Les Khazars ont donc accueilli des Juifs de Yavan (Grèce, Ionie, Byzance, Bithynie), Perugita (Phrygie-Galatie, Pont, Cappadoce), Babel, Shinear (Mésopotamie ?), Ashkenaz (Arménie) et Poras (Perse) C'est déja bien, qu'ils soient ou non nos ancêtres. On a vu qu'ils ont sans doute sauvé la Chrétienté, arrêtant de 646 à 968 toutes les armées arabes aux portes du Caucase (Après eux, l'Islam domina Crimée et Transcaucasie jusqu'aux abords de Kiev) et chassé  les Bulgares du nord de la mer Noire.  (dienes 9) : "documents et faits archéologiques témoignent de ce que du VIIe siècle au IXe, le khaganat khazar fut le théâtre d'une véritable révolution économique"  (ibid. 33) : "Ils s'adonnèrent à la viticulture et au jardinage, et dans leurs villes naissantes se déployaient les premières formes d'une vie artisanale et commerçante. L'empire khazar était la première forme d'état d'Europe orientale que nous pouvons qualifier de féodale".  Ça signifie qu'hormis Byzance et l'Espagne musulmane, la Khazarie  était le pays le plus avancé d'Europe et que la féodalité (qui fut un énorme progrès) y est née ! "...La culture qui s'était épanouie sur cet immense empire présentait entre le VIIIe et le Xe  siècle ... un caractère assez homogène, ... un vaste réseau d'agglomérations, on n'en connaît pas moins de 268, entourées de remparts de terre. Au centre, il y avait une forteresse, un château-fort construit en pierres et en briques, entouré en partie d'une enceinte constituée de remparts à charpente de bois" (technique que décrit César (BG 7,XXIII) à Gergovie) En France, un à deux siècles plus tard: favier 257 : "Quelques grands châteaux maçonnés s'élèvent au milieu du 10e siècle" Copiés sur qui ? Dans "Les Alains" (kouznetsof 70) on voit une forteresse gigantesque, plus importante qu'aucune autre à ma connaissance, avec donjon, tours et remparts crénelés, bâtie à Khoumara (Karatcha-Tcherkessie) (sans doute à l'aide d'ingénieurs byzantins) plus vieille d'au moins trois siècles que la plus ancienne d'Occident. Le plus grand fort médiéval, le krak des Chevaliers, paraît minuscule, à côté.. Là aussi, silence des historiens.

  Koestler parle d'immenses écuries souterraines. (dienes 9) : La population cultivait blé, millet, orge... on a découvert des éléments en fer de charrues lourdes et légères (souligné par moi)... des ateliers de forgerons, d'orfèvres, de potiers dans ces centres qui par leur importance et leur aménagement pouvaient être considérés comme villes. Admirez ces phrases écrites sous un régime communiste, prouvant que la "civilisation de Saltovo" était tout bonnement la plus avancée d'Europe, Espagne arabe et Byzance exceptées.. Encore oublie-t'il la tolérance religieuse, inégalée ailleurs, qui voyait se côtoyer clochers, minarets et synagogues

  (dubnov II,653) : Une lettre de la guéniza du Caire, écrite par un Khazar juif de Byzance au Xe s. "The name of our country is Arkanos (Hyrcania ?)" (petit Robert): Hyrcanie, SE de la Caspienne, fit partie de la Médie, puis de l'empire perse"  (EJ): Artaxerxès y déporta des Juifs révoltés vers ~ 350. Les Khazars, "Turks iranisés" venus sans doute de l'actuel Sistan, à l'ouest de l'Afghanistan, l'antique Arie, selon kazanski (passim) gardaient-ils le souvenir du "Varkana" du temps de Cyrus ? Ces Arkaniens arrivant vers 620 des bouches de la Volga n'étaient donc pas de sauvages nomades: Jamais plus l'Ukraine ne fut si prospère pendant une aussi longue période. Est-ce grâce à ce puissant empire qu'il y eut un arrêt des persécutions en Occident et à  Byzance ? Elles reprendront avec fureur au 11e siècle, dès la prise de la Crimée, comme si l'on avait auparavant craint des représailles en cas de trop brûlante douceur évangélique: Ces tolérants étaient une intolérable épine dans la chair si tendre et sensible de l'Eglise du dieu d'amour et de pardon. Pas du peuple. (ducellier 175): "surtout dans les couches les plus humbles, on cohabitait volontiers avec les Juifs... Chrétiens et Juifs d'Amorium vivaient depuis si longtemps côte à côte...

L'hagiographie montre un Juif et un chrétien d'Alexandrie se confiant l'un à l'autre la garde de leurs biens... la révolte de la "lie du peuple, Juifs et mécréants" contre le Patriarche Pyrrhos"  

Lorsque les Seldjoukides occupent l'est de l'Anatolie, riposte byzantine immédiate: les Juifs chassés de la Corne d'Or, parqués dans le faubourg de Péra dans un quartier muré, l'Estanor, près de tanneries puantes. Benjamin de Tudèle les y verra en 1165, divisés en rabbanites et karaïtes. Que devint ce premier ghetto ?  Villehardouin qui vivra à  l'Estanor en 1204 ne dit mot des Juifs. Envolés ? Les Croisés étaient encore plus expéditifs que les Grecs.

On lit parfois de vagues allusions aux progrès équestres, hippomobiles, agricoles ou mécaniques du Xe s.. Tous notés presque simultanément, "en Europe centrale", sans jamais indiquer d'inventeurs ou transmetteurs.

Comme si un désastre les avait chassés vers l'Europe. En moins d'un siècle, l'Occident minable du 10e devient le leader invincible du monde entier. Comment ? Mystère, ou secret inavouable ? En tout cas une énigme.

 

Goths, Grecs, Scythes, Sogdiens... et légumineuses

Nul n'en tenait compte. (le goff 72)  fut l'un des premiers. Etudiant les campagnes de Charlemagne en Catalogne, Italie, Bavière et Saxe, il y vit une tentative de se rapprocher d'Arabes et Byzantins (Ce qui montre que la Saxe détenait des voies vers les Khazars, par la Baltique ou l'Elbe). Aux progrès de transports et outillages, il rajouta l'assolement triennal, soulignant que les légumineuses: pois, fèves et lentilles, riches en protides, nourrissantes, se conservant l'hiver, fertilisent le sol, alors que leur fourrage permet des bêtes plus robustes. Mais pas un mot sur Goths ou Khazars.  (dienes) citait orge, blé et millet.

(kazanski) utilise l'archéologie russe et polonaise pour étudier les Goths. En passant, p.18, on apprend: "Au VIIe s. un membre de la famille royale turque d'Achina, originaire de l'Altaï, en exil au nord-ouest de la Caspienne, a fondé la dynastie des khagans (ou khans) des Khazares". (L'Altaï , 90° E, 50° N, est situé à 3000 km ENE de l'Arie, aux confins de la Mongolie) Page 49: "La civilisation de Tchernjahov (Tsherniakhif en ukrainien) qui caractérise les Goths du IIe au Ve siècle montre une agriculture très développée, dotée de charrues et d'outils en fer très variés, une technique de labourage évoluée, des habitats de très grande dimension, fortifiés avec tours et bâtiments de pierre... les Tsherniakhoviens cultivaient orge, seigle, millet, chanvre, pois et lentilles" (Pas le blé ?) La ressemblance avec la description de dienes est telle qu'on ne peut s'empêcher de déduire: "voilà les professeurs des Khazars !" Plus loin, p.82, il explique l'origine de la tolérance des Goths et leur rapide évolution: "comment expliquer la présence d'un habitat multinational peuplé non seulement de Germains mais aussi d'Alano-Sarmates, de Grecs et de Huns dans la steppe nomade dominée par les Huns ?... Un habitat de ce type correspond à la notion de "zimnik"..  à l'origine, campement où les nomades regroupent leurs troupeaux l'hiver (en russe, "zima" signifie hiver) pour devenir un habitat permanent où se concentrent ...pauvres, esclaves ou prisonniers.. et où l'on garde le butin des conquêtes. Des marchands et artisans étrangers y vivent également. Tôt ou tard, cet habitat est entouré de remparts... Dans les villes khazares ou tatares, les communautés ont chacune leurs quartiers et leurs lieux de culte, leur administration" 

Ainsi fera Otton  à Magdebourg en 965.

 J'ai interrogé l'auteur sur ces transmissions de techniques de Goths à Khazars. Selon lui, deux à trois siècles fort tourmentés les séparent, outre la distance entre Dniestr et Volga, et il y a bien trop de divergences pour songer à une continuité. Certes. Il est pourtant avéré que Goths, Grecs et Khazars ont cohabité en Crimée dès le 8e siècle. Surtout, Moïse de Khorène parle de Khazars à Darbend au nord-est du Caucase, attaquant l'Arménie en 191, en plein apogée des Goths, présents, selon Kazanski, sur la presqu'île de Kertch. Or, les Goths y côtoyaient eux-mêmes des Grecs installés depuis des siècles. Ces négociants pouvaient-ils ignorer la route nord de la Soie, ou la charrue lourde, commune aux deux peuples et oubliée partout ailleurs ? Chacun put avoir "ses" fibules ou "ses" casques, mais venus peut-être des mêmes ateliers. On voit des Scythes à broigne gauloise et  κρανος  (casque) grec ! Dans cette région où  les kourganes sarmates et scythes montrent ambre balte, bijoux achéménides et soies de Chine, il y a de fortes chances que charrues lourdes et châteaux-forts soient passés des uns aux autres, avant leur "découverte" en Occident.

 Dans sa réponse, M. kazanski attribue la culture de Saltovo, non aux Khazars, dont ne subsistent que quelques tombes richement meublées, mais à des tribus alano-turques. Vu le black-out presque total qui règne sur ce "haut-moyen-âge-est européen", je constate que c'est au temps des Khazars, sur des territoires qu'ils contrôlaient avec une tolérance ignorée ailleurs, et que les Alains, alliés ou vassaux des Khazars ont pu leur montrer quelques procédés..

Mais ces légumineuses attestées chez les Goths du 3e s. et après l'an Mil en Occident ? A propos de fouilles en Khazarie,  (mokkai 42): "ainsi que les restes de grands silos regorgeant jadis de blé, d'orge et de pois" Revoilà nos légumes ! Je crois plus à une influence civilisatrice grecque, gothe ou sogdienne qu'alano-turque.

Cet archéologue hongrois écrit à l'ère Kadar, peu favorable aux apologies des "sionistes-cosmopolites" Je parie que les ré-introducteurs de charrues, broignes et pois sont les mêmes que ceux de collier d'encolure, fer à cheval, moulin à vent, gouvernail d'étambot, hongrage, attelage en ligne, etc..: Nos ancêtres, Juifs ou Gaulois, sans qui chevalerie, cathédrales, etc.. n'auraient pas existé et qui durent par la suite s'en mordre les doigts.

 

traducteurs traîtres

"Hongre" en allemand se dit "wallach" et Valaque: "Wallach" Ce ne sont pourtant ni les Hongrois, ni les Valaques qui ont eu l'idée de châtrer les étalons, puisque Varron décrit déja la technique.

(dohaerd 67) : "Pline  écrit: "On a imaginé  dans la Rhétie de la Gaule d'ajouter deux petites roues à la charrue qu'on nomme alors "ploum" . La pointe du soc a la forme d'une pelle, on ne s'en sert que dans les terres qui sortent presque de la jachère. Le soc large retourne les mottes (on sème et on herse aussitôt) les terres n'ont pas besoin d'être sarclées" dohaerd commente: Le mot ploum paraît bien être la latinisation du terme germanique pflug. Alors que Pline ne dit mot des Germains. La "Rhétie de la Gaule", c'est le Tyrol actuel (ce qui surprit fort notre érudit guide tyrolien ) En ces temps barbares, les Rhètes étaient dits semi-Celtes, semi-Etrusques. Et les Germains coulaient des jours heureux aux environs du Jutland. Les écoliers tyroliens du 3e millénaire sont roux, châtains, auburn, bruns, presqu'aucun blond, je m'en aperçus un matin, à la rentrée des classes.

(pline 114 § 172): "Non pridem inuentum est in Rætia Galliæ ut duas adderent tali rotulas, quod genus uocant plaumorati " Comme Catulle se gaussait d'un Claudius qui s'était rebaptisé Clodius, j'en déduis que ce mot est l'ancêtre du Pflug germanique et non l'inverse... et que des historiens celtophobes, il y en a, car rati (roues) est pur gaulois. En anglais to plod: piocher, qui n'a rien de germanique, en breton: ploma: défoncer, plomerez: charrue, alors que les Francs n'ont jamais conquis l'Armorique .

Qui custodiet ipsos historici custodes ? Illi ipse ! (qui garde ces historiens-gardiens ? Eux-mêmes !)

     Goths, donc, puis Khazars connaissaient cet instrument. Par quel chemin la charrue lourde est-elle revenue en Occident ? Elle en disparaît avant même les Grandes Invasions: trop lourde à tirer, trop complexe et chère, trop de fer devenu rare ? Il y fallut le collier d'épaule ou le joug frontal, les nouveaux attelages en ligne, les nouveaux fourrages.

      Mais un outil aussi élaboré n'a dû être inventé qu'une fois. Croyons Pline, il ment rarement.

(sarrazin 147): apparue peut-être dans l'aire germanique (sic) antérieurement aux grandes migrations, attestée en Hongrie (re-sic) entre le 1er et le 5e s., en Moravie aux 8/9e s. la charrue est signalée en occident depuis le 10e  s. (la "Hongrie" fut la Pannonie gallo-romaine, puis gothe, gépide, lombarde, hunnique et avare. Ces attestations hongroises gallo-romaines sont possibles, la Pannonie est voisine de la Rhétie, mais la Moravie du 9e s. fut magyare. Aux 2e et 3e s., selon  (werner 237): "Les Vandales occupent la Silésie, celtique jusqu'alors. Les Goths, soumis à l'hégémonie des Vandales, semblent fusionner avec les Luges (Lugi) celtiques, avant de  partir pour la mer Noire". Or le même werner (cf supra) nous apprenait que beaucoup de Gaulois fuyant César se réfugient en Bohême, jouxte la Silésie. Je vois d'autant mieux la charrue lourde prendre ce chemin qu'elle y reparaît justement à la fin du haut-moyen-âge. Les Khazars la copient sur les Goths, les Hongrois la ramènent en Pannonie, la Bohême et la Moravie, riches en fer, la fabriquent. Et en Crimée, les Gallo-Juifs  parlent gallo-goth. Je fabule, certes, mais ça tient la route.

 

pois helléniques ?

(dohaerd 71) cite pois et luzerne, l'assolement, les moulins à eau et la fumure en Gaule romaine. (faure 96) décrit des trouvailles datées de 645, à Olbia, sur la mer Noire, à l'embouchure du Dniestr: Blé, vesce, pois, millet, ensilés en fosses. Il ajoute que c'est la vigne qui permettait aux colons grecs d'obtenir à bon compte or, blé, esclaves et fourrures. Blé, vesce, pois et millet sont des graines, cultures plus faciles à répandre que la vigne qui se bouture ou se greffe. Sachant que les colonies grecques de la mer Noire ont persisté jusqu'à une date récente, (certains rapatriés de 1925 parlaient un "patois" grec antique et dansaient des danses contemporains d'Alexandre) ils auraient pu transmettre savoirs et semences à des clients sympathiques. (ibidem  87) explique: "Nous assistons à l'hellénisation des barbares et en même temps à l'assimilation des Hellènes. Ainsi sont nés ceux qu'ils appellent de noms grecs: Callipides, Alazones, Hellénoscythes, Mixhellènes" On peut supposer qu'à l'abri des massives murailles de Tyras, Olbia, Panticapée, ces demi- ou quart-Grecs continuèrent sous Goths, Huns, Bulgares, Khazars, Tatars, Turcs et tzars à cultiver, acheter et vendre blé, vesce, pois, millet et vin, d'où ils se propagèrent. Et à civiliser leurs voisins. Reste à trouver un gros livre "l'histoire, plante par plante, de leur diffusion", d'autres sur  l'histoire de la charrue, du fer à cheval, etc... Mais il me semble que l'histoire de l'Occident, pas seulement celle du judaïsme ashkénaze, est incompréhensible sans tenir compte de ces contacts et ces échanges.

 

 

 

 

 

 

 


Attention: Parmi les fac-simile des pages suivantes, la page 127  précède  la 126. Je vous prie de me pardonner

HEBREUX