"Afun pripetshok[1]"  Mon papa, vieux héros de 102 ans, chantait cet "hymne national yiddish" la veille de sa mort. "Quand vous serez grands, vous comprendrez combien de  larmes se cachent dans les oysies" (lettres hébraïques). Des millions d'autres, dont ma pauvre maman, l'ont chanté avant d'être assassinés. Je dédie cette  étude à  leur  mémoire chérie et à tous les martyrs de la saloperie, quelle qu'en soit l'étiquette.

Préface

shema vezakhor: Ecoute et souviens-toi, en hébreu. L'histoire est une science inexacte. Nul ne "sait" les vraies causes d'un évènement. Rien n'est sûr, aucun récit n'est achevé. Pourtant, ne pas connaître le passé, c'est se tromper à coup sûr au présent. En outre, le passé, c’est souvent plus intéressant que bien des films ou séries télévisées. Le futur, on le connaît déjà : pollution, guerres, totalitarismes cruels, destruction de la planète. Autant se distraire en tentant de détecter quelles bêtises de nos ancêtres sont à l’origine des tares actuelles, et, qui sait, en découvrir le remède.

Les civilisations arabe, étrusque, gauloise, grecque, hellénistique, phénicienne, romaine, si fortement typées, ont en commun qu'elles n'auraient pu exister sans le commerce international. Hélas, ce facteur qui explique tant de guerres et de crises, est discret. On comprend l'importance des échanges de techniques, plantes ou idées, le rôle souvent omis des capitaux, mais leur trace est rare dans les textes et ténue dans l'archéologie: On connaît la couleur des cheveux d'un roi mérovingien, peu quels pays commerçaient avec lui. Bien des événements ne prennent sens qu'à cet éclairage. Hélas, amateur ignorant, le résultat de mes lectures, visites de sites, musées ou expositions, ressemble plus à un pot-pourri qu'à du Mozart. Pas toujours aux Vérités Admises. Il vous faut courage, patience .. et indulgence.

Six historiens lurent ce livre, quatre sans rien réfuter, mais sans enthousiasme. L'ultime, pourtant réputé : "Des Galates juifs ? C'est une ânerie" !!!

Nul n'a commenté mes hypothèses d'amateur, sauf pour les dire infondées. D'accord, mais pourquoi, même infondées, même erronées, éclairent-elles si bien ces périodes si confuses, pourquoi semblent-elles si logiques, si conformes à tout ce qu'on sait, à ce qui s'est produit et à ce que les archéologues découvrent ?

 corrélations

Je n'ai rien inventé, rien découvert, sauf des corrélations, des "conjointures" qui donnent un sens aux Grandes Invasions, aux Vikings, aux "miracles" du "beau Moyen-Age" des cathédrales gothiques, de la chevalerie et même, sacrilège, quelques racines insolites du yiddish. D'autres les ont-ils vues ? Je l'espère, mais l'ignore. Exemples:

* Le fer, connu des Hittites, disparaît après l'invasion des "Peuples de la mer". La Bible le retrouve chez les Philistins, au ~11e siècle. David séjourne 6 mois chez Achis le Philistin. Et les archéologues découvrent à Etsion-Gueber, non loin du golfe d'Akaba une installation sidérurgique géante du ~10e siècle. Que Salomon ait existé ou non, on en déduit qu'Hébreux, Philistins et surtout Phéniciens ont peut-être participé à un grand commerce de fer, cuivre et chevaux, comme en parle la Bible, de Tharsis (Andalousie) à la Mésopotamie ou même au-delà. Car, dès avant le ~7e siècle, voilà qu'on trouve du fer en Gaule, future Autriche (Halstatt), en Etrurie (Populonia), en future Andalousie (Cerro del Peñon et Toscanos), en Inde (Taxila), au Maroc (Mogador). Mieux : dans "pour la Science", N° 130, (8/1988), Francis van Noten & Jan Raymaekers décrivent dans "Les débuts de la métallurgie en Afrique centrale" de longues recherches sur les bas-fourneaux de la région des Grands Lacs africains, qu'ils datent du "septième siècle avant notre ère". Comment expliquer cette quasi-simultanéité ? Coïncidences ?

* Les évangiles, les premières communautés chrétiennes d'Egypte, comme les lettres de Pline à Trajan sont mentionnés à l'époque même, vers +115, où un gigantesque pogrom extermine TOUTES les communautés juives de Sicile, Chypre, Crète, Cyrénaïque, Egypte (et marque l'arrêt de l'expansion de l'Empire romain). Il semble que les chrétiens, jusqu'alors considérés comme une secte juive, se soient empressés de proclamer que non seulement ils n'étaient pas Juifs, mais qu'ils les détestaient. Bien des historiens (mordillat) pensent que c'est sans doute vers cette époque que les Evangiles et les Epîtres de Paul commencèrent à être "remaniés" pour y insérer de l'anti-judaïsme. D'autres supposent que ces "caviardages" ont débuté après la grande guerre juive de 66/71,

* Palmyre a laissé sa trace en Basse-Mésopotamie, à Ceylan et aux portes de la Chine comme en Sérinde. En effet, ces caravaniers, grands fournisseurs de l'Empire romain, devaient, sur tous ces trajets, rétribuer escortes, ravitailleurs, marins, mariniers, chameliers et roitelets. Qui durent être fort marris lorsqu'Aurélien en détruisant Palmyre, les priva de ces péages, taxes, etc… Est-ce une des raisons qui incitèrent les Huns à envahir la Chine puis l'empire Ostrogoth de la mer Noire, déclanchant ce qu'on appelle les Grandes Invasions ?

 * La guerre Avare de Charlemagne lui faisait peut-être espérer de meilleurs contacts avec Constantinople et son commerce. Sa campagne contre les Saxons visait peut-être aussi leurs contacts avec les Scandinaves, qui semblent avoir à cet époque, gardé des routes khazares, (pour, plus tard, s'en emparer). L'armement des guerriers carolingiens était calqué sur celui des Khazars, et l'empire Carolingien disparut lorsque fut coupée la Route khazare.

* Le siège de Constantinople de 674 à 678 aurait-il pu être levé sans le pétrole, sans doute khazar ? Nul ne l'a dit, à ma connaissance, sur aucun des bouquins que j'aie lus, sauf, en partie, le Goff, alors que je me suis borné à relier des données historiques avérées à l'archéologie récente, souvent ex-soviétique. Faudra t'il demain nier l'aide des Khazars contre Khosroés, qui sauva Héraclius, (et fit de Constantinople la plus riche ville de la Chrétienté)

* Svear (Suédois) comme Magyars existaient au 5e siècle, mais plutôt arriérés. Les Khazars semblent les avoir "embauchés" comme escortes, gardes, mariniers… Au 10ème siècle, Vikings et Hongrois "ravagent" l'Occident, mais de ces razzias naissent les royaumes de France, Angleterre, Deux-Siciles, Norvège, Suède, Danemark, Rous, Pologne, Hongrie. En même temps surgissent châteaux-forts, charrue lourde, gouvernail d'étambot, collier d'épaule, attelage en ligne, luzerne, boussole, légumineuses, qui transforment la société. Permettant la suprématie européenne. Vikings et "Ogres" nous auraient-ils transmis un héritage, pas seulement chinois, venu par la Route khazare ?

* Est-ce par hasard si, peu après que l'empire Khazar ait disparu sous les coups de leurs ex-alliés Rous, vers 1025, les Turks seldjoukides commmencent à harceler les Byzantins ? Ces Seldjoukides devaient avoir tiré profit à escorter les caravanes khazares de Sogdiane à Caspienne et purent désirer monopoliser le trafic, mais vers Bagdad et Damas au lieu de Constantinople. En battant les Grecs à Mantzikert en 1071, ils ouvrent le verrou de l'Arménie et peuvent ainsi commercer de la Chine des Song au califat de Bagdad, comme avec Byzance.

* Je n'insiste pas sur l'autre "hasard" qui fait commencer les Croisades juste vingt ans plus tard.

* Vers 1130, les Mongols commencent à grignoter la Chine, en 1219, ils attaquent le Khoresme, en 1241, ils battent Allemands, Hongrois et Polonais. Or, en 1215, le concile de Latran avait édicté de nouvelles humiliations pour les Juifs. Comment se fait-il qu'en 1238, Frédéric de Hohenstaufen leur accorde une Charte à Vienne, en 1242, Frédéric Babenberg une Charte pour l'Autriche, en 1251, c'est Béla IV de Hongrie, en 1254 et 64, ce sont des Chartes en Pologne ? Serait-ce parce que les Mongols avaient rouvert la Route de la Soie ?

* Enfin, Christophe Colomb part de Palos juste lorsque Isabel la ladrona (Isabelele la catholique) venait d'expulser les Juifs. Peut-être pour ouvrir une Route de la Soie garantie 100 % non-juive ?

* Dernière énigme: Pourquoi ces déductions évidentes, je ne les ai lues nulle part ? Silence gêné ? ignorance ?

J'aime l'histoire-fiction, pas en Histoire. Mes rares lecteurs se récusent devant une étude allant d'Ourartou à Charles le fou, de Chine à l'Irlande. Cependant, ces spécialistes: Mesdames Mireille Hadas-Lebel pour hébreu et grec, Véronique schiltz pour Scythes et Sarmates, Messieurs l'abbé combes (Cantalausa) pour le haut-moyen-âge, l'Eglise et l'occitan, Frajerman et Neuberg pour le yiddish, kazanski pour Goths, Khazars & Slaves m'ont signalé imprécisions, galimatias, erreurs vénielles et données récentes, sans émettre d'objections majeures. Un seul critiqua des points précis. A tort. Je les remercie ainsi que parents et amis, dont conseils et sarcasmes furent utiles et appréciés.

Hélas, le plus enthousiaste, Guillemin, et le plus proche de mon sujet, (pas de mes idées) braudel , sont décédés. Historiens et spécialistes m'ont reproché mes défauts, on en verra quelques exemples, aucun ne m'a dit: là, mensonge, ici, erreur (sauf vénielles). La plupart se sont tus.

Enfant, je fus Toulousain. Longtemps après, "les Galates" de M. lequenne, m'apprirent que Toulouse et Nîmes furent fondées par des Gaulois venus de la forêt Hercynienne, entre Elbe et Danube, la tribu des Loups sans-abri (Volques tectosages) dont César dit qu'ils étaient justes et commerçants. Après la mort d'Alexandre, ils partent en Grèce, pillent Delphes, s'installent à Ancyre, future Ankara. De données congrues (dans les deux sens) en recherches décousues, je compris qu'ils firent partie du plus vaste et sans doute le plus durable des "économie-mondes" braudéliens: la route de la Soie.

En Turquie, le guide fut muet sur ces Celtes. A Ephèse, un curé-pélerin interrogé me répond: "Les Galates ? Ils étaient Juifs". Il ne put m'en dire plus, nos groupes se séparaient. Du coup, j'échafaudai une théorie et fonçai me renseigner sur ces Gallo-juifs. Au bout d'une heure, satisfait, je savais tout, crus-je, persuadé d'avoir trouvé des ancêtres des "Juifs de l'Est", sauf quelques précisions. Voilà plus de 25 ans que je les cherche. Mais je m'étais trompé : Les Galates ont dû jouer un rôle dans l'histoire d'Ashkénaz, notre histoire, pas celui que je croyais. Rien ne le prouve, je me base sur indices et déductions: Lorsqu'une hypothèse concorde avec ce qu'on sait, permet de mieux comprendre des épisodes-clés de l'histoire, on ne peut la rejeter que si des données concrètes la réfutent.

On m'a dit que mes corrélations étaient vraisemblables et rendaient enfin intelligibles des événements majeurs. Qui peut en dire autant ? Sur la scène de l'Histoire paradent césars et tribuns. Qui remarque mes colporteurs ? Leur épopée n'intéresse personne:

Ils ont juste transmis et "accéléré" la civilisation. L'historien se base sur documents, textes ou restes archéologiques et doit, selon certains principes, rester myope, car rares sont les traces des causes, des motivations. Il doit se contenter de faits, sans en saisir les implications. Il s'interdit d'inventer. Doit-on lui interdire de commenter  ?

Je me suis risqué, prudemment. Souvent, j'eus la joie, en lisant des études plus récentes de voir mes " déductions hasardeuses " confirmées. L'essentiel n'est pas là. Il sembla naguère presque indécent d'affirmer qu’avant même l’Age du Bronze, des marchands-prospecteurs parcouraient sentiers, fleuves et mers d'Europe, d'Afrique et d'Asie avec silex et obsidiennes. Suivis par cuivriers, bronziers puis sidérurgistes. Ignorés des chroniqueurs et donc de l'historiographie, ils faisaient aussi commerce d'épices, pierres précieuses, musique, tissus et métaux, vendirent des esclaves, propagèrent techniques et idées. Hélas, leurs traces sont ténues: un bout de prière en hébreu trouvé près du désert de Gobi, une statuette de Bouddha du 3e siècle dans une tombe en Suède, une autre de la déesse indienne Lakhmi dans les cendres du Vésuve, soie dans une tombe gauloise, quelques mots d'auteurs anciens....

Mes profs s'étonnaient de voir idées ou doctrines apparaître simultanément en des points éloignés. Les marchands ont dû jouer un rôle. Capital. Bien qu’il soit impossible de le prouver, leurs chemins et leurs techniques exigeaient qu’ils se forment en tribus ou clans fermés, ne transmettant leurs procédés qu’à leurs proches. Certains étaient-ils Juifs ? Josèphe parle de la reine Hélène d'Adiabène, convertie par le marchand Ananias (AJ 20,2, 837) Saint Paul reproche aux Galates, postés sur la Route, de suivre la Tora. L'Arménie, pivot de la Route, est un des premiers pays à se convertir au christianisme, vers 320. Or, les premiers chrétiens furent souvent des prosélytes juifs.

(abadie-raynal 39) sur les fouilles d'Apamée-Zeugma: Ces villes sur le coude de l'Euphrate devaient permettre un portage vers l'Oronte, le fleuve d'Antioche, elles firent partie du royaume mal connu d'Osrhoène. "Or on sait que ce fut le premier état chrétien du monde, dont la culture littéraire et mésopotamienne a donné naissance à l'une des plus grandes cultures ... du Proche-Orient, la culture syriaque, qui rayonna jusqu'en Chine et en Inde dès le VIe s."

L'Arménie perd donc sa place, (mais elle jouxtait l’Osrhoène) En Osrhoène comme en Arménie vivaient des Juifs. Adiabène, Galatie, Arménie, Osrhoène et khanat khazar ont ce point commun: La route de la Soie. On peut ajouter Palmyre, Nabatéens et Yémen, partenaires des Juifs sur ces routes de la Soie et des Epices. Braudel a rappelé que le grand commerce, (navires ou caravanes) exigeait d'énormes capitaux. Et la confiance de tous les participants. (Je suppose que tous collaboraient, loin des notions de concurrence agressive de notre époque barbare) Dès l'âge du bronze, il devint une "spécialité ": les uns naviguaient, d'autres escortaient, fourrageaient, accastillaient, transportaient, hébergeaient, guidaient, approvisionnaient, etc... avec haltes, échanges de marchandises, relais, cadeaux aux puissants, etc…. Rien, ou le moins possible d'improvisé. Des synagogues en certains points de ces routes, comme Pergame, Intercisa sur le Danube ou Doura-Europos sur l'Euphrate, ont été identifiées, et les textes antiques mentionnent la Crète, Chypre, Cyrène ou Alexandrie. On déduit sans risque d’erreur que les Juifs jouaient un rôle. Banquiers, aubergistes, guides, etc... tous garants grâce à un "dépôt de confiance", le trésor du Temple.

D'où vient le "beau-moyen-âge" ? Je m'en souciais peu. (higounet 3) : "Ici se pose, comme partout ailleurs en Europe occidentale, la question de savoir quelles ont été les raisons qui ont provoqué alors la croissance du peuplement et l'expansion de la vie rurale. Aucun texte contemporain, aucune source statistique ne nous renseigne.... Et pourtant on est bien obligé de constater (souligné par moi) qu'à partir du XI ème s. la vie bouillonne partout et qu'une série de faits et d'entreprises, extension des terroirs et formation d'habitats nouveaux postule cette croissance. Les documents du 12e s. et la toponymie conjuguée mettent en évidence les gains de terre par le défrichement".

Autre historien (berl, 113) : "Ce réveil... fut une naissance mystérieuse... L'Europe a cherché de plus en plus loin dans le passé ... Mais dans le fait elle ne prend qu'au X ème siècle sa réalité culturelle et spirituelle."

J'ose croire que vous aurez, après m'avoir lu, une certaine idée de la réponse. Ce n'est pas anodin: la civilisation actuelle est partie de cette pichenette initiale. L'Histoire abonde en cultures. Toutes déclinent.

Une seule, malgré les aléas, a pu franchir les siècles et s’étendre au monde entier. En 950, un parieur de Sirius aurait sans doute misé sur l'arabe, la chinoise, l'hindoue, l'olmèque ou la byzantine, pas un clou sur l'Europe ! Le vrai mystère du Moyen-age, c'est son existence: Du 9e au 10e siècle, la Chrétienté vacille, Byzance a été assiégée, chassée d'Afrique et du Levant. L'Espagne est arabe. Bulgares, Vikings, Magyars ou Sarrasins ravagent le reste du continent. La fin semble inéluctable. Or, dès 1050, Reconquista en Espagne et Sicile, Croisades, conquêtes en Angleterre et pays slaves, Scandinavie convertie, Apulie et Sicile reprises.

Naissance des arts roman, puis gothique, révolutions agricole, hippique, militaire, éclosion de langues et de littératures. Miracle ? Nul n'a pu l'expliquer. Un monde nouveau est né, le monde féodal où chacun, du pape au serf, est lié par serments, vasselages et suzerainetés. Monde qui fait toujours l'admiration ou les regrets des foules et les recettes des cinéastes et agences de tourisme. Qui me croira si j'en crédite, pour bonne part, Vikings, Khazars, Radhanites, Hongrois, Juifs d'Espagne et Provence ? Bien sûr, les Arabes surtout. Mais qui d'autre ?

Suivons un des sillons de ma recherche: le labour. Pline signale que les Gaulois de Rhétie ont inventé une charrue à roues. L'archéologie la retrouve dans l'Empire ostrogoth d'Ukraine, qui disparaît en 375. Puis au 9e s., dans le khanat Khazar. On suppose les "premières" en Moravie (?) au 10e s. Pour labourer, il fallait une révolution hippique: fers, hongrage, attelage en ligne, timons orientables, brancards, collier d'épaule, fourrages nutritifs (luzerne, légumineuses). TOUS ces éléments dont l'association était presque indispensable semblent apparaître simultanément dans la même aire géographique. Pas très longtemps après, le moulin à vent persan complète cette chaîne d'innovations.

Résultat: Le travail animal plus productif, l'esclavage devient moins rentable que le fermage. L'Europe du nord s'enrichit, supplantant l'araire méditerranéen. Voilà une des causes du "beau moyen-âge". Logiquement, je déduis: les Ostrogoths ont emprunté la charrue rhétique, copiés par les Khazars. Normands et Magyars, vassaux des Khazars, ne pouvaient l'ignorer. Les Magyars ont dominé Moravie et Est-Autriche jusqu'en 965... Et de là ? Qui transmit de Khazarie en Normandie ? La "plus ancienne charrue à roues médiévale" est représentée, si je ne m'abuse, sur la tapisserie de Bayeux, vers 1077. Vous trouverez peut-être la réponse en mon chapitre 14, "Koumrane". J'avoue avoir eu peine à y croire. Si c'est vrai, c'est peut-être la clé du "Grand mystère du Beau Moyen-Age", et donc de la suprématie européenne. Si la bricole, le fer à cheval, le collier d'encolure, la selle rigide, le moulin à vent et la charrue à roues furent des " facteurs majeurs " du "miracle médiéval", tous, ou presque, semblent venus (ou revenus) de l'Est (Seule "douteuse": la bricole, découverte en Ardenne dans une tombe de la Tène. Curieusement, les premiers brancards puis les premiers colliers de cheval semblent cités non loin, à Trèves, près de mille ans plus tard. Ce coin de Gaule était-il spécialisé dans l’attelage ?)

Néanmoins, j’ai longtemps cru que bien de ces progrès venaient ou revenaient de Chine ou d’Asie centrale, par l’entremise des Khazars. Les Khazars étant Juifs, je voulus savoir s'il y eut des Juifs en Hongrie au Xe s. L'EJ (Encycopedia Judaica) était muette. Une ligne dans (dohaerd 289) Le non-dit est une information: Ecrire sur une époque sans rien dire de Juifs ou femmes, c'est éloquent. Ainsi, 6 "Histoire des Juifs" (auteurs juifs ou non) "oublient" toutes André II, roi hongrois excommunié pour avoir refusé d'expulser Juifs et musulmans. Monsieur Csernus, attaché culturel de l'ambassade de Hongrie, que je remercie, me prêta un livre édité en pleine "ère Kadar", donc peu suspect de "sionisme". (dienes 45,47,59) décrit une civilisation khazare très avancée, (avec charrues lourdes) des chefs guerriers juifs au Xe s. avec preuves archéologiques. Et Boyer s'étonne des ressemblances entre armes hongroises et vikings, (car gardant des routes khazares, supposé-je)

Revenons à ce Haut-Moyen-Age. Francs, mais surtout Khazars ont brisé l'élan des armées arabes au sud de la Gaule et sur le Caucase. Sans eux, dirait gibbon, on invoquerait Allah à Oxford. (Ça y est) Un fait unique se produit alors: les persécutions continuent, sauf pour les Juifs. Le répit cessera en 1005: la Crimée vient juste d'être conquise par Byzance, sur les Khazars. Calomnies, brimades, massacres seront la récompense pour avoir sauvé la Chrétienté. Heureusement, et souvent contre leurs moines, quelques chrétiens ont plutôt suivi le Sermon sur la Montagne que les pré-nazis tonsurés (d’autres, avec le même résultat, se sont bornés à suivre leur intérêt bien compris)

Ci-après, des extraits de la lettre que m'a adressé, le 26 janvier 1998, l'hébraïste Mireille Hadas-Lebel à qui j'avais soumis une 14ème version: "Vous avez un style très vif, un vrai style de polémiste qui entraîne votre lecteur, mais vous passez trop rapidement d'un sujet à l'autre pour qu'on arrive à vous suivre, vous remuez d'énormes questions religieuses, historiques, économiques, linguistiques. Tout cela passe à une vitesse déconcertante. Il y a là beaucoup de culture, mais, plus que des connaissances étayées, des intuitions insuffisamment démontrées. Dans ma spécialité, j'ai relevé quelques petites erreurs que je vous signale. Vous présentez (NDA: c'est même pas vrai !) Jésus aux cheveux longs comme un nazir et non comme un rabbi, or, une étymologie proposée pour Nazaréen le rattache à " nazir " et non à Nazareth, ville inconnue avant le N.T. ... Samedi ne vient pas de l'hébreu Shabbat mais du jour(dies) de Saturne.. (NDA: c'est pas vrai non plus, il vient de l’hébreu par le grec !).

Pour ce que j'en sais du yiddish les rapprochements que vous faîtes, notamment avec le breton, me paraissent aller dans le sens de la parenté des langues indo-européennes (dont le moyen-haut-allemand) entre elles." Vous le voyez, j'en ai pris pour mon grade, et j'avoue mes lacunes. Extraits de ma réponse: "Je vous remercie de m'avoir signalé des défauts et de m'avoir rappelé le nazirat possible de Jésus..

 N'empêche qu'il est appelé plusieurs fois "rabbi" dans les Evangiles, et je n'ai voulu utiliser que des textes cachères, acceptés par les non-spécialistes. Je ne me base donc que sur la lecture de ces livres "agréés", déja éloquente. Pour "Samedi", je le trouve aussi proche (ou éloigné) de Saturne que de Sabbat. Je le concèderais volontiers sur la foi du Saturday anglais. Pourtant (Koenig 189) écrit : "Die vulgarlat. Form sambati dies ist zu jung... Vulgargriech sambaton ergibt mit analog zu den anderen Wochentagen gebildeter Endung ahd. sambaztag". Vous le voyez, je me borne à citer un spécialiste renommé (qui, hasard étrange, oublie l'hébreu, ignore le gaulois et parle très peu du yiddish. Mes assertions sont-elles insuffisamment étayées ? La bibliographie ne dit pas le quart des bouquins scrutés, aucun des douzaines de musées, sites ou expositions visités. Simple amateur, avec une très mince teinture d'arabe, hébreu, latin et grec, l'accès des sources m'est refusé par mes lacunes et mon absence de diplômes, aussi je ne peux m'appuyer que sur de savants ouvrages pris parfois en flagrant délit d'erreur ou d'imposture, comparés aux auteurs cités: pline, ovide, josèphe, Chrétien de Troyes, Bible... Exemple: le poème d'ovide, page 2 de couverture. Le traducteur "autorisé " fait de amne ratem une barque sur un fleuve. "Radeau sur un cours d'eau", moins poétique, semble plus fidèle et surtout dévoile un aspect essentiel du frètement antique qui profitait du moindre ruisselet. Une barque passe mal les gués. Or, les gués jouaient un rôle capital, bien oublié. Le rigolo, dans ce poème, c'est qu'il fut sans doute écrit à Tomis, sur la mer Noire (l'actuelle Constantsa) et devait se passer sur un raccourci (futur canal) permettant d'éviter le delta marécageux du Danube. Nous sommes sur une vieille route étrusco-gauloise de la Soie, de la mer Noire à l'Adriatique par Danube et Save, de mer Noire à mer du Nord par Danube, Altmuhl, Tauber, Main et Rhin !

- Je crois un reproche immérité : L'intuition. J'en eus. Qui m'ont conduit à des impasses. Constatant que j'étais soit lu d'un œil impitoyable, soit parcouru en diagonale, je base mes déductions sur faits établis, chronologies, citations, articles et livres savants. 

Cherchant les Galates, je trouve ces Radhanites, qui, à la chute de l'Empire khazar, devenus marchands d'esclaves des Hongrois, se fixent en Hongrie, Autriche, Moravie et Galicie alors hongroises, puis en Pologne, fondant sans doute des familles avec des captives converties ou redevenues juives. Il en subsiste quelques traces, peut-être sources de certains mots yiddish, comme les " trops " des khazonim (chantres) dans les synagogues. L'archéologue déduisant une invasion de traces d'incendie ne fait rien d'autre. Encore a-t'il des indices matériels. Les nôtres sont si rares qu'ils expliquent les flopées de peuples et d'époques qu'il faut évoquer avec pour seuls guides la cohérence et la plausibilité : Pour survivre, faisant un métier déja honni, mais indispensable, nos ancêtres ont propagé la civilisation en joignant l'Asie et l'Afrique centrale au monde occidental. Ce n'est pas à nous, leurs descendants, de leur en faire grief avant d'avoir tenté de retrouver cette histoire presqu'effacée. Ni, surtout, de les ignorer systématiquement. Y a-t'il beaucoup de mitsves (devoirs) plus sacrés que ce 5e commandement du Décalogue (Ex, 20, 12)? "Tes père et mère honoreras" (pas en méprisant ton "jargon" maternel) Comme beaucoup, j'ignorais tout de ce judaïsme, presque tout des autres. Au fur et à mesure, mon indifférence s'est muée en admiration et respect. Ma "douce manie" m'a ouvert d'immenses horizons. On connaît assez l'histoire hébraïque, un peu celle des diasporas de Babylone et Alexandrie, à peine ou pas les autres. Gros hiatus. Il me semble avoir fait des découvertes, au moins posé des questions, rencontré des énigmes.

Je reste persuadé sinon d'avoir percé le secret de nos origines, du moins entr'ouvert la porte qui y mène. Hélas, à l'insu des intéressés. Væ "autodidactis" ! (Væ ipse edoctis est sans doute plus latin)

Je ne veux donc RIEN prouver. J'ai trouvé quelques réponses, qui me semblent tenir la route, je les expose en vous laissant juges. A vous de me contredire: Lorsque je me trompe, il faut parfois s'en prendre à mon savant informateur et souvent aux progrès rapides de l’Histoire et de l’archéologie. J'attends toujours que l'un de mes rares lecteurs me signale des erreurs, ce dont je le remercie à l'avance. Ou me dise comment, simple amateur, rencontrer quelqu'un qui vous guide ou, tel Joseph Shatzmiller, que je remercie, donne d'utiles conseils ou l'adresse de bibliothèques ?

Autre indignation: Nul bouquin ne souligne ce "détail": La Pologne fut longtemps pays de tolérance où, depuis le début de son histoire jusqu'à la guerre de Trente ans, ont vécu Allemands, ariens, catholiques, Juifs, Lituaniens, luthériens, musulmans, orthodoxes, Polonais, Ruthènes, sociniens et Tatars. Sans pogroms. L'historien (Jerzy kloczowski 43) révèle:

"La République nobiliaire, multiethnique qui unifia leurs pays (Pologne, Lithuanie, Biélorussie, Ukraine) pendant plus de 2 siècles, de 1569 à 1795, alors que l'absolutisme et l'intolérance religieuse régnaient en Occident, ... La première fédération européenne des temps modernes.. quasi-démocratique" Hélas, tout n'y était pas rose, surtout pour les paysans. Quand la guerre de Trente ans créa la pénurie en Occident, les nobles confièrent aux Juifs la vente de leur blé et leur bois aux belligérants, au prix d'une surexploitation des cultivateurs; il y eut révoltes et pogroms. Et montée du catholicisme intolérant de la Contre-Réforme. N'empêche. De 1150 à 1795, nulle part ailleurs en terre chrétienne, sauf dans la Hongrie des Arpadiens et la première Autriche, il n'y eut une telle tolérance. Sans doute pour des raisons très matérielles, et guère améliorée depuis, plutôt l'inverse. Mais pourquoi ce silence sur cette Pologne insolite ? Vous n'y croyez pas ? Alors, pourquoi si peu de Juifs en Europe au 16e siècle, sauf en Grande Pologne et chez les Turcs ? Tolérance, tout bêtement. 

Si ce travail s'approche de la vérité en balayant quelques idées fausses, j'en serais très heureux, car il est encore fécond, le ventre de la bête immonde. Il faut être vigilant: une affirmation sans références peut être un simple bobard. Il est facile après ça de parler de "connaissances insuffisamment étayées", alors que j'ai rendu mon bouquin indigeste à force de traduire les citations étrangères et d'énumérer ouvrages, auteurs, éditeurs et même bibliothèques où je les dénichai. Je regrette de n'être ni médiéviste, ni linguiste, ni rien du tout et me demande parfois si mes assertions, proférées par une "autorité reconnue" auraient reçu le même médiocre accueil ? J'ai souvent l'impression que nos historiens sont un peu myopes, alors que les archéologues d'Europe orientale ont fait un sacré boulot et démoli de vieilles erreurs (pas toujours). Reste la question: Il y a des tas de sujets intéressants, pourquoi celui-ci ?

- D'abord, combien de sang pour ces stupides supériorités de telle ou telle idée, ethnie ou religion ?.

- Tenter de connaître de vieilles énigmes, d'admirer et honorer (pas toujours) nos ancêtres, en attendant une "Histoire des Juifs en et hors d'Israël", ne ressemblant pas à un vaste écran blanc avec de grosses taches (rouges) .

- une petite contribution à cette pauvre "histoire des techniques agraires, hippiques et artisanales", pleine de trous et de mystères, où plantes et procédés voyagent comme par magie.

- En somme et surtout, la vraie vérité historique, "étymologie" au sens étymologique, plaisante ou non.

- A quoi servent art, maquillage ou musique ? Pas à se nourrir, s'habiller, s'abriter. A rien, rien qu'au plaisir (mais sans le plaisir d'amour par exemple, la planète serait moins surpeuplée) Alors, j'espère que vous aussi partagerez ma joie d'avoir enfin pu discerner, dans le bruit et la fureur de l'Histoire, quelques constantes qui non seulement en expliquent une partie, mais s'appliquent parfois à notre présent."

  

NOTES : * Maurice sartre exige "des objets du Proche-Orient sur des sites kényans de cette époque" pour me concéder des "professeurs" étrangers venus en Afrique enseigner la sidérurgie. Il a raison, mais je me borne à m'interroger sur la simultanéité de ces innovations, seule donnée à ma portée. - Le même affirme "en ce qui concerne les Juifs...je vous reproche de leur faire jouer à haute époque (avant Alexandre) un rôle que rien n'atteste" Que n'a-t'il lu, dans la Bible, l'histoire de Tobie, certainement bien antérieure à Alexandre, dont le métier est d'aller en Médie acheter pour Salmanasar l'Assyrien: Jusqu'au Moyen-Age, presque toujours, le marchand au long cours était "envoyé" d'un roi ou d'un prince, qui finançait navires ou caravanes et fournissait les indispensables sauf-conduits.

* Deux éditeurs trouvent mon travail sérieux, mais risquant d'attirer trop peu de lecteurs. Il suffirait pourtant d'ameuter ceux que j'égratigne et ceux dont j'utilisai les études en un sens pouvant les contrarier pour obtenir un honnête tirage. En rajoutant ceux qui parlent des routes de la Soie ou de l'économie médiévale sans dire un mot des Juifs (ou des femmes) ça fait une petite foule.

* Un autre que son "spécialiste en judaïsme" n'y a rien vu d'intéressant. J'aurais pas cru.

* "L'empire Khazar" (Autrement 2005) permet enfin d'en savoir un peu plus l'histoire de ces grands "gommés" de "l'Histoire avec un grand H". Hélas, il manque à mon avis une introduction sur les peuples commerçants: Ourartéens, Assyriens, Etrusques, Nabatéens, Palmyréniens et Juifs, car tous eurent besoin d'escortes, guides, relais, fourriers, etc, recrutés dans les "peuples cavaliers": Scythes, Sarmates, Arabes, Huns, Khazars, prélevant au passage douanes, péages, offrandes, etc… améliorant leur frugal ordinaire. M'interrogeant sur l'origine des invasions barbares: Romains, Huns, Goths, Vikings, Croisés, Mongols, Espagnols, Anglais, Français, je constate que toutes ou presque furent causées par l'attrait du trafic (routes du Fer, Ambre, Epices, Soie, etc,) et le désir de le rétablir ou le piller. La dynastie des T'ang (618 - 907) dut sans doute encourager les Sogdiens à inciter les Khazars à aider Byzance contre les Sassanides qui avaient appauvri la route de la Soie et ses marchands. Les troubles de l'époque des 5 dynasties et des 10 royaumes (907 - 979) qui sépare les T'ang des Song ont dû réduire les ressources des Khazars et de leurs vassaux, alliés, tributaires et clients: Alains, Turcs Oghuz (futurs Seldjoukides), Rous, Magyars, et, bien entendu Byzantins. A mon humble avis d'amateur, là se trouvent les causes du déclin des Khazars, des troubles qui en découlèrent, et de l'exode vers l'ouest d'artisans et techniciens qui introduirent ou ré-introduisirent en Occident boussoles, charrue lourde, collier de cheval, gouvernail d'étambot, etc… provoquant l'essor du "beau Moyen-Age". Voilà ce dont j'eusse aimé qu'on parle, fût-ce pour le réfuter, dans ce livre si attendu.

 

   

HEBREUX



[1] le "pripetshok" était un petit foyer annexe des cuisinières et fours, pour chauffer eau, gamelles, briques, etc..et surtout l'atmosphère