Jud[Gh1] æis prodentibus (par la trahison des juifs)

Imaginons un camp huszar, un peu à l'ouest de Vindobona, future Vienne, où existe à présent un Judenau. Arrive un cavalier du futur Judenburg, dunon celte, escortant une longue file de moines, car on a trouvé, outre de jeunes Juifs qu'on a délivrés, maintes traces d'abominations en leur couvent. Ils seront conduits en Crimée et embarqués vers le Califat. Pour abreuver son cheval, il contourne le chariot des bsules, les pucelles, raflées à Mende, Lyon, Pavie, Brème ou Cologne. Certaines pleurent, d'autres rient car elles ont échappé à une vie de prisonnières et voyagé en chariot. Elles font les corvées, portant cruches, seaux, fagots, paniers. Marchandise de valeur, elles ne sont pas frappées, mais souvent rudoyées. Leur tristesse n'empêche pas les plus instruites de se dire plus chanceuses que les esclaves romains de jadis. D'autres sont mieux ici qu'avec leurs anciens maîtres ! Certaines espèrent retrouver des parents, Juifs comme elles. Le duc Arpad est bon organisateur: Les Comans à peau claire et yeux bleus sont éclaireurs. Les Bavarois les craignent tant qu'ils ont brûlé un moine irlandais, Coloman, le prenant pour un espion. Il sera saint et bien des Juifs porteront son nom (Pas pour çà; pour le roi Coloman qui les protégea des cruels Croisés). Goths et Radhanites qui connaissent la langue des Francs, sont interprètes, fourriers. Les Kabars aux souples broignes chargent au sabre, ce sont les Huszars (Khazars), tandis que les Magyars, de leurs arcs rapides, les couvrent et enveloppent l'ennemi. Sur la voie romaine embroussaillée roulent en grinçant les chariots aux roues jantées de fer, bien plus commodes depuis qu'on attelle les chevaux en ligne. Les bennes et camions (eh oui) de butin suivent les chariots chargés de flèches, de canots démontables et de sangles, conduits par forgerons et bourreliers. Certains viennent de Sogdiane et d'au-delà. Il entend un air familier: Des Bretonnes chantant en yez-koz, la vieille langue (yezik serbo-croate, yazik russe) qu'il comprend un peu: sa grand'mère galate lui chantait ces chansons en gaulois et il est un peu ému de se trouver dans cette Norique ex-gauloise, future Autriche. Il interroge l'une d'elles, elle s'appelle Jentil (noble, mais aussi "goy", non-juive). Coïncidence, voici une Gentille romane, une Gentle angle, une Gentile vénitienne que bouscule une Gentilis latine, toutes razziées dans le même couvent sans se douter des Yentl qui leur succéderont.. Une Bavaroise rousse explique en un sabir mêlé d'ostique, gaulois et latin qu'elles ont le choix: rester chrétiennes et devenir shabes goyes, les servantes qui peuvent œuvrer le jour du Sabbat, ou se convertir, devenir tsnues (femmes pieuses) priant en loshn koydesh (langue sacrée) épouses d'un khokhem (savant), d'un soykher (marchand), voire d'un frumer held (héros pieux). Sinon, elles iront demain aux harems de Bagdad, sauf si les galokhim, les tonsurés, les rachètent pour deux besants d'or.

D'une chaumine sortent des gosses coiffés de toques en renard. C'est le kheyder, la petite école. Ils ôtent leur shtreyml et le hussard voit de petits crânes tonsurés: eux aussi viennent du couvent. Leur bavardage mêle hébreu, latin, khazar, coman et magyar. Leurs mères adoptives sont horrifiées de cet horrible langage où se fondent ostique, francique, roman, saxon, aux tournures simplifiées. Quand elles leur demandent de "parler comme il faut" et ne pas dire haynt au lieu de heute, meydl pour Madchen, ils répondent "C'est pour embêter Oinosrix de Moguntio (Mayence), il fait rien que nous tanner avec son patois rhénan à l'accent sud-palestinien". Rassemblés autour du guerrier, ils le prient de conter ses exploits, montrer son sabre effilé. Eux aussi rêvent de revoir ces villes où ils vécurent heureux, y retrouver leurs vrais parents. Le soir, dans leur chariot, leurs mamen conteront les exploits de Teutorix (chef du peuple) de Verona, d'Artus le Breton, de Carletisu (Charlemagne) et ses preux, de David, Samson et Salomon surtout. Je poétise. La réalité était sûrement bien plus cruelle.

 

vieilles calomnies

Bien des "experts" évitent les questions épineuses. Comme ces "Histoires" où l'Arménie devient chrétienne par la seule vertu, sans doute, du Saint-Esprit. Omettre, c'est mentir discrètement. Dans une collection prestigieuse, une histoire de l'Antiquité: Sur 2000 pages, les Celtes n'avaient droit qu'à 1/2 page de contre-vérités et lieux communs, les Juifs, 2 !

(isaac 322) dans sa Genèse de l'antisémitisme découvre, dans "l'horrible Xe siècle" un judaïsme actif, mais nulle trace de persécution et s'exclame: Sur le sort des Juifs au Xe s. plus grande encore est l'obscurité qu'au 9e (seconde moitié du 9e) Sans me comparer à lui, j'eus la même impression: Pillages, incendies, famines, sans aucune imprécation contre ces boucs émissaires. Toutes les histoires du judaïsme glissent pudiquement sur une période aussi aberrante.

Les moines chroniqueurs ont souvent menti. Pas tous. Thietmar de Mersebourg conte le sauvetage en 982, en Calabre, de l'empereur Othon II par le Juif Kalonymos qui lui donne son cheval. Les chroniqueurs du Xe siècle commirent-ils des "péchés par omission" par crainte de représailles ?

 

une voix discordante

(fejto 30) "démolit" la théorie khazare: Notons que cette théorie - Je dirais plutôt ce mythe et dénigre koestler qui dans son livre jongle avec quantité de sources para-scientifiques motivé par l'idée naïve que puisqu'il y eut des Juifs non-Sémites, l'antisémitisme perdrait son sens.

Hélas, aucune preuve après ce brillant exorde. Je les ai demandées en vain. Ces vilains Khazars dérangent toutes les théories, anti-juives ou non. Heureusement, l'auteur se dément lui-même, prouvant ce qu'il niait: Peut-on comprendre la situation privilégiée des juifs de Hongrie jusqu'en 1307, si l'on ignore que les chefs Kabars des Magyars étaient sans doute karaïtes en quittant la Lébédie ?

32: …première information contrôlable ..date de 1050... émane de commerçants juifs de Ratisbonne qui rendaient compte de leur visite à Esztergom.., Ils y ont trouvé une communauté assez nombreuse, bien organisée, disposant d'une synagogue et d'un tribunal autonome..."

- "dans la législation royale, les Juifs ne rentraient qu'en 1092,.,, les lois promulguées par le roi St Laszlo (Ladislas 1er ) qui interdisaient le mariage entre Juifs et chrétiens.

34: …du moins jusqu'au XIVe s, on ne décèle pas en Hongrie des actes de violence systématiques à l'égard des Juifs...

35: La protection que les rois accordaient aux juifs - qui pour le commerce n'avaient pour-concurrents que les Ismaélites (commerçants pour la plupart d'origine bulgare) (?)- attirait en Hongrie un certain nombre de Juifs occidentaux qui fuyaient les massacres des croisés, [serait-ce une des sources du "second yiddish" ?] Aux 12 et 13e s. la Hongrie ignorait les pogroms et les bûchers dans lesquels on commençait à jeter, en Occident, des Juifs accusés de meurtres rituels... Alors que les rois d'Angleterre et de France se ruinèrent à les expulser, ceux de Hongrie les accueillirent et leur accordaient des privilèges. A plusieurs reprises en 1225 et 1231, les papes les ont admonestés pour avoir employé .., des Juifs à de hautes positions dans l'administration d'état sans les obliger à porter des vêtements idiots. Au XIIe s. [sic, car les invasions mongoles datent de 1240], pour assurer la contribution des Juifs au pays qui a beaucoup souffert des invasions mongoles puis tartares Bela IV les plaçait sous la protection du pouvoir royal et interdisait leur conversion forcée,.. Dans une lettre de privilèges calquée sur un décret de 1244 du duc Frédéric d'Autriche, le roi déclara "serfs de la Chambre", c'est à dire de la Trésorerie royale, tous les Juifs de Hongrie. Ainsi, les actes de violence à leur égard et à l'égard de leurs possessions étaient considérés .... contre la dignité et les possessions royales..."

- l'histoire a retenu 2 trésoriers juifs "comtes de la Chambre royale" à l'époque de Béla IV.

36: A la fin du XIVe s. le roi Sigmund renouvela la Lettre de privilèges de Béla IV

- Cela dit, dans l'ensemble, la situation [vers 1421, après les Arpad, puis les Anjou] des Juifs hongrois était meilleure que dans beaucoup d'autres états de l'Europe... Ce fut le cas notamment sous le règne de Mathias de Hunyad, dit le Juste, qui, tout en les imposant très lourdement remplaça le juge des Juifs par un "préfet des affaires juives" qui n'était plus un chrétien mais un Juif.

- Malgré ces variations…à l'époque de l'effondrement de l'Etat hongrois du Moyen-Age, on comptait plusieurs dizaines de communautés relativement nombreuses notamment en Hongrie occidentale, avec leurs synagogues, rabbins et quelques talmudistes savants. Fin XVe début XVIe, dans la ville de Buda, sur les 10 à 15 000 habitants, on comptait environ 500 Juifs, entre 10 et 20 000 sur l'ensemble du territoire.

37: Les Juifs expulsés d'Espagne en 1492 évitèrent la Hongrie alors en guerre contre les Turcs, et  ceux-ci déportèrent beaucoup de Juifs à Vidin, Salonique et Constantinople. Ils en réinstallèrent et au cours de la seconde moitié du XVIe siècle, il y eut 3 synagogues: une de rite séfarade, l'autre syrien, l'autre ashkénaze. Les Juifs des territoires occupés vivaient dans une grande pauvreté, mais mieux que ceux sous la souveraineté des Habsbourg

- dans la Transylvanie, épargnée de l'occupation turque ... les Juifs bénéficièrent vers la fin du XVIe s, de plus de tolérance de la part des autorités…

Les Juifs, invités par le prince Gabor Bethlen ... étaient traités sur un pied d'égalité avec les anabaptistes et autres sectes protestantes"

33: Certes, la Transylvanie était presque aussi tolérante que la Hollande,..

(Notons que ce Hongrois oublie l'excommunication d'André II, et le concile de Pressburg qui en 1309, interdit d'épouser des Khazars, [il est vrai, inexistants selon lui] )

 

promenades ou "croisades ?

Il est temps de se poser des questions. A peine arrivés en Pannonie, les Ogres terrorisent l'Europe 60 ans. Expansionnisme ? Folie ? Vengeance ? Manque de bétail et de femmes ?

א - Un peuple réfugié, fraîchement arrivé en un coin fertile et désert irait-il guerroyer au loin, au risque d'être envahi en son absence, comme cela venait juste de lui arriver, à son grand dam ?

 ב - Pour faire des conquêtes, change-t'on de direction tous les ans ?

 ג - Butin fantôme, femmes, bétail et sabretaches sont-ils un motif impérieux ? Obéissaient-ils à un plan réfléchi, qui les guidait ? Qui les renseignait ?

 ד - Pourquoi nul archéologue n'a t'il trouvé trace de leur butin et de leurs exactions ? Qui ment ?

 ה - Les incursions de Hongrois et Normands laissent un monde mieux organisé, fortifié; agriculture et transports se perfectionnent. Nouveaux royaumes: Angleterre, Autriche, Danemark, France, Hongrie, Pologne, Rous, Saint-Empire, Sicile. Etrange bilan de tant de ravages !

 ו - Pourquoi Anglais, Allemands & Français brûlent-ils Juifs et Talmuds, tandis qu'Autriche, Pologne et Hongrie leur accordent  des Chartes ?

  ז - Où trouver la liste des "justes" qui, tels Abélard, André II de Hongrie, Coloman, Chrétien de Troyes, Villon, les Jagellon, Rabelais, Racine, Châteaubriand, Hugo, Leconte de Lisle ou Zola ne dirent pas trop de mal des Juifs, ou les défendirent ? Un petit opuscule suffirait-il, ou un in-quarto ?

> ח  Dernier mystère, pourquoi Régis boyer, grand spécialiste des Vikings, s'étonne-t'il des très grandes ressemblances entre les armes d'Islandais vikings et de Hongrois ? Serait-ce qu'au 8e siècle, Magyars et Vikings travaillaient pour les mêmes patrons, par exemple à garder les routes khazares ? Voilà qui expliquerait le surgissement des uns et des autres: Ils avaient appris ensemble. Est-ce là que les Vikings purent découvrir des boussoles chinoises, leur permettant la navigation hauturière ?

Lorsque Fulbert prononça ses sermons, l'Eglise était mal en point: Afrique et Moyen-Orient perdus, ravages païens, schisme. Seul lien avec le monde extérieur: les Juifs. Normands, Sarrasins, Hongrois et Khazars furent vaincus ou convertis; l'Islam se divisa et piétina. Etranges barbares, ces Ogres presque seuls à ne pas figurer au palmarès des pogromistes jusqu'à 1307 ! Bien que chrétiens, les conciles de Szabolcs (1092) et Pressburg (1309) la Bulle d'Or (1222) comme la lettre de Robert de Grain (1229) ne sont qu'un long gémissement: "Arrêtez de considérer les Juifs comme des êtres humains, de les épouser, de les anoblir !"

Pis, le roi Coloman, pourtant pieux, ose empêcher  les dévôts égorgeurs et détrousseurs de Pierre l'Ermite et Gautier-sans-Avoir de gagner le Ciel sur des monceaux de cadavres. Il ira même jusqu'à surveiller le noble Godefroy, future idole des historiens zélés, comme un vulgaire gangster ! Si Torquemada l'avait pu, il aurait brûlé St-Etienne, ce "nuevo cristiano". En 1232, alors que le pieux St-Louis cambriole les Juifs, l'archevêque Robert de Grain excommunie le roi tolérant (Mokkai 79)

Au risque d'être lynché, je suppose que les Magyars, conseillés par les Khazars, ont délibérément frappé les monastères pour délivrer des enfants Juifs arrachés à leurs parents: une "croisade" pro-juive. Ça expliquerait pourquoi Byzance, au mépris de ses intérêts politiques et commerciaux, fit tout pour détruire l'empire Khazar, et y parvint, à son grand dam. Et la rage des Croisés. Dans le chœur des tortionnaires, la Hongrie n'a pas la meilleure place. Elle a eu, elle aussi, ses Ambroise, Bernardin, Capistrano, Cyrille, Drumont, Khmielnitski, Maurras, Pétain, Rindfleisch et Torquemada, mais minables. C'est au XXe siècle qu'elle semble s'être le plus déshonorée en adoptant la première législation anti-juive, bien avant les nazis. Voyons de plus près les itinéraires de ces cavaliers:

Bordeaux, où les Juifs furent ensuite accusés d'avoir livré la ville aux Normands; Nantes, où on leur reprocha de s'habiller et parler comme des chrétiens; Lyon et Bourgogne où avait fulminé Agobard, car ils convertissaient par leur exemple; l'Auvergne, où Grégoire de Tours se délecte, racontant une "ratonnade" de Juifs d'Issoire opposés aux conversions forcées.

A Barcelone, la communauté avait un contact avec les Musulmans. A Otrante aussi, près d'Oria où vivait la famille Kalonymos. On a vu les monastères: Fulda, Würzburg, Passau, Saint-Gall[1] Comme si des expéditions de secours ou de représailles, toujours très bien informées, selon les historiens, avaient été montées non pour conquérir et s'enrichir, mais sauver des victimes et punir des criminels. Des anti-croisades, en sens inverse. Qui étaient les "mâles massacrés", sinon ces moines redoutés même des bons chrétiens ? Et les nonnes, si souvent jetées de force en ces geôles dont on ne sortait plus, où même les évêques étaient interdits de visite ? Ces "captives" étaient-elles plutôt des prisonnières libérées ? Je me demande si la plupart ne sont pas devenues de bonnes yiddishe mamen. Bien sûr, dans le meilleur des cas, notre vie en Europe chrétienne, fut-elle hongroise, n'avait rien d'idyllique. Mais elle fut moins pénible en Hongrie, surtout arpadienne, et en Pologne.

Pirenne accusa l'Islam d'avoir, coupant le commerce, affaibli les Carolingiens, on rétorqua que les pirates danois en sont bien plus responsables, mais surtout la thésaurisation et la monnaie de mauvais aloi émise par les monastères, car le commerce avec l'Islam se poursuivit, grâce, surtout aux Juifs, (de là doit dater cette réputation de richesse, qui fait du moindre shnorer (mendiant) juif un Rotschild dans le ciboulot des connards !)

Hélas, il semble que ni Aurélien, ni les Byzantins, ni les moines n'aient lu (braudel 98) : "Il est exact .... que les relations entre ces économies-là [Chine, Japon, Insulinde, Islam] sont superficielles, qu'elles ne concernent que quelques marchandises de luxe - poivre, épices, soie en particulier - échangées contre des espèces monétaires et que le tout compte peu au regard des masses économiques en présence.

 Sans doute, mais ces échanges resserrés et soi-disant superficiels sont ceux que se réserve, de chaque_côté, le grand capital et cela non plus n'est pas, ne peut être un hasard." braudel distinguait 3 économies:

- la plus importante et la moins connue: l'auto-suffisance, à profit nul.

- le marché, à profit moyen, pour lequel abondent les documents,

- et la plus "juteuse" le capitalisme, trop souvent ignoré ou confondu au marché.

La prospérité des centres de ses "économie-mondes": Antioche, Alexandrie, Carthage, Amalfi, Venise, Anvers, etc.. provenait d'abord des trafics capitalistes: épices, parfums, cosmétiques, bijoux, soie: produits rares et de faible volume. Hélas, il m'arrive de douter que Braudel ait été, sinon lu, du moins compris. Alors que mes recherches d'ignorant m'ont appris que ces "villes-centres" furent clés de voûte, pierres angulaires: si on les détruit, la guerre, le marasme et la famine arrivent. Sectionnez un câble électrique de 1000 kilomètres en un seul endroit: plus rien. Pareil pour route ou pipe-line. Tout barrage: guerre, révolte, l'anéantit, provoque une crise générale. Jusqu'à ce qu'on trouve un autre trajet ou qu'on répare. Arabes, Arméniens, Chinois, Etrusques, Galates, Huns, Mongols, Parthes, Romains, Sarmates, Scythes comme Turcs, avaient intérêt à sa sécurité. Donc, la paix signifiait prospérité; toute guerre sur le trajet, le déclin. Les rois frustrés allaient alors quérir chez le voisin, à main armée, les richesses évaporées. Combien d'historiens en font-ils cas ?

Il semble bien que la plupart des empereurs (et nous aussi) fussent restés aux invocations d'Hésiode ou de Virgile O, fortunatos nimium, sua si bona norint, agricola[2]... L'Eglise partagea la même illusion et n'en haït que plus les Juifs devenus (par sa loi) symboles du lucre et de l'avidité.

Des Assyriens à Tamerlan, la Route fonctionna. Par à-coups. Dont reste la trace. Tous, fournisseurs, clients, ravitailleurs, etc.. y avaient leur rôle, mais les centres de décision étaient, comme dans toute entreprise, l'apanage des capitalistes, ceux qui risquaient leur or.

Huns, Mongols, Vikings et autres "fléaux de Dieu" furent d'abord privés de ressources par les Trajan, Aurélien, Justinien, Charlemagne et autres "bras de Dieu". Les guerres contre Arménie, Etrurie, Gaule, Khazars, Nabatéens, Palmyre, Parthes, Puniques ou Saxons visaient, pur hasard, des peuples commerçants. La vieille histoire de la poule aux œufs d'or. Même les Croisades furent une déception économique, (sauf pour Venise): la chute des Song du nord en 1127 coupa la route. Suscita-t'elle l'invasion mongole en Chine comme au moyen Orient ?

N'en déplaise à l'un des meilleurs historiens français qui m'accuse de voir l'anti-judaïsme et l'anti-mercantilisme derrière chaque triste épisode de l'aventure européenne, je me pose des questions bêtes:   

- Y a-t'il un lien entre la destruction de Palmyre et les "Grandes Invasions" ?

- Entre les pyromanes en Italie ostrogothe, l'arrivée des Lombards et l'agressivité des Scandinaves ?

- Entre Goths d'Italie, Norique et Crimée et la naissance du yiddish ?

- Entre la Bible gotique de Wulfila et sa mère Galate ? Lui apprit-elle à écrire ?

- Entre le génocide des Saxons et les invasions normandes ?

- Entre l'arrivée des Khazars en Arménie et le "feu grégeois" qui libéra Constantinople ?

- Entre la présence de Vikings sur la route khazare et leur découverte de l'Amérique ?

- Entre le "beau moyen-âge" et la fin de l'empire khazar ?

- Entre incursions hungaro-normandes et naissance du féodalisme ?

- Entre la destruction de l'empire khazar et les Croisades ?

- Comme entre l'antijudaïsme royal et la fin des Foires de Champagne, du "beau Moyen-Age" …et de l'indépendance financière du royaume, de Philippe le Bel à Louis XVI ?

- Ni entre les saloperies anti-juives d'Espagne et Portugal aux 14 et 15ème siècles et leur recherche fébrile d'une route de la Soie non-juive par les mers d'Occident ?

Mais rappelons à ceux qui m'interrogent: "A quoi ça sert, l'Histoire ?" que si les Romains se mordirent les doigts de les avoir fourrés en Judée, les Trajans de leur pogrom, (qui date la fin de l'expansion romaine) les Byzantins d'avoir lancé Bulgares et Suédois contre leur meilleur allié et partenaire Khazar, et les Capétiens d'avoir préféré les usuriers italiens aux banquiers juifs, etc… il est facile de trouver des exemples très récents:

- Russes du Tzar et Polaques forçant les Juifs à l'exil

- Les "démocraties" faisant les yeux doux à Hitler.

- Les Anglais aidant Franco à étrangler l'Espagne républicaine

- Les USA installant des dictateurs pour protéger leurs "bananiers"

- Giscard servant d'essuie-pieds à Brejnev et Khomeyni

- Les USA aidant et armant les talibans contre les Russes

Et je dois en oublier…. L'art de se tirer une balle dans le pied ne date donc pas de  la veille

En tous cas, mes hypothèses m'ont fait souvent trouver un sens à ce fatras hétéroclite d'informations douteuses qu'on appelle "Histoire", un fil conducteur qui n'explique pas tout, loin de là, mais bien plus que ce qui me fut enseigné.

Honorons d'autant plus ceux qui suivirent le Sermon sur la Montagne plutôt que les Capistrano. Plus nombreux qu'on le croit, si j'en juge d'après mon expérience: Il était plus prudent, en 1942, de détourner la tête que la risquer à aider des proscrits. Deux ou trois cents copains, leurs parents, nos profs, tous nos voisins d'immeuble, nous savaient Juifs communistes, gaullistes, étrangers, résistants. Un seul mouchard, on était foutus. Or, plusieurs risquèrent leur peau pour nous protéger.

D'autres Juifs n'eurent pas ma chance, trop souvent victimes de fonctionnaires félons: flics, gendarmes, juges et assimilés, préférant leur retraite à leur honneur et leur patrie.

Prière à Messieurs les Historiens-payés-par-nous-contribuables d'abandonner un instant les passionnantes amours du baron de Crac et de la marquise de Carabas, ou les bijoux des maîtresses des rois de France pour questionner les témoins survivants de la Grande Honte Française: Pourquoi aucune action de la Résistance pour sauver des Juifs ? (Les seules qui furent individuelles et spontanées) Il y a du boulot, le temps presse. (S'il leur reste des loisirs, qu'ils vérifient si les théories de braudel expliquent tant d'énigmes de l'Histoire ou si les crises ont un rapport avec l'activité des routes)

Pour rédiger ces pages, il m'a fallu apprendre des rudiments d'yiddish, hébreu, russe, allemand, breton, occitan, arabe, turc, latin, compulser des centaines de livres.

Je remercie tous ceux qui m'ont aidé, critiqué, renseigné, et dédie cette longue enquête à toutes les victimes de la haine et des préjugés, de la bêtise et de la cruauté.

Je rajoute, en juin 2005, une pensée spéciale pour André, génie méconnu, combattant héroïque, le plus gentil et le plus incompris des frères, mort guéri à 82 ans.

 

 

 

 

                                         

 

 

         mars 2006

 

 

[1] A St-Gall, où fut et resta sanctionné le capitaine Gruninger qui avait sauvé des Juifs, les traditions perdurent.  Honneur à lui ! Et honte aux Juifs qu'il sauva, dont aucun ne lui vint en aide, ni même ne lui dit merci, ensuite

 

    [2] Qu'il serait heureux, le bouseux, s'il connaissait sa chance !


 [Gh1]

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