La présente publication est l'adaptation d'une brochure intitulée :
CONTRIBUTIONS OF JUDA1SM TO MODERN SOCIETY
dont l'auteur est M. le Rabbin Abraham J. Feldman, docteur en théologie, et qui a été éditée par la Commission on Information about Judaism sous les auspices de l'Union of American Hebrew Congrégations et de la Central Conférence of American Rabbis.
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HEBREUX

Judaisme

I partie La morale 

II Saints vous serez 

III Le Juif Protestant éternel

La morale

 

CE QUE LA SOCIÉTÉ MODERNE DOIT AU JUDAÏSME

On s'est proposé de faire connaître par le présent essai ce que la société moderne doit au judaïsme*. Au judaïsme et non aux juifs. Ceux-ci ont, bien plus que celui-là, contribué dans maints domaines à la formation de la société moderne : science, industrie, finance, art, littérature, théâtre, inventions, découvertes, explorations, sociologie, politique, etc.. Mais on ne s'occupera ici que de l'apport du judaïsme dans l'ordre spirituel et moral. Notre propos n'est pas de diminuer l'importance des autres contributions, mais elles constitueraient le sujet d'une autre étude.


« AU COMMENCEMENT, DIEU... »

 

(•) Le terme judaïsme est employé diversement. Nous entendons par là l'ensemble des enseignements, des croyances, des règles de vie et de conduite des juifs.

La première, la principale contribution du judaïsme est sa notion de Dieu. Certes, il n'a pas découvert Dieu, mais Dieu tel que le voit la société occidentale est Celui que le judaïsme a progressivement défini et héroïquement enseigné. Le concept de Dieu comme Réalité invisible, le concept du monothéisme avec sa répudiation hardie et révolutionnaire du polythéisme et du paganisme constitue une contribution du judaïsme à la pensée religieuse de l'homme civilisé. Sans ce concept d'unité qui imprègne tout être, la science moderne eût été impossible. En effet, le monothéisme n'enseigne pas seulement l'unité de Dieu, mais encore conduit à la croyance en une « régularité cosmique absolue t. Le concept de Dieu, non seulement qu'il est l'Unique, mais l'Unique qui est sanctifié par la justice (1), de Dieu qui est toute justice, aux yeux de qui le mal est détesté, de Dieu dont Abraham a dit qu'il est « le juge de toute la terre (qui) ne peut agir injustement (2), de Dieu dont le Psalmiste a chanté « La droiture et la justice sont les fondements de Ton Trône » (3), et encore ; « Tu n'es pas un Dieu qui prend plaisir à la méchanceté, le mal ne trouve pas accès auprès de Toi, tu détestes tous les artisans d'iniquité » (4), le Dieu d'Osée qui, le premier, a parlé de Lui comme gracieux, aimant et pitoyable ; cette idée de Dieu qui s'est élevée de débuts grossiers et naïfs à la "hauteur et à la dignité d'une expérience et d'une expression prophétiques ; voilà la contribution du judaïsme à la civilisation humaine. C'est ce qu'on a nommé le monothéisme éthique. En identifiant le Dieu omniprésent avec la justice, le judaïsme a fait de la justice la clé de voûte de l'univers.


Quelle sorte de culte Dieu approuve-t-il ? Isaïe a répondu en termes mémorables : « Courber la tête « comme un roseau, se coucher sur le cilice et la « cendre, est-ce là ce que tu appelles un jeûne, un « jour bienvenu de l'Eternel ? Voici le jeûne, que « j'aime : c'est de rompre les chaînes de l'injustice,

 


«dénouer les liens de tous les jougs, renvoyer libres i ceux qu'on opprimait, briser enfin toute servitude, « puis encore partager ton pain avec l'affamé, recueil-« lir dans ta maison les malheureux sans asile, vêtir « ceux qui sont nus, ne jamais te dérober à ceux qui a sont comme ta propre chair ■» (5). Et, dit Michée, dans ce qui est, sans aucun doute, la plus explicite et la plus véritable définition qu'on ait jamais donnée de la religion : « Homme, on t'a dit ce qui est bien, ce que le Seigneur demande de toi : rien que de pratiquer la justice, d'aimer la bonté et de marcher humblement avec ton Dieu t (6).
Ce concept, amplifié et enrichi par la suite, c'est la précieuse contribution du judaïsme à la société moderne, qui en a bien plus besoin que maintes générations d'autrefois. Et si ce concept d'un Dieu unique, d'un Dieu de justice, d'amour, de pitié et de droiture est profondément ancré dans la pensée religieuse de l'humanité contemporaine, d'où cela vient-il, sinon du judaïsme tel qu'il est défini dans la Bible et développé dans les enseignements et écrits postérieurs ?

   LA DISCIPLINE MORALE 


Le corollaire de ce qui précède, c'est que le judaïsme a fourni à la société moderne la plus grande partie de ses lois morales et de sa discipline morale. Ce que l'Occident peut avoir accompli dans le domaine de la justice sociale et du progrès social provient pour beaucoup de la conception juive de Dieu. Il existe des juifs matérialistes et réactionnaires, mais aucun d'eux' n'a encore osé justifier son attitude par les enseignements des prophètes et des rabbins. Et voici les paroles qui constituent le cœur du judaïsme :



« Tu ne voleras pas, tu ne tromperas pas, tu ne mentiras pas, tu ne jureras pas faussement, tu ne tromperas pas ton prochain, ni ne le dépouilleras, tu ne garderas pas, sans )e payer, un salarié, tu ne te rendras pas coupable d'injustice, tu ne seras pas partial envers le pauvre ni soumis au puissant. Tu ne calomnieras pas, tu ne cultiveras pas de haine contre un compatriote, tu ne te vengeras pas, tu ne garderas pas rancune à tes concitoyens, mais tu aimera ton prochain comme toi-même»


Cette citation pourrait fort bien être le credo d'un libéral de notre temps. Elle est extraite du dix-neuvième chapitre du Lévitique. Et si l'on ajouté que ce qui donne à ces mots leur force et .leur autorité, c'est la déclaration que a l'Eternel a donné ces ordres pour toute la communauté d'Israël s et qu'elle est encore accentuée par l'emphatique conclusion : « Je suis l'Eternel », il devient manifeste que la discipline morale du judaïsme a profondément imprégné ce qui dans la société moderne est moralement sain et conscient.

LE DECALOGUE, CHARTE DE LA DIGNITE HUMAINE


Relisons le Décalogue, avec ses prescriptions contre l'homicide, le vol. l'adultère, le faux témoignage et la convoitise, sa façon d'insister sur l'honneur et la dignité au foyer, son adjuration solennelle de ne pas troquer les idéals les plus élevés contre des imitations à bon marché, ou même coûteuses. N'est-ce pas là la signification moderne du : « Tu n'auras pas d'autre Dieu devant moi, tu ne te feras point d'idole ni une image quelconque de ce qui est en haut dans le ciel ou en bas sur la terre, ou dans les eaux au-dessous de la terre. Tu ne te prosterneras point devant elles ; tu ne les adoreras point, a Pensons au premier commandement, qui sanctionne divinement la liberté et condamne divinement l'esclavage ; souvenons-nous que le Décalogue. cette Grande Charte de la dignité morale et de la souveraineté éthique de l'homme, a pénétré profondément notre pensée morale et nos aspirations sociales, et nous nous rendrons compte alors combien grande est la dette de la société moderne envers le judaïsme.


QU'EST-CE QUE L'HOMME ?


Dans l'un des plus beaux psaumes (7), le poète, contemplant la vaste étendue d'un ciel étoile d'Orient, chante :


"Lorsque je regardetes cieux, l'oeuvre de ta main.

 « La lune et les étoiles que tu as formées... 

« Qu'est donc l'homme, que tu penses à lui ? 

« Le fils d'Adam, que tu le protèges"? »

II considère l'homme par rapport à l'univers et comprend que l'être humain n'est qu'une partie infinitésimale du tout, un grain de poussière dan? la gloire majestueuse de la nature. Et pourtant, cette pensée ne l'obsède pas au point qu'il se diminue ou s'abaisse. Versé dans le judaïsme, il connaît la réponse à la question qu'il a posée : « Qu'est-ce que l'homme ? »

« Tu l'as fait juste un peu au-dessous des anges, 

« Et tu l'as couronné de gloire et d'honneur.» 

L'homme n'est donc pas tout juste une chose terrestre, il a été créé à la ressemblance spirituelle du Créateur lui-même. Et les rabbins ajoutent que Dieu prit, pour l'insuffler à l'homme, une partie de sa propre essence spirituelle. Ainsi donc, l'homme est en partie matériel, en partie divin. Il faut noter que les rabbins ont parlé de l'homme, et non pas du juif, ou du chrétien, ou du mahométan, ou du bouddhiste, non plus que du noir, du rouge, du jaune ou du blanc ni du nordique, de l'aryen, du nègre ou du sémite. Le judaïsme pense à l'homme et parle de l'homme. Et les Sages d'Israël expliquent que le Créateur a voulu que toute l'humanité descendît d'un seul homme, afin que nul ne pût se réclamer d'une ascendance supérieure.



 II Saints vous serez 

III Le Juif Protestant éternel

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