LE RÊVE DEVIENT RÉALITÉ

 

Israël est devenu un pays développé comme un autre.
Sarit Hadad BOSEM TZARFATI
envoyé par Pfff

Le 14 mai 1948, David Ben Gourion proclama la création du nouvel État d'Israël. Mais sitôt l'indépendance proclamée, cette nation balbutiante se vit envahie par les forces conjointes de plusieurs Etats arabes. L'attaque concertée des Arabes, destinée à « rejeter les Israéliens
à la mer », fut repoussée par les trente mille membres de la Hagana. La guerre d'indépendance dura sept mois. Malgré sa victoire, Israël perdit près de six mille hommes. Triomphant d'un ennemi largement supérieur en nombre, les Israéliens donnèrent, par leur victoire, l'image d'une nation militairement puissante et politiquement démocratique.

Weizmann prête serment comme premier président d'Israël 

(scène reconstituée au musée de cire) 

L'état d'Israël se trouva très vite en proie aux conflits internes. Dans la période de l'immédiat après-guerre, les principales forces en présence se lancèrent dans la bataille politique, rivalisant pour remplir le vide créé par le retrait des Britanniques. Les superpuissances, elles, par un curieux caprice de 1 'Histoire, se retrouvèrent ,du même côté pour une brève période. Les Etats-Unis, comme l'U.R.S.S. s'étaient empressés de reconnaître le nouvel Etat d'Israël. L'U.R.S.S., cherchant à mettre un pied au Moyen-Orient, pour des raisons stratégiques, fut la première puissance importante à accorder à Israël une reconnaissance de jure, tandis que les États-Unis se contentèrent initialement d'une reconnaissance de facto. C'est pourquoi un armement d'origine soviétique permit à Israël de contenir les premiers assauts, tandis que les Américains maintenaient un embargo sur les armes dans la région.

Les difficultés de non-alignement

Le gouvernement israélien nouvellement formé dut s'imposer dans un environnement hostile. Le premier ministre, Ben Gourion, se vit confier la lourde tâche de transformer les rêves idéologiques sionistes en une réalité moderne: l'Etat d'Israël, qui devait absorber une masse importante d'immigrants et développer les ressources d'un désert inexploité.
Voué à une politique de non-alignement, dans le contexte international de la guerre
froide, le ministre israélien des Affaires étrangères, Moshe Sharrett, tenta de maintenir son pays sur une mince corde raide, entre les deux superpuissances. Mais une telle volonté s' avé¬rait totalement irréaliste, et c'est tout naturellement que l'État juif démocratique se tourna vers une autre démocratie, les États-Unis.
Dès le début, cette alliance entre les États¬Unis et Israël était claire. En 1949, Israël accepta un prêt de 100 millions de dollars, qui rendit suspecte sa politique de non-aligne¬ment aux yeux des Soviétiques. Les relations israélo-soviétiques, tendues dès le début à cause du refus du Kremlin d'accorder la libre émigration aux Juifs d'U.R.S.S., continuèrent à se détériorer et furent finalement rompues en 1953. Bien que ces relations aient été rétablies ultérieurement, Israël devint, au milieu des années 50, un allié évident des puissances occidentales. Il reçut aussitôt le soutien moral et économique de la Diaspora américaine, ce qui aida beaucoup à la croissance du pays.


La période de maturation

L'absorption et l'installation des immigrants est une priorité absolue. Il fallut donc commencer par l''intégration des exilés », tout en développant un Etat économiquement viable. En juillet 1950, la première Knesset vota une « loi du Retour» qui donnait à tous les Juifs le droit à la citoyenneté israélienne. En 1953, quatre ans et demi seulement après l'indépendance, la population israélienne avait doublé àla suite d'une immigration massive. L'Agence juive, une organisation non gouvernementale établie dans les années 20, fut initialement chargée d'aider les olim (immigrants), depuis leur départ jusqu'à leur installation en Israël. L'Aliya était considérée comme une priorité par le gouvernement. Des communautés juives tout entières furent transplantées en Israël, et des milliers de Juifs, expulsés des pays du monde arabe, affluèrent en une vague massive. Les communautés juives du Yémen (quarante-cinq mille personnes environ) et d'Irak (cent vingt-trois mille personnes) furent transportées en Israël grâce à l'organisation de navettes aériennes spectaculaires, plus connues sous le nom d'« opération Tapis volant» et d'« opération Ali Baba».
L'afflux de ces Juifs, venant de régions si différentes, changea les conditions d'accueil en Israël. Le logement, l'emploi, l'apprentissage de la langue posèrent des problèmes immédiats. Une solution novatrice fut proposée avec l'accord du gouvernement: la construction de ma' aborot - camps de transit où les immigrants étaient hébergés et formés à leur vie future. Des oulpanim
furent créés, pour enseigner l'hébreu aux nouveaux immigrants. Des villes nouvelles furent construites, procurant des emplois à beaucoup d'entre eux, tout comme en procuraient les kibboutzim et l'industrie privée. Compte tenu de la pénurie de ressources naturelles, la croissance économique de la nation, au cours de la décennie suivante, fut remarquable.
Privé même de la ressource la plus fondamentale, l'eau, Israël se battit pour développer une économie fondée sur l'agriculture. La  production s'accrut grâce à l'apport de capitaux étrangers, constitués en grande partie de prêts et de dons du gouvernement américain et de la communauté juive américaine. A la fin des années 50, le niveau de vie s'était amélioré de façon spectaculaire. L'autonomie agricole du pays avait entraîné une très nette augmentation du revenu par habitant. On construisit de nombreuses routes et l'électricité fut installée dans tout le pays. La politique d'absorption et d'installation des immigrants, bien que coûteuse, s'était révélée payante.

Israël a créé, et c'est sans doute sa réalisation la plus remarquable, une véritable oasis dans une contrée aride. Grâce aux techniques modernes de culture et d'irrigation, le désert a
refleuri, donnant naissance à des vergers et à des potagers. De 1950 à 1957, au nord de la Galilée, le lac marécageux et les marais du bassin de Houla furent asséchés pour ajouter 30 000 ha de terre fertile à la surface cultivable du pays. Pour compenser le manque d'eau général, on entama les travaux de la National Water Carrier, un canal artificiel qui devait pomper les eaux du Jourdain supérieur et du lac de Tibériade pour irriguer les sables du nord du Néguev.
Au début des années 50, le ministre de l'Agriculture de l'époque, Levi Eshkol, dressa un plan qui devait assurer l'autonomie agraire du pays. Les kibboutzim, d'inspiration communautaire, se propagèrent dans les zones cultivables et servirent de base au développement agricole et industriel d'Israël. La politique agricole du gouvernement lui valut de rapides récompenses. Au début des années 60, l'exportation avait fait apprécier au monde entier la saveur des oranges de Jaffa, des pamplemousses, des bananes et de bien d'autres produits. L'expérience israélienne dans ce domaine fut partagée avec de nombreux pays sous-développés, dans le but de consolider les liens avec le Tiers Monde. Tout au long des années 60, des spécialistes furent envoyés dans toute l'Afrique, contribuant de manière significative à l'aide alimentaire accordée à ce continent.

 

Une nation menacée

Tout au long de ces années, les incidents de frontières ne cessèrent jamais. Une guérilla permanente fut déclenchée à la fois sur le front égyptien et sur le front jordanien, en 1955 et 1956. Et une nouvelle fois, Israël dut faire face aux menaces des armées arabes. Après le refus des États-Unis de financer la construction du barrage d'Assouan, le président égyptien, Gamal Abdel Nasser, se tourna vers l'U.R.S.S., qui voyait là une occasion de renforcer son influence au Moyen-Orient, et lui acheta l'équivalent de 320 millions de dol¬lars d'armes modernes. Nasser décidait aussi la nationalisation du canal de Suez.
Le 29 octobre 1956, Israël encerclé lança une campagne contre les forces égyptiennes et pénétra dans le Sinaï, par l'opération Kadesh destinée à assurer le contrôle du canal de Suez aux pays occidentaux. Les gouvernements britannique et français soutinrent Israël tout au long de l'opération. Sous l'impulsion américaine et soviétique, la campagne prit fin rapidement après l'occupation complète du Sinaï par les forces israéliennes et. l' annonce d'un cessez-le-feu, le 5 novembre. Après avoir obtenu des assurances de l'ONU, Israël rendit tous les territoires occupés.

arrivée d'immigrants russes en Israël, dans les années 60

Les relations entre les Etats-Unis et Israël, cordiales, mais distantes au cours des années 50, se réchauffèrent considérablement durant la décennie suivante. Les armes fournies par les États-Unis à Israël contrebalançaient l'aide accrue des Soviétiques au monde arabe.
Les nuages de la guerre assombrirent de nouveau 1 'horizon israélien en juin 1967. Le pays tout entier fut mobilisé en vue d'une attaque imminente. Nasser avait bloqué le golfe d'Aqaba, et chacun des voisins d'Israël se préparait à la guerre. Les Israéliens, prêts à riposter à l'attaque arabe, étaient conduits par le célèbre général Moshe Dayan. Dayan, étudiant en archéologie et en stratégie militaire, fut l'architecte principal du plan de bataille qui devait conduire Israël à une victoire facile.
Une attaque préventive fut lancée, déroutant totalement l'adversaire. Et tandis que l'aviation israélienne anéantissait son homologue égyptien, les divisions de l'IDF (Force de défense juive) battaient les troupes syriennes dans le Nord, prenant le contrôle des hauteurs stratégiques du Golan. Pendant ce temps, dans la vieille ville de Jérusalem, après de san¬glants combats avec les troupes d'élite du roi Hussein de Jordanie, les soldats israéliens san¬glotaient, la tête baissée, en signe de recon¬naissance victorieuse, au pied du mur des Lamentations. Leur victoire éclair dans la guerre des Six Jours soulignait la domination militaire israélienne au Moyen-Orient. Le pays la célébra à l'abri de ce qu'il croyait être des frontières sûres.
Cette victoire d'Israël se révéla une défaite traumatisante, non seulement pour le monde arabe, mais aussi pour l'Union soviétique. A la suite de la guerre des Six Jours, l'U.R.S.S.
rompit sIe nouveau ses relations diplomatiques avec l'Etat juif et équipa ses alliés arabes d'un armement moderne et sophistiqué. Israël se retrouva coupé des trois millions de Juifs qui résidaient encore en UR.S.S. 

 

La nouvelle réalité israélienne

soldats israéliens priant pour la première fois devant le mur des Lamentations en 1967

Mais, les nouvelles conquêtes territoriales, qui incluaient la péninsule du Sinaï, la Cisjordanie, le secteur est de Jérusalem, la bande de Gaza et les hauteurs du Golan, s'accompagnèrent de nombreux problèmes imprévus. L'occupation de ces nouveaux territoires, compte tenu du million d'Arabes palestiniens qui vivaient en Cisjordanie et sur la bande de Gaza, signifiait qu'Israël aurait à prendre en charge l'administration, et les besoins de cette population. De plus, l'Egypte, refusant d'admettre sa défaite, entama une guerre d'usure contre Israël. Depuis la rive égyptienne du canal de Suez, l'artillerie pilonna les positions israéliennes tout au long de l'année 1970. De surcroît, Israël dépendait de manière contraignante de l'armement qui lui était fourni par les Etats-Unis et dont le coût entravait le développement de son économie. Le fardeau de la victoire commençait à peser lourdement.

Moshe Dayan, Yitzhak Rabin et Uzi Narkis entrent dans la vieille ville de Jérusalem.

La résolution 242 du Conseil de sécurité des Nations unies, signée le 22 novembre 1967, reste l'un des seuls accords reconnus par les États arabes, Israël, les États-Unis et l'U.R.S.S. Elle réclamait la restitution des territoires occupés, dans les limites des frontières de 1948. Israël adopta aussitôt une position de principe selon laquelle il ne se retirerait des territoires occupés que si les Arabes reconnaissaient son droit d'existence, à l'intérieur de frontières sûres. Mais les attentats se multiplièrent (détournements d'avions, assassinat des athlètes israéliens, lors des Jeux Olympiques à Munich en 1972, commandos¬suicides commandités par l'Organisation de Libération de la Palestine [OLP]), conséquences de l'amère défaite des Arabes dans la guerre des Six Jours.

Quatrième conflit israélo-arabe

En octobre 1973, le triomphalisme israélien subit un rever mémorable. S'infiltrant à travers « l'imprenable» Bar Lev Line (une série de tunnels et de bunkers sur la rive israélienne du canal de Suez), les troupes égyptiennes réussirent à traverser le canal le jour du Yom Kippour, jour le plus sacré du calendrier juif. Les prières traditionnelles furent interrompues par un appel frénétique à la mobilisation générale. Pris par surprise, le pays tout entier s'ébranla pour assurer sa défense. Après le premier assaut, qui infligea de lourdes pertes du côté israélien, le commandement militaire réussit à redresser la situation. Réapprovisionné en armes par les Etats-Unis, Israël reconquit tous les territoires perdus. Le général Ariel Sharon, qui était à la retraite, fut convoqué pour prendre le commandement d'une unité de réserve, mobilisée à la hâte dans le Sinaï. Sharon trouva là l'occasion de mettre en œuvre un plan qu'il avait conçu en
1968 : les troupes israéliennes traversèrent le canal de Suez sur des barges et des radeaux. Les troupes ennemies furent prises de court et la 3 e armée, qui constituait le plus gros des forces égyptiennes, se trouva piégée sur la rive orientale du canal.
L'Égypte n'échappa à une défaite écrasante que grâce à, une négociation menée s9uS l'égide des Etats-Unis. Le secrétaire d'Etat américain Henry Kissinger fit la navette entre Jérusalem et Le Caire et parvint finalement à négocier un accord qui permettait aux troupes égyptiennes de regagner leur pays. La guerre de 1973 stupéfia Israël. En dépit de la victoire sur le champ de bataille, on pouvait lire sur le visage hagard du premier ministre Golda Meir un sentiment de culpabilité pour ce manque de préparation militaire. Elle ne se remit jamais tout à fait des per!es dévastatrices infligées par ce conflit à l'Etat d'Israël. Son parti, le parti travailliste, remporta les élections de 1973, avec Yitzhak Rabin à sa tête, mais il était en net déclin, pour la première fois depuis l'indépendance. Bon nombre de ses électeurs avaient voté pour son adversaire, le Likoud, le parti nationaliste dirigé par Menahem Begin. Les négociation diplomatiques, toujours parrainées par les Etats-Unis, aboutirent néanmoins à la signature d'un accord de désengagement entre Israël, l'Égypte et la Syrie.

Les conséquences de la guerre et le désarroi économique du pays portèrent atteinte à l'image d'Israël. La dépendance croissante d'Israël vis à vis de l'aide économique et militaire des Etats-Unis avait été mise en évidence durant la guerre de 1973. L'augmentation des taxes et l'inflation figèrent la croissance économique du pays. Une série de dévaluations monétaires s'imposa et le déficit de la balance commerciale augmenta dangereusement. Les électeurs, exprimant un désir de changement, se détournèrent du parti travailliste en 1977, et votèrent en faveur du pro¬gramme drastique du Likoud.
La guerre du Kippour sembla confirmer la théorie populaire selon laquelle le conflit israélo-arabe pouvait devenir la poudrière susceptible de déclencher une guerre nucléaire à l'échelle planétaire. L'U.R.S.S. s'empressa de rééquiper ses alliés arabes en matériel lourd et les Etats-Unis réagirent à leur manière le 19 octobre, lorsque le président Nixon demanda au Congrès d'accorder à Israël une aide d'urgence de 2,2 billions de dollars.

Une paix fragile

La guerre continue entre Israël et ses voisins faisait peser de lourdes charges sur la popula¬tion du pays. En 1977, une lueur d'espoir apparut lorsque le président égyptien Sadate
anno!,!ça la rupture des relations diplomatiques de l'Egypte avec l'U.R.S.S. et proclama son fervent désir de paix. Le premier ministre Begin tendit le rameau d'olivier au leader égyptien, qui accepta une invitation à pronon¬cer un discours devant la Knesset (le Parlement israélien) le 20 novembre 1977. Lorsque Sadate arriva à l'aéroport Ben Gourion, il fut accueilli par une foule d'Israéliens qui agitaient en signe de bienvenue des drapeaux égyptiens et israéliens.

un moment historique, Sadate reçu par Begin à son arrivée en Israël en novembre 1977


Un optimisme euphorique se répandit dans le pays, et les gens s'accrochèrent à l'espoir d'un message de paix. Ils ne furent pas déçus. L'implication directe des Américains se révéla irremplaçable dans le processus de paix qui culmina avec la signature des accords de Camp David, le 26 mars 1979. Begin sut faire preuve de souplesse et renonça aux territoires occupés en échange de la paix. Lors d'une cérémonie qui eut lieu à la Maison Blanche, Sadate et Begin se serrèrent la main et signèrent le premier traité de paix entre Israël et l'un de ses voisins. Mais les pertes économiques étaient d'importance. Après de chauds débats à la Knesset, Israël avait accepté de rendre le Sinaï à l'Egypte, avec ses champs de pétrole productifs et le nouveau complexe de Yammit. En échange, Israël obtenait la reconnaissance officielle de son ennemi le plus puissant ainsi qu'une promesse de paix. La décision de démanteler le complexe de Yammit rencontra une forte résistance.
Le schéma établi par les accords de Camp David prévoyait non seulement la paix entre Israël et l'Egypte, mais la fin du conflit israélo-arabe dans son ensemble. Faisant appel aux autres pays arabes pour qu'ils s'associent au processus de paix, Israël accepta de travailler sur la mise au point d'un dispositif préparant l'autonomie palestinienne. Malheureusement, ces initiatives furent remises en cause par l'assassinat de Sadate le 6 octobre 1981, puis par la guerre du Liban. Le volet palestinien de l'accord ne fut jamais mis en application. En avril 1982, Begin obtint le démantèlement des colonies de la région de Yammit et entérina la colonisation irréversible de la Judée et de la Samarie.

Shimon Peres.

La sanglante guerre civile du Liban qui fit rage au milieu des années 70 permit à l'OLP de s'emparer de positions stratégiques dans le sud du pays. Depuis ces régions, l'OLP bombarda sporadiquement la frontière nord d'Israël. A la suite d'une intensification de ces bombardements et de l'attentat contre son ambassadeur en Grande-Bretagne le 6 juin 1982, Israël lança l'opération « Paix en Galilée ». Au départ, Begin déclara que l'objectif d'Israël était de dégager un « cordon sanitaire» de 40 km au sud du Liban et d'en exclure la présence militaire palestinienne pour assurer la paix et la sécurité des installa¬tions israéliennes en Galilée. L'IDF détruisit les missiles sol-air syriens situés dans la zone stratégique de la plaine de la Bekaa et abattit quatre-vingts avions syriens.
La décision de s'engager au Liban, soutenue par la population israélienne - qui pensait que cette campagne ne durerait que six semaines - devint de plus en plus impopulaire, car l'intervention se poursuivit pendant près de trois ans. Pour la première fois dans son histoire, Israël ne menait pas une guerre purement défensive. Ariel Sharon prit en main les opérations militaires. Mais, au lieu de se contenter d'expulser les forces de l'OLP hors du Sud-Liban, comme prévu initialement, les troupes de l'IDF pénétrèrent jusqu'aux faubourgs de Beyrouth.
Le 30 août 1982, Yasser Arafat et les derniers combattants des forces de l'OLP quittèrent Beyrouth. Mais les forces de défense israéliennes et le moral de la nation étaient durement éprouvés. Pour la première fois dans l'histoire d'Israël, il y eut des manifestations antimilitaristes devant la Knesset.
La guerre du Liban entraîna la démission de Begin le 15 septembre 1983. Il fut remplacé le 11 octobre 1983 par une coalition de centre droit dirigée par Yitzhak Shamir. Les élections législatives du 23 juillet 1984 furent marquées par l'éclatement de la fragile coalition du Likoud. Le parti travailliste dirigé par Shimon Peres remporta un léger avantage sur le Likoud. Un gouvernement de coalition fut alors formé avec Shimon Peres comme premier ministre pendant les deux premières années, suivi par le chef du Likoud, Yitzhak Shamir, pour les deux années suivantes.
En janvier 1985, les troupes furent retirées du Liban avec la création d'une « zone de sécurité» en territoire libanais, sous contrôle d'une « milice auxiliaire» de l'armée du Liban. Mais les affrontements entre miliciens et Palestiniens du Sud-Liban amenèrent les Israéliens à bombarder les camps palestiniens.
 
De l'« Intifada» aux accords de paix

Malgré le soulèvement des territoires occupés, l'Intifada, mouvement de résistance créé par l'OLP en 1987, et la «guerre des pierres», expression de la révolte des jeunes nés sous occupation israélienne, Yasser Arafat annonçait, le 14 décembre 1988, que l'OLP renonçait
au terrorisme en tant qu'arme politique après avoir proclamé l'existence d'un Etat palestinien. Cependant, les espoirs de paix s'estompèrent avec l'invasion du Koweit par l'Irak, en 1991. L'OLP se rangea aux côtés de Saddam Hussein, alors que la défense civile israélienne se préparait à une attaque par les armes chimiques. En ne ripostant pas et en laissant les Américains assurer sa défense face aux Skuds irakiens, Israël réussit à rétablir en partie sa réputation internationale mise à mal par l'Intifada et la répression meurtrière. Des relations diplomatiques furent établies avec de nombreux Etats, dont la Chine et le Japon, et la plupart des pays de l'ex-URSS permettant l'immigration de milliers de Juifs en Israël. La résolution de l'ONU assimilant le sionisme au racisme fut retirée. Les pourparlers de paix de Madrid, en novembre 1991, virent Israël s'asseoir en face des Syriens, Jordaniens, Palestiniens et Libanais.
Les élections de juin 1992, avec la victoire du parti travailliste, conduit par Itzhak Rabin, relancèrent les négociations. Lors de la conférence de Washington, en septembre 1993, Yasser Arafat reconnaissait Israël et Itzhak ,Rabin, l'OLP comme représentant du peuple palestinien. Le 4 mai 1994, le premier accord dit « Gaza-Jéricho d'abord» sur les modalités de l'autonomie palestinienne, fut signé au Caire. Mais le 4 novembre 1995, l'assassinat d'Itzhak Rabin par un extrémiste juif plongea le pays dans la stupeur. Les attentats islamistes du Hamas reprirent. Le chef de file de la droite, Benyamin Netanyahou, remporta les élections générales anticipées de mai 1996. Son programme: concentrer son action sur les problèmes intérieurs. Trois ans plus tard, après une période noire durant laquelle les négociations de paix étaient gelées, le travailliste Ehud Barak prenait la succession. Si cet homme de guerre « tient plus du faucon que de la colombe », c'est bien en faveur de son programme de paix que les Israéliens ont voté.

Israël, ressuscité après deux mille ans de dispersion du peuple juif, a rencontré de très nombreuses difficultés dans ses tentatives pour recréer une nation, une économie, une société, une culture et une langue unifiées. Le pays s'est en effet trouvé confronté à un défi délicat: réunir des Juifs originaires de plus d'une centaine de pays et de cultures différentes, tout en essayant simultanément de forger une entité nouvelle, capable de faire corps et de survivre dans le monde moderne.
Depuis 1948, Israël a dû surmonter certains problèmes: faire renaître l'hébreu biblique comme une langue moderne mais, en même temps, construire une industrie technologique compétitive; retrouver ses racines et développer de nouvelles techniques agricoles pour irriguer le désert; assurer l'intégration des nouveaux immigrants, tout en s'efforçant de maintenir des positions de défense viables. Israël est officiellement en guerre avec la plypart de ses voisins arabes (à l'exception de l'Egypte, depuis 1979). Pourtant, malgré cette menace constante, l'État hébreu parvient à préserver une vie cul turelle, sociale et économique florissante. II revendique une presse libre et une démocratie active, en dépit de fortes pressions extérieures. 

ISRAËL depuis 1990


Israël, ressuscité après deux mille ans de dispersion du peuple juif, a rencontré de très nombreuses difficultés dans ses tentatives pour recréer une nation, une économie, une société, une culture et une langue unifiées. Le pays s'est en effet trouvé confronté à un défi délicat: réunir des Juifs originaires de plus d'une centaine de pays et de cultures différentes, tout en essayant simultanément de forger une entité nouvelle, capable de faire corps et de survivre dans le monde moderne.
Depuis 1948, Israël a dû surmonter certains problèmes: faire renaître l'hébreu biblique comme une langue moderne mais, en même temps, construire une industrie technologique compétitive; retrouver ses racines et développer de nouvelles techniques agricoles pour irriguer le désert; assurer l'intégration des nouveaux immigrants, tout en s'efforçant de maintenir des positions de défense viables. Israël est officiellement en guerre avec la plypart de ses voisins arabes (à l'exception de l'Egypte, depuis 1979). Pourtant, malgré cette menace constante, l'État hébreu parvient à préserver une vie culturelle, sociale et économique florissante. Il revendique une presse libre et une démocratie active, en dépit de fortes pressions extérieures.

Une société d'immigrants
Le fondement des contradictions d'Israël est la composition surprenante de sa population. Sur les 5,5 millions de personnes que le pays comptait en 1995, plus de la moitié était née dans le pays, l'autre moitié étant composée d'immigrants originaires du monde entier: d'Europe, d'Asie, d'Afrique, d'Amérique du Nord, d'Amérique du Sud, et même d'Australie. Mais la plupart des natifs du pays descendent d'immigrants arrivés deux ou trois générations plus tôt, et tous avaient apporté avec eux leurs propres attaches culturelles.

Yitzhak Shamir

Historiquement, l'importante Aliya (littéralement " ascension") qui s'est produite au cours des années 50 et des années 60 a fourni la grande majorité de la population actuelle. A l'époque, on attachait peu d'importance à l'origine des nouveaux venus et à la disparité des bagages culturels qu'ils apportaient avec eux. On mettait surtout l'accent sur leur absorption rapide dans la construction socio-économique du pays, condition sine qua non de leur survie. Bon nombre d'immigrants furent envoyés dans les régions en friche - la Galilée, au nord, et le Néguev, au sud; on leur enseigna le mode de vie qu'ils étaient censés adopter. Ces premiers temps furent quasiment héroïques, avec leur cortège de moshavim (coopératives agricoles privées) installées dans des régions désolées, et réussissant en moins d'une génération à créer de véritables oasis. Des douzaines de villes nouvelles furent également construites à cette époque, pour servir de centres urbains à de nouvelles " zones de développement ".
Les années 1990-1991 virent l'arrivée massive de 350 000 Juifs en provenance des pays de l'ex-URSS, ainsi que de 20000 juifs éthiopiens (les Falachas) ce qui n'allait pas sans poser des problèmes d'insertion économique et sociale.

 

Disparités et brassages sociaux
On a beaucoup écrit sur les disparités sociales entre Ashkénazes et Séfarades, et si ce problème s'estompe graduellement, il est toujours un des éléments majeurs de la société israélienne contemporaine. Beaucoup des villes nouvelles pauvres avaient été investies par des Séfarades, tandis que les premiers colons des moshavim et des kibboutzim étaient Ashkénazes. De même les zones urbaines étaient divisées entre quartiers pauvres séfarades et quartiers plus riches ashkénazes. Au milieu des années 70, près de 60 % de la population était d'origine séfarade, tandis que les principaux postes gouvernementaux étaient, pour la plupart, encore occupés par des Juifs ashkénazes. Si le problème est loin d'être résolu, l'avenir laisse entrevoir une promesse de fusion progressive. Pour la jeune génération, le système éducatif, les brassages sociaux, le service militaire obligatoire et l'accent mis sur le mérite personnel plutôt que sur l'origine ethnique, ont contribué à aplanir les tensions internes.

 

 l' expression soucieuse de Ben Gourion sur cet ancien billet de 50 shekels semble refléter la situation de l'économie israélienne de l'époque.

D'autres divisions continuent néanmoins à perturber la société israélienne. La plus notable d'entre elles est sans doute le fossé qui existe entre les Juifs pratiquants et les autres. La majorité de la population est toujours de tendance plutôt libérale, mais une minorité croissante et intégriste fait de plus en plus parler d'elle. Elle englobe bon nombre d'immigrants arrivés des Etats-Unis et défend une interprétation toute différente du concept d'identité nationale israélienne, s'appuyant sur une observance plus stricte de la Halakah (la loi traditionnelle juive et les prescriptions établies par le Talmud). Cette minorité, représentée par de petits groupes, a réussi à faire valoir son point de vue et son autorité dans les couloirs du gouvernement. Les problèmes soulevés concernent aussi bien la politique intérieure du pays que les Affaires étrangères, le renforcement de la pratique du sabbat, que l'avenir de la rive occidentale du Jourdain. Ce fossé entre religieux et libéraux risque d'être le problème le plus difficile à résoudre dans les décennies à venir. Un autre défi réside dans l'obtention d'un consensus entre Juifs et Arabes en Israël même. Car un Israélien sur sept est, en fait, musulman, ce chiffre ne tenant compte que de la population vivant à l'intérieur des frontières initiales du pays. Si l'on inclut les territoires occupés depuis 1967, à savoir la bande de Gaza et la Cisjordanie, il faut y ajouter l, 5 million de musulmans.

Gouvernement et forces politiques 

Le système politique d'Israël reflète la dualité de sa Constitution. De 1984 à 1990, le pays a été administré par un gouvernement d'unité nationale, combinant les deux partis majoritaires. Le grand bouleversement se produisit en 1977, lorsque la coalition travailliste, qui avait dominé la vie politique du pays pendant trente ans, fut destituée par l'aile droite du Likoud. Il semble que le parti travailliste, qui avait été fondé sur une idéologie socialiste, se soit trop identifié avec les intérêts de la classe aisée et qu'il ait été desservi par une composition à dominante ashkénaze, qui détourna de lui les votes des Juifs séfarades devenus majoritaires. A l'opposé, le Likoud, plus rigide et conservateur, rencontra un succès considérable auprès des pauvres et des mécontents, dans la mesure où c'était un parti contestataire et populiste dirigé par Menahem Begin. Au milieu des années 1980, les choses n'avaient guère changé dans la balance du pouvoir entre la droite et la gauche, ni dans leur composition respective. Mais, en raison de la multiplicité des petits groupes politiques dissidents, il devenait impossible, pour les deux grands partis, de parvenir à une majorité stable, aussi durent-ils former un gouvernement de coalition. Ce système accordait le poste de Premier ministre au travailliste Shimon Pérès, et celui de ministre des Affaires étrangères à Yitzhak Shamir, chef du Likoud, en prévoyant une alternance entre les deux hommes à l'automne 1986. Mais cette coalition gouvernementale était bien fragile, les protagonistes étant en complet désaccord sur la solution à adopter au sujet des territoires occupés: Shimon Pérès, devenu ministre des Affaires étrangères, étant en effet partisan d'une conférence de paix internationale qui déboucherait à terme sur des négociations directes avec la Jordanie et la Palestine, alors qu'Ytzhak Shamir refusait toute négociation avec l'OLP et ne proposait qu'une redite, impossible, des accords de Camp David. Le gouvernement d'union nationale, après. une grave crise politique, tomba le 15 mars 1990, et l'on assista trois mois plus tard à la victoire totale du Likoud : Ytzhak Shamir pouvait former un nouveau gouvernement. En 1992, le parti travailliste se vit enfin confier le gouvernement. Mais l'erreur de l'opération Raisins de la colère menée au Liban contre le Hezbollah, et le massacre de civils à Cana, jouèrent en sa défaveur. En mai 1996, après l'assassinat du Premier ministre Itzhak Rabin, les élections portèrent à nouveau le Likoud au pouvoir, avec Benyamin Netanyahou à la tête du gouvernement, bouleversant le paysage politique et mettant en suspens toutes les négociations avec les Palestiniens.

Une économie stable 

Malgré les problèmes sociaux et géopolitiques qui se sont sans cesse posés au pays, Israël a réussi un renversement phénoménal des schémas juifs traditionnels, en faisant d'un peuple de commerçants et d'intellectuels une nation productive d'ouvriers, de fermiers et d'artisans. Cette conversion a été particulièrement spectaculaire dans les secteurs de l'agriculture et de l'armée, deux domaines traditionnellement délaissés par les Juifs de la Diaspora, qui leur préféraient le commerce et la finance. Les Israéliens ont été cependant incapables de résoudre leurs graves problèmes fiscaux et monétaires. Le taux d'inflation est devenu légendaire, bien qu'il ait sensiblement baissé depuis l'application du programme d'austérité: en 1995, il a été ramené à 8 % contre plus de 400 % en 1985. 

La balance des paiements est restée négative et si le niveau de vie a sensiblement progressé, la productivité n'a pas suivi. Le problème des priorités dans la répartition du budget national s'est avéré délicat: un tiers est consacré à la défense, un autre tiers sert au remboursement de la dette nationale, ce qui laisse seulement un tiers à distribuer entre services sociaux et développement. Mais elle a également attiré l'attention sur un autre dilemme: le choix qui s'imposait entre chômage et inflation. Dans les années 1990-1995, les exportations rapportaient au pays 1,6 milliard de dollars par mois (les exportations de l'industrie minière de la mer Morte ne représentant que 500 millions de dollars par an). Et rien n'est plus représentatif de la prospérité d'Israël que les scintillants immeubles de verre de la Bourse aux diamants de Ramat Gan, près de Tel-Aviv, le centre nerveux de l'industrie de diamants, pierres précieuses et joaillerie qui exporte annuellement pour 4 milliards de dollars. D'autres exportations concernent la mécanique de haute précision, les logiciels d'informatique et les matériels électroniques avec 40 % de marchandises vendues à l'Europe de l'Ouest, plus 30 % en Amérique du Nord. A partir de développements aussi divers que les nouvelles variétés de fruits, les procédés de reproduction en couleurs ou les mitrailleuses Uzi, le pays s'adapte au mieux aux nécessités du marché. En tant que membre associé de l'Union européenne et grâce à un pacte de libre échange avec les USA, Israël est le seul pays ayant accès libre de taxes aux plus grands marchés du monde. Israël jouit également d'un revenu de près de 2 milliards de dollars annuel issu du tourisme, et d'une somme similaire grâce à différentes donations. Ces fonds sont utilisés par des organisations telles que l'Agence juive dont la mission est de drainer des immigrants vers Israël, et le Fonds national juif qui s'occupe du reboisement. La Diaspora soutient généreusement le pays. Enfin, celui-ci reçoit une aide substantielle des Etats-Unis qui se monte à plus de 3 milliards de dollars par an. Cette aide fut créée au début des années 70, Israël étant considéré comme un allié militaire important de l'Amérique dans la confrontation avec l'Union soviétique. Perçue de manière ambivalente par les Israéliens, cette aide a sans doute permis au pays de construire une société prospère, lI}ais au prix d'une dépendance envers les Etat-Unis. 

L'avenir de la paix 

Nombreux sont les Israéliens qui craignent que la restitution des territoires occupés sous l'effet de la pression américaine ne fragilise le pays. Rendre le Sinaï à l'Egypte en échange de la paix était une chose. Plus périlleuses se sont révélées les négociations commencées en 1993 lorsque Itzhak Rabin rencontra le chef de l'OLP, Yasser Arafat. Installer un Conseil de la Palestine qui administrerait et légiférerait pour tous leS' territoires occupés depuis 1967 (à l'exception de Jérusalem-Est) fut un test redoutable d'habileté diplomatique. A droite, les colons de Cisjordanie ne souhaitaient pas restituer un pouce de territoire. A gauche, les colombes de la Paix Maintenant préconisaient la cession des territoires unilatéralement. Hantée par la crainte d'un nouveau conflit, la majorité silencieuse semblait prête à admettre la compétence de l'administration palestinienne, malgré sa méfiance envers les Arabes. En 1994, quand les pourparlers de paix aboutirent à l'autonomie pour trois ans à Gaza et à Jéricho, et la naissance officieuse de la Palestine, au soulagement des uns répondit le sentiment de trahison et la haine des autres que le premier ministre Itzahk Rabin devait payer de sa vie l'année suivante.

Bande de calicot célébrant le traité de paix israélo-égyptien au-dessus d'une boutique de vêtements à Tel-Aviv.

 


Gina Snuff - Gina
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