Israël est devenu un pays développé comme un autre.
Sarit Hadad BOSEM TZARFATI
envoyé par Pfff
Le 14 mai 1948, David Ben Gourion proclama la création du nouvel
État d'Israël. Mais sitôt l'indépendance
proclamée, cette nation balbutiante se vit envahie par les
forces conjointes de plusieurs Etats arabes. L'attaque concertée
des Arabes, destinée à « rejeter les
Israéliens
à la mer », fut repoussée par les trente mille
membres de la Hagana. La guerre d'indépendance dura sept
mois. Malgré sa victoire, Israël perdit près de six
mille hommes. Triomphant d'un ennemi largement supérieur en
nombre, les Israéliens donnèrent, par leur victoire,
l'image d'une nation militairement puissante et politiquement
démocratique.
Weizmann prête serment comme premier président d'Israël
(scène reconstituée au musée de cire)
L'état d'Israël se trouva très vite en proie aux conflits
internes. Dans la période de l'immédiat
après-guerre, les principales forces en présence se
lancèrent dans la bataille politique, rivalisant pour
remplir le vide créé par le retrait des Britanniques. Les
superpuissances, elles, par un curieux caprice de 1 'Histoire, se
retrouvèrent ,du même côté pour une
brève période. Les Etats-Unis, comme l'U.R.S.S. s'étaient empressés de reconnaître le
nouvel Etat d'Israël. L'U.R.S.S., cherchant à mettre un
pied au Moyen-Orient, pour des raisons stratégiques, fut la
première puissance importante à accorder à
Israël une reconnaissance de jure, tandis que les
États-Unis se contentèrent initialement d'une
reconnaissance de facto. C'est pourquoi un armement d'origine
soviétique permit à Israël de contenir les
premiers assauts, tandis que les Américains maintenaient un
embargo sur les armes dans la région.
Les difficultés de non-alignement
Le gouvernement israélien nouvellement formé dut
s'imposer dans un environnement hostile. Le premier ministre, Ben
Gourion, se vit confier la lourde tâche de transformer les
rêves idéologiques sionistes en une réalité
moderne: l'Etat d'Israël, qui devait absorber une masse importante
d'immigrants et développer les ressources d'un désert inexploité.
Voué à une politique de non-alignement, dans le contexte international de la guerre
froide, le ministre israélien des Affaires
étrangères, Moshe Sharrett, tenta de maintenir son
pays sur une mince corde raide, entre les deux superpuissances. Mais
une telle volonté s' avé¬rait totalement
irréaliste, et c'est tout naturellement que l'État
juif démocratique se tourna vers une autre démocratie,
les États-Unis.
Dès le début, cette alliance entre les
États¬Unis et Israël était claire. En 1949,
Israël accepta un prêt de 100 millions de dollars, qui
rendit suspecte sa politique de non-aligne¬ment aux yeux des
Soviétiques. Les relations israélo-soviétiques,
tendues dès le début à cause du refus du Kremlin
d'accorder la libre émigration aux Juifs d'U.R.S.S.,
continuèrent à se détériorer et furent
finalement rompues en 1953. Bien que ces relations aient
été rétablies ultérieurement,
Israël devint, au milieu des années 50, un allié
évident des puissances occidentales. Il reçut
aussitôt le soutien moral et économique de la Diaspora
américaine, ce qui aida beaucoup à la croissance du pays.
La période de maturation
L'absorption et l'installation des immigrants est une priorité
absolue. Il fallut donc commencer par l''intégration des
exilés », tout en développant un Etat
économiquement viable. En juillet 1950, la première
Knesset vota une « loi du Retour» qui donnait à tous
les Juifs le droit à la citoyenneté israélienne.
En 1953, quatre ans et demi seulement après
l'indépendance, la population israélienne avait
doublé àla suite d'une immigration massive. L'Agence
juive, une organisation non gouvernementale établie dans les
années 20, fut initialement chargée d'aider les olim
(immigrants), depuis leur départ jusqu'à leur
installation en Israël. L'Aliya était
considérée comme une priorité par le gouvernement.
Des communautés juives tout entières furent
transplantées en Israël, et des milliers de Juifs,
expulsés des pays du monde arabe, affluèrent en une vague
massive. Les communautés juives du Yémen (quarante-cinq
mille personnes environ) et d'Irak (cent vingt-trois mille personnes)
furent transportées en Israël grâce à
l'organisation de navettes aériennes spectaculaires, plus
connues sous le nom d'« opération Tapis volant» et
d'« opération Ali Baba».
L'afflux de ces Juifs, venant de régions si différentes,
changea les conditions d'accueil en Israël. Le logement, l'emploi,
l'apprentissage de la langue posèrent des problèmes
immédiats. Une solution novatrice fut proposée avec l'accord du gouvernement: la construction de ma' aborot
- camps de transit où les immigrants étaient
hébergés et formés à leur vie future. Des
oulpanim
furent créés, pour enseigner l'hébreu aux
nouveaux immigrants. Des villes nouvelles furent construites,
procurant des emplois à beaucoup d'entre eux, tout comme en
procuraient les kibboutzim et l'industrie privée. Compte tenu de
la pénurie de ressources naturelles, la croissance
économique de la nation, au cours de la décennie
suivante, fut remarquable.
Privé même de la ressource la plus fondamentale,
l'eau, Israël se battit pour développer une économie
fondée sur l'agriculture. La production s'accrut grâce à l'apport de capitaux
étrangers, constitués en grande partie de prêts et
de dons du gouvernement américain et de la communauté
juive américaine. A la fin des années 50, le niveau de
vie s'était amélioré de façon
spectaculaire. L'autonomie agricole du pays avait entraîné
une très nette augmentation du revenu par habitant. On
construisit de nombreuses routes et l'électricité
fut installée dans tout le pays. La politique d'absorption et
d'installation des immigrants, bien que coûteuse, s'était
révélée payante.
Israël a créé, et c'est sans doute sa réalisation la plus remarquable, une
véritable oasis dans une contrée aride. Grâce aux
techniques modernes de culture et d'irrigation, le désert a
refleuri, donnant naissance à des vergers et à des
potagers. De 1950 à 1957, au nord de la Galilée, le lac
marécageux et les marais du bassin de Houla furent
asséchés pour ajouter 30 000 ha de terre fertile à
la surface cultivable du pays. Pour compenser le manque d'eau
général, on entama les travaux de la National Water
Carrier, un canal artificiel qui devait pomper les eaux du Jourdain
supérieur et du lac de Tibériade pour irriguer les sables
du nord du Néguev.
Au début des années 50, le ministre de l'Agriculture de
l'époque, Levi Eshkol, dressa un plan qui devait assurer
l'autonomie agraire du pays. Les kibboutzim, d'inspiration
communautaire, se propagèrent dans les zones
cultivables et servirent de base au développement agricole
et industriel d'Israël. La politique agricole du gouvernement lui
valut de rapides récompenses. Au début des années
60, l'exportation avait fait apprécier au monde entier la saveur
des oranges de Jaffa, des pamplemousses, des bananes et de bien
d'autres produits. L'expérience israélienne dans ce
domaine fut partagée avec de nombreux pays
sous-développés, dans le but de consolider les liens avec
le Tiers Monde. Tout au long des années 60, des
spécialistes furent envoyés dans toute l'Afrique,
contribuant de manière significative à l'aide alimentaire
accordée à ce continent.
Une nation menacée
Tout au long de ces années, les incidents de frontières
ne cessèrent jamais. Une guérilla permanente fut
déclenchée à la fois sur le front égyptien
et sur le front jordanien, en 1955 et 1956. Et une nouvelle fois,
Israël dut faire face aux menaces des armées arabes.
Après le refus des États-Unis de financer la construction
du barrage d'Assouan, le président égyptien, Gamal
Abdel Nasser, se tourna vers l'U.R.S.S., qui voyait là une
occasion de renforcer son influence au Moyen-Orient, et lui acheta
l'équivalent de 320 millions de dol¬lars d'armes modernes.
Nasser décidait aussi la nationalisation du canal de Suez.
Le 29 octobre 1956, Israël encerclé lança une
campagne contre les forces égyptiennes et pénétra
dans le Sinaï, par l'opération Kadesh destinée
à assurer le contrôle du canal de Suez aux pays
occidentaux. Les gouvernements britannique et français
soutinrent Israël tout au long de l'opération. Sous
l'impulsion américaine et soviétique, la campagne
prit fin rapidement après l'occupation complète du Sinaï par les
forces israéliennes et. l' annonce d'un cessez-le-feu, le 5
novembre. Après avoir obtenu des assurances de l'ONU,
Israël rendit tous les territoires occupés.
arrivée d'immigrants russes en Israël, dans les années 60
Les relations entre les Etats-Unis et Israël, cordiales, mais
distantes au cours des années 50, se réchauffèrent
considérablement durant la décennie suivante. Les armes
fournies par
les États-Unis à Israël contrebalançaient
l'aide accrue des Soviétiques au monde arabe.
Les nuages de la guerre assombrirent de nouveau 1 'horizon
israélien en juin 1967. Le pays tout entier fut mobilisé
en vue d'une attaque imminente. Nasser avait bloqué le
golfe d'Aqaba, et chacun des voisins d'Israël
se préparait à la guerre. Les Israéliens, prêts à
riposter à l'attaque arabe, étaient conduits par le
célèbre général Moshe Dayan. Dayan,
étudiant en archéologie et en stratégie militaire, fut l'architecte principal du plan de bataille
qui devait conduire Israël à une victoire facile.
Une attaque préventive fut lancée, déroutant
totalement l'adversaire. Et tandis que l'aviation israélienne anéantissait son homologue
égyptien, les divisions de l'IDF (Force de
défense juive) battaient les troupes syriennes
dans le Nord, prenant le contrôle des hauteurs
stratégiques du Golan. Pendant ce temps, dans la vieille ville
de Jérusalem, après de san¬glants combats avec les
troupes d'élite du roi Hussein de Jordanie, les soldats
israéliens san¬glotaient, la tête baissée, en
signe de recon¬naissance victorieuse, au pied du mur des
Lamentations. Leur victoire éclair dans la guerre des Six Jours
soulignait la domination militaire israélienne au Moyen-Orient.
Le pays la célébra à l'abri de ce qu'il croyait
être des frontières sûres.
Cette victoire d'Israël se révéla une défaite traumatisante, non seulement pour le monde
arabe, mais aussi pour l'Union soviétique. A
la suite de la guerre des Six Jours, l'U.R.S.S.
rompit sIe nouveau ses relations diplomatiques
avec l'Etat juif et équipa ses alliés arabes d'un
armement moderne et sophistiqué. Israël se retrouva
coupé des trois millions de Juifs qui résidaient encore
en UR.S.S.
La nouvelle réalité israélienne
soldats israéliens priant pour la première fois devant le mur des Lamentations en 1967
Mais, les nouvelles conquêtes territoriales, qui incluaient la péninsule du Sinaï, la Cisjordanie, le secteur est de Jérusalem, la bande de Gaza et les hauteurs du Golan, s'accompagnèrent de nombreux problèmes imprévus. L'occupation de ces nouveaux territoires, compte tenu du million d'Arabes palestiniens qui vivaient en Cisjordanie et sur la bande de Gaza, signifiait qu'Israël aurait à prendre en charge l'administration, et les besoins de cette population. De plus, l'Egypte, refusant d'admettre sa défaite, entama une guerre d'usure contre Israël. Depuis la rive égyptienne du canal de Suez, l'artillerie pilonna les positions israéliennes tout au long de l'année 1970. De surcroît, Israël dépendait de manière contraignante de l'armement qui lui était fourni par les Etats-Unis et dont le coût entravait le développement de son économie. Le fardeau de la victoire commençait à peser lourdement.
Moshe Dayan, Yitzhak Rabin et Uzi Narkis entrent dans la vieille ville de Jérusalem.
La résolution 242 du Conseil de sécurité des Nations unies, signée le 22 novembre 1967, reste l'un des seuls accords reconnus par les États arabes, Israël, les États-Unis et l'U.R.S.S. Elle réclamait la restitution des territoires occupés, dans les limites des frontières de 1948. Israël adopta aussitôt une position de principe selon laquelle il ne se retirerait des territoires occupés que si les Arabes reconnaissaient son droit d'existence, à l'intérieur de frontières sûres. Mais les attentats se multiplièrent (détournements d'avions, assassinat des athlètes israéliens, lors des Jeux Olympiques à Munich en 1972, commandos¬suicides commandités par l'Organisation de Libération de la Palestine [OLP]), conséquences de l'amère défaite des Arabes dans la guerre des Six Jours.
Quatrième conflit israélo-arabe
En octobre 1973, le triomphalisme israélien subit un rever
mémorable. S'infiltrant à travers «
l'imprenable» Bar Lev Line (une série de tunnels et de
bunkers sur la rive israélienne du canal de Suez), les troupes
égyptiennes réussirent à traverser le canal le
jour du Yom Kippour, jour le plus sacré du calendrier juif. Les
prières traditionnelles furent interrompues par un appel
frénétique à la mobilisation
générale. Pris par surprise, le pays tout entier
s'ébranla pour assurer sa défense. Après le
premier assaut, qui infligea de lourdes pertes du côté
israélien, le commandement militaire réussit à
redresser la situation. Réapprovisionné en armes
par les Etats-Unis, Israël reconquit tous les territoires perdus.
Le général Ariel Sharon, qui était à
la retraite, fut convoqué pour prendre le commandement d'une
unité de réserve, mobilisée à la hâte
dans le Sinaï. Sharon trouva là l'occasion de mettre en
œuvre un plan qu'il avait conçu en
1968 : les troupes israéliennes traversèrent le canal de
Suez sur des barges et des radeaux. Les troupes ennemies furent prises
de court et la 3 e armée, qui constituait le plus gros des
forces égyptiennes, se trouva piégée sur la rive
orientale du canal.
L'Égypte n'échappa à une défaite
écrasante que grâce à, une négociation
menée s9uS l'égide des Etats-Unis. Le secrétaire
d'Etat américain Henry Kissinger fit la navette entre
Jérusalem et Le Caire et parvint finalement à
négocier un accord qui permettait aux troupes égyptiennes
de regagner leur pays. La guerre de 1973 stupéfia Israël.
En dépit de la victoire sur le champ de bataille, on pouvait
lire sur le
visage hagard du premier ministre Golda Meir un sentiment de
culpabilité pour ce manque de préparation militaire. Elle
ne se remit jamais tout à fait des per!es dévastatrices
infligées par ce conflit à l'Etat d'Israël. Son
parti, le parti travailliste, remporta les élections de
1973, avec Yitzhak Rabin à sa tête, mais il était
en net déclin, pour la première fois depuis
l'indépendance. Bon nombre de ses électeurs avaient voté pour son adversaire, le Likoud, le
parti nationaliste dirigé par Menahem Begin. Les
négociation diplomatiques, toujours parrainées par
les Etats-Unis, aboutirent néanmoins à la signature d'un
accord de désengagement entre Israël, l'Égypte et la
Syrie.
Les conséquences de la guerre et le désarroi
économique du pays portèrent atteinte à l'image
d'Israël. La dépendance croissante d'Israël vis à vis
de l'aide économique et militaire des Etats-Unis avait
été mise en évidence durant la guerre de
1973. L'augmentation des taxes et l'inflation figèrent la croissance économique du pays. Une série de
dévaluations monétaires s'imposa et le déficit de
la balance commerciale augmenta dangereusement. Les
électeurs, exprimant un désir de changement, se
détournèrent du parti travailliste en 1977, et
votèrent en faveur du pro¬gramme drastique du Likoud.
La guerre du Kippour sembla confirmer la théorie populaire selon
laquelle le conflit israélo-arabe pouvait devenir la
poudrière susceptible de déclencher une guerre
nucléaire à l'échelle planétaire. L'U.R.S.S.
s'empressa de rééquiper ses alliés arabes en
matériel lourd et les Etats-Unis réagirent à leur
manière le
19 octobre, lorsque le président Nixon demanda au
Congrès d'accorder à Israël une aide d'urgence de
2,2 billions de dollars.
Une paix fragile
La guerre continue entre Israël et ses voisins faisait peser de
lourdes charges sur la popula¬tion du pays. En 1977, une lueur
d'espoir apparut lorsque le président égyptien Sadate
anno!,!ça la rupture des relations diplomatiques
de l'Egypte avec l'U.R.S.S. et proclama son fervent désir de
paix. Le premier ministre Begin tendit le rameau d'olivier au leader
égyptien, qui accepta une invitation à pronon¬cer un
discours devant la Knesset (le Parlement israélien) le 20
novembre 1977. Lorsque Sadate arriva à l'aéroport Ben
Gourion, il fut accueilli par une foule
d'Israéliens qui agitaient en signe de bienvenue des drapeaux égyptiens et israéliens.
un moment historique, Sadate reçu par Begin à son arrivée en Israël en novembre 1977
Un optimisme euphorique se répandit dans le pays, et les gens
s'accrochèrent à l'espoir d'un message de paix. Ils ne
furent pas déçus. L'implication directe des
Américains se révéla irremplaçable dans le
processus de paix qui culmina avec la signature des accords de Camp
David, le 26 mars 1979. Begin sut faire preuve de souplesse et
renonça aux territoires occupés en échange de la
paix. Lors d'une cérémonie qui eut lieu à la
Maison Blanche, Sadate et Begin se serrèrent la main et
signèrent le premier traité de paix entre
Israël et l'un de ses voisins. Mais les pertes économiques étaient d'importance. Après de chauds
débats à la Knesset, Israël avait accepté de
rendre le Sinaï à l'Egypte, avec ses champs de
pétrole productifs et le nouveau complexe de Yammit. En
échange, Israël obtenait la reconnaissance officielle
de son ennemi le plus puissant ainsi qu'une promesse de paix. La
décision de démanteler le complexe de Yammit rencontra
une forte résistance.
Le schéma établi par les accords de Camp David
prévoyait non seulement la paix entre Israël et l'Egypte,
mais la fin du conflit israélo-arabe dans son ensemble.
Faisant appel aux autres pays arabes pour qu'ils s'associent au
processus de paix, Israël accepta de travailler
sur la mise au point d'un dispositif préparant l'autonomie
palestinienne. Malheureusement, ces initiatives furent remises en cause
par l'assassinat de Sadate le 6 octobre 1981, puis par la guerre du
Liban. Le volet palestinien de l'accord ne fut jamais mis en
application. En avril 1982, Begin obtint le démantèlement
des colonies de la région de Yammit et entérina la
colonisation irréversible de la Judée et de la Samarie.
Shimon Peres.
La sanglante guerre civile du Liban qui fit rage au milieu des années 70 permit à l'OLP
de s'emparer de positions stratégiques dans le sud du pays.
Depuis ces régions, l'OLP bombarda sporadiquement la
frontière nord d'Israël. A la suite d'une intensification
de ces bombardements et de l'attentat contre son ambassadeur en
Grande-Bretagne le 6 juin 1982, Israël lança
l'opération « Paix en Galilée ». Au
départ, Begin déclara que l'objectif d'Israël
était de dégager un « cordon sanitaire» de 40
km au sud du Liban et d'en exclure la présence militaire palestinienne pour assurer la paix et la sécurité des
installa¬tions israéliennes en Galilée. L'IDF
détruisit les missiles sol-air syriens situés dans la
zone stratégique de la plaine de la Bekaa et abattit
quatre-vingts avions syriens.
La décision de s'engager au Liban, soutenue par la
population israélienne - qui pensait que cette campagne ne
durerait que six semaines - devint de plus en plus impopulaire,
car l'intervention se poursuivit pendant près de trois ans.
Pour la première fois dans son histoire, Israël ne menait pas une guerre purement défensive. Ariel Sharon prit en main les
opérations militaires. Mais, au lieu de se contenter d'expulser
les forces de l'OLP hors du Sud-Liban, comme prévu
initialement, les troupes de l'IDF
pénétrèrent jusqu'aux faubourgs de Beyrouth.
Le 30 août 1982, Yasser Arafat et les derniers combattants
des forces de l'OLP quittèrent Beyrouth. Mais les forces de
défense israéliennes et le moral de la nation
étaient durement éprouvés. Pour la première
fois dans l'histoire d'Israël, il y eut des manifestations
antimilitaristes devant la Knesset.
La guerre du Liban entraîna la démission de Begin le 15
septembre 1983. Il fut remplacé le 11 octobre 1983 par une
coalition de centre droit dirigée par Yitzhak Shamir. Les
élections législatives du 23 juillet 1984 furent
marquées par l'éclatement de la fragile coalition du
Likoud. Le parti travailliste dirigé par Shimon Peres remporta
un léger avantage sur le Likoud. Un gouvernement de coalition
fut alors formé avec Shimon Peres comme premier ministre
pendant les deux premières années, suivi par le chef du
Likoud, Yitzhak Shamir, pour les deux années suivantes.
En janvier 1985, les troupes furent retirées du Liban avec la
création d'une « zone de sécurité» en
territoire libanais, sous contrôle d'une « milice
auxiliaire» de l'armée du Liban. Mais les affrontements
entre miliciens et Palestiniens du Sud-Liban amenèrent les
Israéliens à bombarder les camps palestiniens.
De l'« Intifada» aux accords de paix
Malgré le soulèvement des territoires occupés,
l'Intifada, mouvement de résistance créé par l'OLP
en 1987, et la «guerre des pierres», expression de la
révolte des jeunes nés sous occupation
israélienne, Yasser Arafat annonçait, le 14
décembre 1988, que l'OLP renonçait
au terrorisme en tant qu'arme politique après
avoir proclamé l'existence d'un Etat palestinien. Cependant, les
espoirs de paix s'estompèrent avec l'invasion du Koweit par
l'Irak, en 1991. L'OLP se rangea aux côtés de Saddam
Hussein, alors que la défense civile israélienne se
préparait à une attaque par les armes chimiques. En ne
ripostant pas et en laissant les Américains assurer sa
défense face
aux Skuds irakiens, Israël réussit à rétablir
en partie sa réputation internationale mise à mal par
l'Intifada et la répression meurtrière. Des
relations diplomatiques furent établies avec de nombreux Etats,
dont la Chine et le Japon, et la plupart des pays de l'ex-URSS
permettant l'immigration de milliers de Juifs en Israël. La
résolution de l'ONU assimilant le sionisme au racisme fut
retirée. Les pourparlers de paix de Madrid, en novembre 1991,
virent Israël s'asseoir en face des Syriens, Jordaniens,
Palestiniens et Libanais.
Les élections de juin 1992, avec la victoire du parti
travailliste, conduit par Itzhak Rabin, relancèrent les
négociations. Lors de la conférence de Washington,
en septembre 1993, Yasser Arafat reconnaissait Israël et Itzhak
,Rabin, l'OLP comme représentant du peuple
palestinien. Le 4 mai 1994, le premier accord dit « Gaza-Jéricho d'abord» sur les modalités
de l'autonomie palestinienne, fut signé au
Caire. Mais le 4 novembre 1995, l'assassinat d'Itzhak Rabin par un extrémiste juif plongea
le pays dans la stupeur. Les attentats islamistes
du Hamas reprirent. Le chef de file de la droite,
Benyamin Netanyahou, remporta les élections
générales anticipées de mai 1996. Son programme: concentrer son action sur les
problèmes intérieurs. Trois ans plus tard, après
une période noire durant laquelle les négociations
de paix étaient gelées, le travailliste Ehud Barak
prenait la succession. Si cet
homme de guerre « tient plus du faucon que de
la colombe », c'est bien en faveur de son programme de paix que les Israéliens
ont voté.
Israël, ressuscité après deux mille ans de
dispersion du peuple juif, a rencontré de très nombreuses
difficultés dans ses tentatives pour recréer une nation,
une économie, une société, une culture et une
langue unifiées. Le pays s'est en effet trouvé
confronté à un défi
délicat: réunir des Juifs originaires de plus
d'une centaine de pays et de cultures différentes, tout en
essayant simultanément de forger une entité nouvelle,
capable de faire corps et de survivre dans le monde moderne.
Depuis 1948, Israël a dû surmonter certains
problèmes: faire renaître l'hébreu biblique
comme une langue moderne mais, en même temps, construire une
industrie technologique compétitive; retrouver ses racines et
développer de nouvelles techniques agricoles
pour irriguer le désert; assurer l'intégration
des nouveaux immigrants, tout en s'efforçant
de maintenir des positions de défense viables. Israël est officiellement en guerre avec la
plypart de ses voisins arabes (à l'exception de l'Egypte, depuis 1979). Pourtant, malgré cette
menace constante, l'État hébreu parvient à
préserver une vie cul turelle, sociale et économique
florissante. II revendique une presse libre et une démocratie
active, en dépit de fortes pressions extérieures.
ISRAËL depuis 1990
Israël, ressuscité après deux mille ans de dispersion du peuple juif, a
rencontré de très nombreuses difficultés dans ses tentatives pour recréer
une nation, une économie, une société, une culture et une langue unifiées.
Le pays s'est en effet trouvé confronté à un défi délicat: réunir des
Juifs originaires de plus d'une centaine de pays et de cultures différentes,
tout en essayant simultanément de forger une entité nouvelle, capable de faire
corps et de survivre dans le monde moderne.
Depuis 1948, Israël a dû surmonter certains problèmes: faire renaître
l'hébreu biblique comme une langue moderne mais, en même temps, construire une
industrie technologique compétitive; retrouver ses racines et développer de
nouvelles techniques agricoles pour irriguer le désert; assurer l'intégration
des nouveaux immigrants, tout en s'efforçant de maintenir des positions de
défense viables. Israël est officiellement en guerre avec la plypart de ses
voisins arabes (à l'exception de l'Egypte, depuis 1979). Pourtant, malgré
cette menace constante, l'État hébreu parvient à préserver une vie
culturelle, sociale et économique florissante. Il revendique une presse libre
et une démocratie active, en dépit de fortes pressions extérieures.
Une société d'immigrants
Le fondement des contradictions d'Israël est la composition surprenante de
sa population. Sur les 5,5 millions de personnes que le pays comptait en 1995,
plus de la moitié était née dans le pays, l'autre moitié étant composée
d'immigrants originaires du monde entier: d'Europe, d'Asie, d'Afrique,
d'Amérique du Nord, d'Amérique du Sud, et même d'Australie. Mais la plupart
des natifs du pays descendent d'immigrants arrivés deux ou trois générations
plus tôt, et tous avaient apporté avec eux leurs propres attaches culturelles.
Yitzhak Shamir
Historiquement, l'importante Aliya (littéralement " ascension")
qui s'est produite au cours des années 50 et des années 60 a fourni la grande
majorité de la population actuelle. A l'époque, on attachait peu d'importance
à l'origine des nouveaux venus et à la disparité des bagages culturels qu'ils
apportaient avec eux. On mettait surtout l'accent sur leur absorption rapide
dans la construction socio-économique du pays, condition sine qua non de leur
survie. Bon nombre d'immigrants furent envoyés dans les régions en friche - la
Galilée, au nord, et le Néguev, au sud; on leur enseigna le mode de vie qu'ils
étaient censés adopter. Ces premiers temps furent quasiment héroïques, avec
leur cortège de moshavim (coopératives agricoles privées) installées dans
des régions désolées, et réussissant en moins d'une génération à créer
de véritables oasis. Des douzaines de villes nouvelles furent également
construites à cette époque, pour servir de centres urbains à de nouvelles
" zones de développement ".
Les années 1990-1991 virent l'arrivée massive de 350 000 Juifs en provenance
des pays de l'ex-URSS, ainsi que de 20000 juifs éthiopiens (les Falachas) ce
qui n'allait pas sans poser des problèmes d'insertion économique et sociale.
Disparités et brassages sociaux
On a beaucoup écrit sur les disparités sociales entre Ashkénazes et
Séfarades, et si ce problème s'estompe graduellement, il est toujours un des
éléments majeurs de la société israélienne contemporaine. Beaucoup des
villes nouvelles pauvres avaient été investies par des Séfarades, tandis que
les premiers colons des moshavim et des kibboutzim étaient Ashkénazes. De
même les zones urbaines étaient divisées entre quartiers pauvres séfarades
et quartiers plus riches ashkénazes. Au milieu des années 70, près de 60 % de
la population était d'origine séfarade, tandis que les principaux postes
gouvernementaux étaient, pour la plupart, encore occupés par des Juifs
ashkénazes. Si le problème est loin d'être résolu, l'avenir laisse entrevoir
une promesse de fusion progressive. Pour la jeune génération, le système
éducatif, les brassages sociaux, le service militaire obligatoire et l'accent
mis sur le mérite personnel plutôt que sur l'origine ethnique, ont contribué
à aplanir les tensions internes.
l' expression soucieuse de Ben Gourion sur cet ancien billet de 50 shekels semble refléter la situation de l'économie israélienne de l'époque.
D'autres divisions continuent néanmoins à perturber la société israélienne. La plus notable d'entre elles est sans doute le fossé qui existe entre les Juifs pratiquants et les autres. La majorité de la population est toujours de tendance plutôt libérale, mais une minorité croissante et intégriste fait de plus en plus parler d'elle. Elle englobe bon nombre d'immigrants arrivés des Etats-Unis et défend une interprétation toute différente du concept d'identité nationale israélienne, s'appuyant sur une observance plus stricte de la Halakah (la loi traditionnelle juive et les prescriptions établies par le Talmud). Cette minorité, représentée par de petits groupes, a réussi à faire valoir son point de vue et son autorité dans les couloirs du gouvernement. Les problèmes soulevés concernent aussi bien la politique intérieure du pays que les Affaires étrangères, le renforcement de la pratique du sabbat, que l'avenir de la rive occidentale du Jourdain. Ce fossé entre religieux et libéraux risque d'être le problème le plus difficile à résoudre dans les décennies à venir. Un autre défi réside dans l'obtention d'un consensus entre Juifs et Arabes en Israël même. Car un Israélien sur sept est, en fait, musulman, ce chiffre ne tenant compte que de la population vivant à l'intérieur des frontières initiales du pays. Si l'on inclut les territoires occupés depuis 1967, à savoir la bande de Gaza et la Cisjordanie, il faut y ajouter l, 5 million de musulmans.
Gouvernement et forces politiques
Le système politique d'Israël reflète la dualité de sa Constitution. De 1984 à 1990, le pays a été administré par un gouvernement d'unité nationale, combinant les deux partis majoritaires. Le grand bouleversement se produisit en 1977, lorsque la coalition travailliste, qui avait dominé la vie politique du pays pendant trente ans, fut destituée par l'aile droite du Likoud. Il semble que le parti travailliste, qui avait été fondé sur une idéologie socialiste, se soit trop identifié avec les intérêts de la classe aisée et qu'il ait été desservi par une composition à dominante ashkénaze, qui détourna de lui les votes des Juifs séfarades devenus majoritaires. A l'opposé, le Likoud, plus rigide et conservateur, rencontra un succès considérable auprès des pauvres et des mécontents, dans la mesure où c'était un parti contestataire et populiste dirigé par Menahem Begin. Au milieu des années 1980, les choses n'avaient guère changé dans la balance du pouvoir entre la droite et la gauche, ni dans leur composition respective. Mais, en raison de la multiplicité des petits groupes politiques dissidents, il devenait impossible, pour les deux grands partis, de parvenir à une majorité stable, aussi durent-ils former un gouvernement de coalition. Ce système accordait le poste de Premier ministre au travailliste Shimon Pérès, et celui de ministre des Affaires étrangères à Yitzhak Shamir, chef du Likoud, en prévoyant une alternance entre les deux hommes à l'automne 1986. Mais cette coalition gouvernementale était bien fragile, les protagonistes étant en complet désaccord sur la solution à adopter au sujet des territoires occupés: Shimon Pérès, devenu ministre des Affaires étrangères, étant en effet partisan d'une conférence de paix internationale qui déboucherait à terme sur des négociations directes avec la Jordanie et la Palestine, alors qu'Ytzhak Shamir refusait toute négociation avec l'OLP et ne proposait qu'une redite, impossible, des accords de Camp David. Le gouvernement d'union nationale, après. une grave crise politique, tomba le 15 mars 1990, et l'on assista trois mois plus tard à la victoire totale du Likoud : Ytzhak Shamir pouvait former un nouveau gouvernement. En 1992, le parti travailliste se vit enfin confier le gouvernement. Mais l'erreur de l'opération Raisins de la colère menée au Liban contre le Hezbollah, et le massacre de civils à Cana, jouèrent en sa défaveur. En mai 1996, après l'assassinat du Premier ministre Itzhak Rabin, les élections portèrent à nouveau le Likoud au pouvoir, avec Benyamin Netanyahou à la tête du gouvernement, bouleversant le paysage politique et mettant en suspens toutes les négociations avec les Palestiniens.
Une économie stable
Malgré les problèmes sociaux et géopolitiques qui se sont sans cesse posés au pays, Israël a réussi un renversement phénoménal des schémas juifs traditionnels, en faisant d'un peuple de commerçants et d'intellectuels une nation productive d'ouvriers, de fermiers et d'artisans. Cette conversion a été particulièrement spectaculaire dans les secteurs de l'agriculture et de l'armée, deux domaines traditionnellement délaissés par les Juifs de la Diaspora, qui leur préféraient le commerce et la finance. Les Israéliens ont été cependant incapables de résoudre leurs graves problèmes fiscaux et monétaires. Le taux d'inflation est devenu légendaire, bien qu'il ait sensiblement baissé depuis l'application du programme d'austérité: en 1995, il a été ramené à 8 % contre plus de 400 % en 1985.
La balance des paiements est restée négative et si le niveau de vie a sensiblement progressé, la productivité n'a pas suivi. Le problème des priorités dans la répartition du budget national s'est avéré délicat: un tiers est consacré à la défense, un autre tiers sert au remboursement de la dette nationale, ce qui laisse seulement un tiers à distribuer entre services sociaux et développement. Mais elle a également attiré l'attention sur un autre dilemme: le choix qui s'imposait entre chômage et inflation. Dans les années 1990-1995, les exportations rapportaient au pays 1,6 milliard de dollars par mois (les exportations de l'industrie minière de la mer Morte ne représentant que 500 millions de dollars par an). Et rien n'est plus représentatif de la prospérité d'Israël que les scintillants immeubles de verre de la Bourse aux diamants de Ramat Gan, près de Tel-Aviv, le centre nerveux de l'industrie de diamants, pierres précieuses et joaillerie qui exporte annuellement pour 4 milliards de dollars. D'autres exportations concernent la mécanique de haute précision, les logiciels d'informatique et les matériels électroniques avec 40 % de marchandises vendues à l'Europe de l'Ouest, plus 30 % en Amérique du Nord. A partir de développements aussi divers que les nouvelles variétés de fruits, les procédés de reproduction en couleurs ou les mitrailleuses Uzi, le pays s'adapte au mieux aux nécessités du marché. En tant que membre associé de l'Union européenne et grâce à un pacte de libre échange avec les USA, Israël est le seul pays ayant accès libre de taxes aux plus grands marchés du monde. Israël jouit également d'un revenu de près de 2 milliards de dollars annuel issu du tourisme, et d'une somme similaire grâce à différentes donations. Ces fonds sont utilisés par des organisations telles que l'Agence juive dont la mission est de drainer des immigrants vers Israël, et le Fonds national juif qui s'occupe du reboisement. La Diaspora soutient généreusement le pays. Enfin, celui-ci reçoit une aide substantielle des Etats-Unis qui se monte à plus de 3 milliards de dollars par an. Cette aide fut créée au début des années 70, Israël étant considéré comme un allié militaire important de l'Amérique dans la confrontation avec l'Union soviétique. Perçue de manière ambivalente par les Israéliens, cette aide a sans doute permis au pays de construire une société prospère, lI}ais au prix d'une dépendance envers les Etat-Unis.
L'avenir de la paix
Nombreux sont les Israéliens qui craignent que la restitution des territoires occupés sous l'effet de la pression américaine ne fragilise le pays. Rendre le Sinaï à l'Egypte en échange de la paix était une chose. Plus périlleuses se sont révélées les négociations commencées en 1993 lorsque Itzhak Rabin rencontra le chef de l'OLP, Yasser Arafat. Installer un Conseil de la Palestine qui administrerait et légiférerait pour tous leS' territoires occupés depuis 1967 (à l'exception de Jérusalem-Est) fut un test redoutable d'habileté diplomatique. A droite, les colons de Cisjordanie ne souhaitaient pas restituer un pouce de territoire. A gauche, les colombes de la Paix Maintenant préconisaient la cession des territoires unilatéralement. Hantée par la crainte d'un nouveau conflit, la majorité silencieuse semblait prête à admettre la compétence de l'administration palestinienne, malgré sa méfiance envers les Arabes. En 1994, quand les pourparlers de paix aboutirent à l'autonomie pour trois ans à Gaza et à Jéricho, et la naissance officieuse de la Palestine, au soulagement des uns répondit le sentiment de trahison et la haine des autres que le premier ministre Itzahk Rabin devait payer de sa vie l'année suivante.
Bande de calicot célébrant le traité de paix israélo-égyptien au-dessus d'une boutique de vêtements à Tel-Aviv.
Gina Snuff - Gina
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