Les Hébreux
La plus grande ressource d'Israël est son peuple. Malgré des tensions économiques, sociales et militaires quasiment constantes, les Israéliens ont réussi à construire un pays fort et moderne, à partir de presque rien : du sable... et leur intelligence. Comment y sont-ils parvenus? Cela n'a guère été facile. Dans cette nation d'immigrants dont les citoyens venaient de cent pays situés aux quatre coins du monde, le principal point commun était la religion, et une même méconnaissance de l'hébreu. Aujourd'hui, la société israélienne est toujours d'une grande diversité, mais avec une population composée à plus de 60 % de Sabras nés dans le pays, elle a trouvé une véritable identité nationale.
Conçu comme un État juif (82 % de la population est juive), Israël a toujours tenu " le rassemblement des exilés" pour l'une de ses composantes fondamentales. Et, malgré les difficultés économiques, le gouvernement israélien a fait tout ce qui était en son pouvoir, dans les premières années, pour sensibiliser les Juifs du monde entier. Entre 1948 et 1952, la population du pays a doublé, passant de 650 000 à plus de 1,4 million. Beaucoup de nouveaux arrivants étaient des Juifs ashkénazes venus d'Europe, des rescapés du terrible holocauste nazi, ou des réfugiés des pays situés au-delà du rideau de fer.
immigrant russe balayeur dans une ville arabe d'Israël. nouvelle immigrée d'Argentine Les Juifs séfarades (une dénomination faisant référence aux Juifs d'origine espagnole) d'Afrique du Nord et des pays arabes arrivèrent par centaines de milliers. Des navettes aériennes transportèrent même en Terre d'Israël des communautés tout entières. Si certaines de ces communautés mettent toujours une grande fierté à se distinguer les unes des autres, un pourcentage constant de mariages intercommunautaires efface, lentement mais sûrement, ces barrières ethniques. Toutefois la pratique religieuse des Juifs se manifeste sous des formes très variées, et les différences entre communautés religieuses et laïques sont aujourd'hui aussi frappantes que certaines différences culturelles. La majorité des 800 000 autres Israéliens est arabe. Une jeune femme policier à Jérusalem. Ce sont des musulmans pour la plupart; il existe aussi une petite minorité druze (1,2 %). Israël compte aussi près de 60 000 Bédouins et un petit nombre de chrétiens catholiques, orthodoxes, arméniens et coptes (2,3 % de la population); bien qu'ils ne servent pas sous les drapeaux, ils font souvent partie des équipes sportives nationales, ont accès à toutes les facultés et vivent comme tous les autres citoyens israéliens. De plus Israël est le centre de communautés religieuses uniques, comme celle des Bahaïs, dont le quartier général mondial se trouve au sommet du mont Carmel; les Samaritains, qui se rassemblent sur le mont Gezerim, en Galilée, sont aujourd'hui moins de 250; et d'autres encore comme les Black Hebrews (les Hébreux noirs). Israël est aussi la patrie d'une petite communauté de Circassiens - des Caucasiens de langue arabe, dont on retrouve les racines en Asie centrale - et même de plusieurs centaines de " boat-people" vietnamiens, ce qui tend à prouver que son kaléidoscope humain est pratiquement illimité.
parodie d'un
groupe religieux dansant dans la rue en sortant de camionnettes
sonorisées.. et chantant Nar nar (pour une raison que l'on
m'a expliqué mais dont je me souviens plus). LES SABRAS Les Sabras sont nés en Israël, mais ils sont originaires de plus de cent pays. Ils portent le nom du fruit du cactus: piquant à l'extérieur, doux à l'intérieur. Une image un peu réductrice mais assez adéquate. Le Sabra - bronzé, la charrue dans une main et la mitraillette dans l'autre - est le symbole d'une fierté retrouvée et de la renaissance du peuple juif. Sans doute l'avez-vous deviné: la réalité est un peu plus complexe et un peu moins romantique. Les jeunes Israéliens sont plus souvent enseignants, fonctionnaires ou travailleurs en usine que pionniers dans l'agriculture. Et il Y a bien longtemps qu'ils ne dansent plus la Hora autour d'un feu en écrivant des poèmes sentimentaux sur la patrie de leurs ancêtres. Le Sabra affiche en fait un certain mépris pour toute forme de sentimentalisme. Il est fier de sa droiture et de sa franchise. Férocement critique vis-à-vis de lui-même comme de son pays, le Sabra est aussi hostile aux ingérences étrangères, en particulier quand elles proviennent de gens vivant dans le confort et la sécurité de pays plus tranquilles. Les Sabras ne manquent pas de contradictions. D'un côté, ils sont cyniques et énergiques dans la poursuite d'un certain bien-être; mais de l'autre, ces jeunes Israéliens se comportent curieusement comme de vieux patriotes idéalistes. Même si c'est parfois en rechignant, ils acceptent tout de même de payer des taxes et impôts qui comptent parmi les plus élevés du monde, consacrent une grande partie de leur jeunesse à l'armée et vivent en sachant très bien que la prochaine guerre, comme les cinq précédentes, pourrait se déclencher du jour au lendemain. Le déclenchement de la guerre du golfe le 17 janvier 1991 et la montée de la menace irakienne ont conforté les Juifs dans cette opinion. Les Sabras, qui représentaient 60 % de la population en 1985 (ce chiffre s'accroît régulièrement chaque année), sont en train de créer une société qui est une combinaison de l'Orient et de l'Occident. Un tiers des mariages sont mixtes (entre Ashkénazes et Séfarades) et les individus issus de ces mariages n'ont rien à voir avec leurs ascendants, non seulement physiquement, mais sur tout dans leur manière de penser et d'agir. L'assurance et la confiance en soi du Sabra ne sont pas un hasard. L'enfant israélien grandit dans une société qui place les enfants au premier rang de son échelle de valeurs. Il est simultanément choyé et poussé à l'indépendance. Il est parfaitement préparé aux lourdes exigences qui pèseront sur ses épaules. A dix-huit ans, la vraie vie commence pour ces garçons et ces filles qui sont incorporés dans l'armée. vous en voulez encore :
Quand ils seront plus tard à la recherche d'un travail ou qu'ils entreront à l'université, ils auront tout juste vingt ans et seront souvent mariés et chargés de famille. La génération des Sabras évolue sous le regard attentif des Israéliens plus âgés, anxieux de savoir si ces enfants, nés après 1 'Holocauste et qui ont grandi dans leur propre patrie, à l'abri de l'antisémitisme, se comporteront comme prévu. La réponse semble être à la fois oui et non. Les Sabras préservent fièrement la tradition juive en matière d'érudition, de recherche scientifique et d'excellence dans des domaines comme ceux de la médecine ou du droit. De plus la vie artistique du pays est particulièrement florissante, qu'il s'agisse de théâtre, de danse, de musique, de cinéma, de poésie ou de littérature. Mais ces jeunes israéliens sont peut-être la première génération de Juifs depuis deux mille ans qui ait grandi en tant que majorité le plus naturellement du monde. Beaucoup de ces jeunes laïques se considèrent à peine comme Juifs. Ils sont israéliens, un point c'est tout. Et les Juifs de la Diaspora qui vivent dans une relation passionnelle avec Israël sont souvent déroutés quand ils découvrent que leurs frères et sœurs israéliens ne ressentent pas toujours aussi intensément ces liens. Les professeurs d'université et les officiers de l'armée expriment régulièrement leur inquiétude face à des jeunes gens qui atteignent la maturité sans avoir clairement saisi le sens de l'histoire et de la tradition juives et qui, n'ayant aucune conscience de ce que leur pays représente, ne comprennent pas pourquoi ils doivent faire des sacrifices pour le défendre. Il y a cependant des milliers de jeunes Israéliens qui sont revenus à leurs racines. Les yeshivas (académies d'études religieuses) ont proliféré, prenant en charge ce phénomène. Mais rien ne pourrait être plus éloigné de l'idée que les pères fondateurs socialistes et laïques se faisaient de l'Etat d'Israël. LES ASHKÉNAZES Si Israël est un pays occidental au sein des pays du Levant, c'est aux Ashkénazes qu'il le doit. Israël est leur enfant, et ces Juifs d'Europe orientale (Allemagne en hébreu se dit Ashkenaz) et occidentale, mais aussi d'Amérique et d'Australie, grâce à leur vitalité, leur idéalisme et leur obstination, sont largement responsables du profil de cet État moderne et dynamique. Les Juifs ashkénazes constituent aujourd'hui 39 % de la population israélienne. Ils sont surpassés en nombre par les Séfarades, Juifs d'Asie et d'Afrique (43 % de la population), mais les pères fondateurs de la nation ont émergé de leurs rangs et ce sont eux qui ont brJlndi le glaive du sionisme pour construire un Etat juif. Les valeurs et les institutions israéliennes ont été conçues, façonnées et instaurées par les Ashkénazes. Et, pendant trente ans, la communauté a gardé un monopole incontesté sur les institutions politiques, économiques, militaires, culturelles, juridiques et religieuses du pays. Depuis plusieurs siècles, la philosophie du sionisme attirait déjà le peuple juif sur la terre de ses ancêtres. Des petits groupes de Juifs religieux firent le périlleux voyage, depuis leurs shetls d'Europe de l'Est pour venir s'installer sur cette Terre sainte si inhospitalière. Ils venaient y attendre l'arrivée du Messie. Partout où ils s'installèrent - dans les villes anciennes de Tibériade, Safad, Hebron et bien sûr Jérusalem - ils subirent de terribles privations. Leur unique certitude était qu'ils vivaient dans le pays de la Divine Promesse. Mais les immigrants qui arrivèrent dans les années 1900, en Palestine, territoire gouverné par les Ottomans, étaient d'une autre trempe: des hommes et des femmes jeunes, enflammés par cette fièvre idéologique et culturelle qui allait bientôt mettre le feu à la Russie. Ils formèrent des kibboutzim - exploitations agricoles collectives - et mirent sur pied une ébauche de gouvernement provisoire. Au cours des années, leurs rangs s' augmentèrent de nouveaux venus originaires de Russie, d'Autriche, de Hongrie, de Tchécoslovaquie, de Roumanie et d'Allemagne. Certains étaient attirés par le défi et l'aventure passionnante que représentait la construction d'une patrie juive, après deux mille ans d'exil; d'autres cherchaient à fuir avant tout les persécutions. Dans les années 20, par exemple, une crise survenue en Pologne poussa les Juifs à partir pour la Palestine. Contrairement à leurs prédécesseurs - ces pionniers déterminés à créer un " nouveau Juif" grâce à l'agriculture -, ils se cantonnèrent dans les villes et formèrent une nouvelle petite bourgeoisie de marchands, d'enseignants et autres professions libérales. La montée du nazisme, dans les années 30, entraîna un afflux de Juifs allemands et autrichiens, les Yekkes, en Palestine; ils eurent un impact immédiat sur l'éducation, le commerce, les arts et la vie sociale du pays. Attachés comme ils l'étaient au faste et à l'ordre, les Yekkes - terme né de la déformation du mot " jacket " (vêtement qu'ils portaient en toute saison) - furent atterrés par la décontraction, l'irrévérence et les manches courtes de leurs nouveaux camarades paysans. Mais si les Yekkes n'étaient pas arrivés dans leur nouvelle patrie avec le même bagage idéologique que leurs coreligionnaires d'Europe de l'Est, ils apportaient, avec les Juifs de Grande-Bretagne, une expérience essentielle pour un jeune État en formation. Ils laissèrent une empreinte indélébile dans l'administration et la juridiction du pays et établirent une éthique du travail dont les effets se font encore sentir dans les institutions commerciales et industrielles, comme dans le corps diplomatique.
La fin de la Seconde Guerre mondiale apporta avec elle un flot de réfugiés démunis et de survivants traumatisés. Depuis la création de l'État d'Israël, des Juifs de l'Europe occidentale ravagée par la guerre, de Tchécoslovaquie, de Hongrie, de Roumanie et, surtout, d'Union Soviétique (plus de cent mille au cours de l'année 1990), sont venus par vagues successives gonfler les rangs des Ashkénazes. Nombre d'entre eux étaient laïques, mais beaucoup d'autres étaient religieux. Et ils ont apporté avec eux leurs coutumes et leurs traditions uniques. Certaines des grandes cours hassidiques, mises à sac sous le régime hitlérien, ont été transplantées avec succès depuis leur patrie d'origine, en Europe centrale ou de l'Est, jusqu'en Israë1. Il existe d'autres mouvements ashkénazes: le Agoudat Israël, mouvement militant, ultra orthodoxe, mais non sioniste, et un mouvement plus important, composé de sionistes religieux qui trouvent leurs origines dans le même creuset que leurs frères ultra-orthodoxes, mais qui sont fortement politisés; ils Sont à la base de l'idéologie du mouvement des colons de la rive ouest du Jourdain, le Gush Emunim. Contrairement aux ultra-orthodoxes, ils s'engagent dans les études laïques et acceptent de servir dans l'armée où ils constituent une partie de l'élite des forces combattantes, extrêmement motivée. Venant s'ajouter au brassage des Juifs ashkénazes, on trouve d'autres i!llmigrants occidentaux originaires des Etats-Unis, de Grande-Bretagne, d'Afrique du Sud, du Canada, d'Australie et de Nouvelle-Zélande (rassemblés sous le surnom d'" Anglo Saxon ") et même d'Amérique du Sud ou de Scandinavie. Ce sont des immigrants " de luxe ", arrivant de pays riches, avec des biens, une éducation et une formation professionnelle de haut niveau qui leur confèrent un formidable avantage pour leur intégration et leur réussite en Israël. Un des phénomènes les plus frappants de ces dernières années a été l'accroissement du taux d'immigrants occidentaux venant chercher en Terre sainte un accomplissement religieux plutôt qu'idéologique. Ils sont venus en dépit des crises politique, militaire et économique et sont à l'avant-garde du mouvement nationaliste religieux. Mais si les nouveaux Ashkénazes ne sont plus attirés par la vie du kibboutz, ils ont beaucoup de choses en commun avec leurs ancêtres, qui ont fait d'Israël ce qu'il est aujourd'hui. A peine installés, ils mettent sur pied des groupes de pression pour changer le système électoral, assurer le nettoyage urbain, protéger les animaux ou l'environnement. LES SÉFARADES Si le terme " ashkénaze" recouvre toute une diversité ethnique de Juifs d'origine très diverse, c'est encore beaucoup plus vrai pour le terme " séfarade". Cette mariée yéménite a des allures royales dans sa robe de mariage traditionnelle.
Les Juifs séfarades, au sens strict, descendent de la communauté juive qui s'était épanouie en Espagne (littéralement Sefarad en hébreu) et au Portugal avant que ses membres ne soient forcés de se convertir au catholicisme ou de fuir le pays, au Moyen Age. Certains choisirent la Palestine comme terre d'exil, formant une élite culturelle et religieuse qui existe encore aujourd'hui. Mais, dans le langage moderne, l'adjectif " séfarade" se rapporte à presque tous les Juifs qui ne sont pas ashkénazes. Les Juifs du Maroc, du Kurdistan, d'Iran, d'Irak, de Tunisie, d'Algérie, de Libye, du Liban, du Yémen et d'Egypte, ceux de la Géorgie soviétique et de Boukhara, ceux de Grèce, de Turquie et d'Afghanistan, les Juifs de dizaines de pays parlant des dizaines de langues différentes et rattachés à des traditions totalement étrangères l'une à l'autre, se sont trouvés, à leur arrivée en Israël, regroupés sous l'étiquette " Séfarade" ou " Edot Mizrach "(peuple de l'Orient). Les Séfarades sont arrivés relativement tard dans cette Terre sainte moderne, et ils étaient pour la plupart démunis, illettrés et mal armés pour s'adapter au rythme trépidant d'un pays neuf et dynamique, de type occidental, qui avait peu de temps, de patience et d'argent pour s'occuper de leurs problèmes spécifiques. Dans les deux ans qui suivirent la fondation de l'Etat d'Israël, l'opération " Tapis volant " fut mise en place: des immigrants d'Afrique du Nord et des pays arabes du Moyen-Orient (notamment du Yémen) abandonnèrent leur m,!ison et leurs biens, pour converger vers l'Etat balbutiant. Dans de rares cas, ces hommes, comme les Juifs d'Irak, s'exilèrent avec leurs chefs communautaires; ces hommes instruits facilitèrent l'intégration des nouveaux arrivants.
Juif originaire d'Irak à Tel aviv Les autres, comme les Marocains, vinrent sans leurs leaders; ces derniers plus riches et plus cultivés ayant optépour la France, avec qui ils avaient déjà une affinité culturelle et linguistique. Ceux qui arrivèrent en Israël étaient généralement pauvres, sans instruction ni formation professionnelle, et il leur manquait une voix puissante pour se faire entendre dans ce nouveau pays qui leur était si étranger. Mais les Séfarades étaient attendus. Israël avait besoin d'eux, même s'ils allaient faire peser une lourde charge sur les structures et l'économie encore fragile du pays. Les autorités encouragèrent leur immigration. Ce " rassemblement des exilés" était, après tout, la réalisation du rêve sioniste. De plus l'arrivée de ces six cent mille Juifs entre 1947 et 1952, augmenta de moitié le nombre d'habitants, améliorant de manière incommensurable la capacité de l'État à défendre son territoire. Dans de telles circonstances, il n'est pas surprenant que l'ordre établi, essentiellement ashkénaze - socialiste et laïque - qui avait pour tâche d'absorber chaque vague successive d'immigrants, ait commis des erreurs. La volonté prédominante était de transformer les Séfarades, traditionalistes, en " Israéliens " selon leur propre modèle. L'effet de cette transformation sur la vie de famille fut un véritable traumatisme. L'autorité patriarcale traditionnelle se trouva brutalement minée, leur dévotion religieuse fut méprisée et les enfants furent arrachés à la culture et aux traditions " primitives" de leurs parents. Les résultats ne tardèrent pas à se faire sentir. Dans les années 60, les politiciens et les sociologues commençèrent à s'inquiéter de l'émergence d'un " second Israël" et à avertir la nation des risques de frictions intercommunautaires si rien n'était fait pour combler le fossé entre les possédants et les non-possédants. Le mouvement Black Panther, un mouvement violent issu des taudis séfarades de Jérusalem, semblait un signe avant-coureur des menaces qui pesaient sur l'avenir. Une campagne fut organisée à la hâte, pour augmenter les subventions et relever le niveau de vie des défavorisés. Des programmes préscolaires, des écoles professionnelles, des bourses, des sessions de préparation aux universités, des allocations de soutien, des centres communautaires et un programme spectaculaire de construction pour rénover les quartiers les plus misérables. Toutes ces dispositions furent appliquées dans les années 70 et au début des années 80, avec succès. A la fin des années 70, les problèmes d'intégration des membres de la communauté séfarade d'Israël avaient presque disparu. Refusant de n'être qu'une imitation des Juifs ashkénazes, ils firent revivre leurs anciennes et très belles traditions et insistèrent pour que leur culture et leur histoire trouvent leur expression dans le système d'enseignement. Ce sursaut de fierté a provoqué une prise de conscience générale de la contribution ,des Juifs séfarades à la construction de l'Etat d'Israël (ils peuvent s'enorgueillir de l'apport des plus grandes figures intellectuelles et spirituelles du peuple juif). La conséquence de cette révolution sociale fut une révolution politique contre ceux-là mêmes (les travaillistes) qui avaient fait venir les Séfarades et qui avaient, mais avec maladresse, tenté de faciliter leur insertion dans la société israélienne. En 1977, les Israéliens se détournèrent du parti travailliste - parti élitiste et paternaliste, en majorité ashkénaze, qui détenait le pouvoir depuis l'indépendance pour hisser à la tête du pays Menahem Begin et son parti populiste de droite, le Likoud. Ils semblèrent ne pas tenir compte du fait que Menahem Begin, Polonais d'origine aristocratique, était la quintessence même du Juif ashkénaze. Mais, bien que non pratiquant, il était en accord avec le sens profond de la tradition des Séfarades et son éloquence farouche leur allait droit au cœur. Les rues des villes et des quartiers séfarades résonnèrent de chants célébrant " Begin, roi d'Israël ". Aujourd'hui, les leaders séfarades, les enfants des années 50, participent à la vie israélienne. L'exemple le plus flagrant est celui de David Lévy, homme politique né au Maroc qui fut traité de " cornichon" quand il apparut pour la première fois sur la scène politique, dans le gouvernement Begin, en 1977. Aujourd'hui, Lévy est un candidat sérieux à la direction du pays. Personne ne se moque de lui. Ni d'ailleurs des autres membres séfarades de la Knesset (le Parlement israélien), confiants dans leur rôle politique et représentant presque toutes les tendances du spectre idéologique, de la gauche (rarement extré miste) à la droite religieuse et ultranationaliste. La plupart des leaders séfarades gagnent leurs galons et la faveur populaire dans des conseils locaux. Les maires séfarades, jeunes et énergiques - dont beaucoup sont arrivés enfants en Israël - ont vite compris les ressources potentielles du système démocratique et ont pris le contrôle de nombreuses villes nouvelles et des conseils régionaux. Et ils sont plusieurs à avoir utilisé leur pouvoir local comme tremplin pour entrer dans la vie politique nationale. Les Séfarades marquent de leur empreinte l'administration, le mouvement syndical (dont le puissant nouveau leader, Yisrael Kessar, est originaire d'Irak), les arts, l'Académie, le sport et même les loisirs. L'une des facettes les plus intrigantes de ce récent intérêt des Juifs séfarades pour le pouvoir, est sans doute l'émergence d'un parti religieux, ultra-orthodoxe et puissant, le Chass - acronyme désignant les gardiens séfarades de la Torah - qui occupe quatre sièges à la Kne_set et joue les balanciers dans la vie politique du pays. Les hommes du Chass sont séfarades, mais ils portent le chapeau et le costume noirs de leurs frères ashkénazes de la communauté ultra-orthodoxe. Ils représentent un phénomène qui fait échec à toute tendance de diviser la société israélienne en deux clans tribaux distincts, les Ashkénazes et les Séfarades. femmes séfarades en costume traditionnel,. ci-dessus,
" Adoptés" par les orthodoxes non sionistes d'Agoudat Israël, qui a ouvert ses écoles et ses yeshivas aux enfants séfarades, les rabbins et les politiciens séfarades de cette nouvelle génération proclament fièrement leurs origines, se déclarent concernés par le bien-être des Séfarades, mais se tournent vers les sages et les mentors du Bnei Brak, l' autorité rabbinique suprême des Ashkénazes, pour solliciter leurs avis et leurs conseils. _' adolescent séfarade ne cherche plus son modèle parmi les Ashkénazes. Le chanteur à la mode, le champion de football, ou le chef d'entreprise à la pointe de l'industrie électronique, sont souvent comme lui, à une génération près, du Maroc ou du Yémen. Mais c'est dans l'armée, ce véritable melting-pot de la société israélienne, que les Séfarades ont finalement pris tout leur poids. Il y a bien des années, le premier ministre Ben Gourion déclarait qu'un nouvel Israël prendrait naissance le jour où le premier chef d'équipe séfarade serait engagé. Le général Moshe Lévy, chef d'état-major jusqu'en 1987, est d'origine irakienne. Tandis que les jeunes Ashkénazes ont tendance à délaisser les carrières militaires pour des métiers plus lucratifs dans le secteur privé, les Séfarades, cherchant à échapper à ces villes nouvelles dans lesquelles ils ont grandi, sont venus prendre leur place. Et ceux qui craignaient que cette nouvelle génération de commandants de tanks, d'officiers d'infanterie et de parachutistes d'élite ne détériore les performances de l'armée ont eu largement la preuve du contraire. A n'en pas douter, il reste un fossé entre les deux communautés: dans une très forte proportion, les prisonniers, les exclus du système scolaire, les cas sociaux et les chômeurs appartiennent au " second Israël ". Mais, étant donné les immenses progrès accomplis par les Séfarades au cours qe trois dernières décennies, leur réussite est spectaculaire. un contremaître fier de son chantier. LES ETHIOPIENS
Le vieux rêve sioniste est devenu réalité. Une communauté juive, lointaine et oubliée, fut arrachée aux périls conjoints du marxisme et de la famine, et transportée sur les prophétiques " ailes d'aigle ", vers la Terre promise et la sécurité. Lorsque l'opération " Moïse" - le rapatriement secret de près de sept m}lle Juifs éthiopiens en Israël avec l'aide des États-Unis -i-C- démarra au début de l'année 1985, les Occidentaux réagirent par une admiration sans réserve. Voici qu'un peuple appartenant à une culture pré technologique était accueilli à bras ouverts par ses frères et sœurs dans une société sophistiquée qui frappe déjà à la porte du XXIe siècle. Il y a maintenant quinze mille Juifs éthiopiens qui vivent en Israël, et on estime à dix ou vingt mille le nombre de ceux qui vivent encore en Afrique. La moitié environ arrivèrent dans les six années qui précédèrent l'opération " Moïse", s'infiltrant dans le pays sous le sceau officiel du secret (par crainte d'offenser le régime éthiopien). Personne n'est certain de leurs origines, même si ces Éthiopiens - connus sous le nom de " Falashas ", c'est-à-dire " étrangers " en Éthiopie - sont persuadés qu'ils sont les descendants du roi Salomon et de la reine de Saba.
Ce jeune Juif éthiopien affiche déjà une certaine assurance dans sa nouvelle patrie. Après beaucoup de controverses au sujet de leur judaïté, un érudit religieux régla la question en déclarant que ces Juifs éthiopiens étaient issus de la tribu de Dan, une des dix tribus d'Israël perdues, éparpillées au moment de la conquête du royaume de Juda par Babylone, en 586 av. l-C. Isolée du reste des Juifs pendant deux millénaires, cette communauté a préservé des traditions et conservé des pratiques religieus_s qui sont remarquablement similaires à celles de leurs coreligionnaires de New York, de Londres ou de Jérusalem. . Il existe, cependant, des différences essentielles : les Ethiopiens ont emporté dans leur exil la Loi écrite - les Cinq Livres de Moïse et des premiers prophètes - mais ils n'ont aucune connaissance de la Loi orale, qui ne fut codifiée qu'après la destruction du second temple en 70 apr. J.-C. Ce fut la cause d'un conflit entre les Juifs éthiopiens et le ministre du Culte israélien qui émit des doutes sur le statut religieux de certains d'entre eux. La solution proposée par les rabbins - compte tenu de leur conviction qu'il y avait un petit nombre de non-juifs parmi les nouveaux arrivants éthiopiens - fut une conversion symbolique de l'ensemble de la communauté par immersion dans le mikvé (bain rituel). Cette peccadillë dans l'odyssée de deux mille ans des Juifs éthiopiens n'est qu'une formalité dans le processus de leur intégration finale dans la société israélienne. \ Pour les enfants - plus de 50 % des membres de la communauté ont moins de dixhuit ans -, ce processus est beaucoup moins pénible que pour leurs aînés. La plupart se sont rapidement adaptés aux écoles israéliennes et aux pro gammes de formation professionnelle, et, si l'on tient compte des expériences antérieures, ils seront d'ici peu israéliens à part entière. Les Éthiopiens ne forment pas la seule communauté de couleur qui ait retrouvé le chemin de la patrie. La plupart des Juifs d'Inde et du Pakistan se sont installés en Israël, où ils forment une communauté bien intégrée de trentehuit mille âmes. Mais ce n'est pas tout: les Shinlung de Birmanie et du nord-est de l'Inde prétendent descendre de la tribu israélite de Menashe (l'un des deux fils jumeaux de Joseph), et beaucoup de jeunes ont exprimé leur désir d'émigrer en Israë1. Un expert israélien sur la question des communautés oubliées, Rabbi Eliahu Avihail, croit également que les dix millions de mulsumans en guerre sur la frontière nordouest de l' Afghanistan pourraient avoir des racines juives. Ils se considèrent euxmêmes comme les descendants de la tribu d'Ephraïm et ont de nombreuses coutumes étrangement similaires à celles de la tradition JUIve. Rabbi Avihail consulta un jour un sage de Jérusalem sur le bien-fondé de la poursuite de ses recherches afin de déterminer si ces Afghans sont vraiment des frères de longue date. On raconte que le sage resta pensif pendant de longues minutes avant de répondre finalement: " Peut-être devrions-nous, sur ce point, attendre l'avis du Messie. "
LES ARABES ISRAÉLIENS Tous les habitants arabes de ce qui fut la Palestine n'ont pas cédé aux instances des États environnants (ni aux " incitations" de l'armée israélienne naissante) les enjoignant de fuir leur maison, avec la promesse d'y revenir sous peu, dès que l'Etat juif aurait été balayé par les armées ennemies.
Ils furent plus de cent cinquante mille à rester dans le pays et leur nombre s'est accru, selon les lois naturelles de la démographie, pour atteindre aujourd 'hui près de huit cent mille. La moitié de la population arabe israélienne est citadine, avec une grosse concentration dans les villes et les villages de Galilée. Il y a d'importantes communautés arabes à Nazareth, Haïfa, Ramla, Jaffa et Jérusalem. Les Arabes israéliens - 77 % sont musulmans, 13 % chrétiens et 10 % druzes ou bédouins - représentent un véritable paradoxe.
jeunes filles d'une école musulmane faisant un pique-nique en Israël Ils sont à la fois arabes, avec des liens linguistiques, historiques, culturels, religieux et familiaux avec les au_tres pays du monde arabe, et citoyens d'un Etat qui, depuis quarante-trois ans, est en conflit avec ces pays. La seule discrimination juridique qui touche les Arabes israéliens réside dans le fait qu'ils ne sont pas soumis à la conscription militaire, bien qu'ils puissent se porter volontaires. On a pensé qu'il serait déraisonnable de leur demander de se battre contre leurs cousins et leurs coreligionnaires. Seule la petite communauté druze a été incorporée dans les rangs de l'armée, et ce à sa demande. Mais cette exemption de service militaire est à double tranchant. L'armée est, après tout, un milieu égalitaire, une expérience nationale partagée, le fil commun qui relie des citoyens issus d 'horizons différents.
université de Tel-aviv L'exclusion entraîne inévitablement des handicaps sociaux et, d'une manière plus tangible, elle rend les Arabes inapte à obtenir certains postes ou allocations officielles. Malgré cela et en dépit d'autres désavantages, la communauté arabe d'Israël s'est épanouie, faisant de grands progrès en matière de santé, d'éducation et, d'une manière générale, dans son niveau de vie. L'un des indicateurs les plus éloquents de ce processus d'évolution est l'éducation. L'analphabétisme arabe est tombé de 95 % en 1948 à 5 % aujourd'hui. Et, tandis qu'en 1948, 32,5 % seulement des enfants fréquentaient l'école primaire, en 1982 ils étaient 92 % à avoir suivi de cinq à huit années d'étude, et plus de 30 %, de neuf à douze années; ce qui met en évidence la présence des Arabes dans les instituts d'enseignement secondaire israéliens. La plupart des parents choisissent d'envoyer leurs enfants dans des écoles de langue arabe, ce qui permet une combinaison judicieuse entre culture arabe et instruction israélienne. Aujourd'hui, six mille étudiants arabes fréquentent les universités israéliennes (il est difficile d'obtenir des chiffres plus détaillés, les fiches d'inscription ne comportant pas de mention ethnique ou religieuse). D'autres partent faire leurs études à l'étranger mais, contrairement aux Palestiniens de la bande de Gaza ou de Cisjordanie, ils n'ont pas accès aux pays du monde arabe, étant porteurs d'un passeport israélien. militant arabe pour les palestiniens dans une rue de Tel Aviv, en Israël L'impact de l'éducation et l'implication dans la société ouverte et démocratique d'Israël sont particulièrement profonds. La plupart des jeunes Arabes ne sont plus un simple numéro dans un clan aux ramifications multiples. Ils vivent dans leur noyau familial, à la manière occidentale, et ils sont économiquement indépendants de leurs aînés. La loi israélienne accordant aux femmes l'égalité des droits a contribué à la libéralisation de la vie des femmes arabes de ce pays. un jour de repos à Kinnereth Ce changement dans les aspirations des femmes (et des hommes) est particulièrement sensible dans le taux de natalité qui est tombé de 8,5 enfants par famille en 1968 à 4,63 en 1986, et qui devrait baisser encore dans la décennie à venir jusqu'à la moyenne actuelle dans les familles juives, qui est de 2,83 enfants par famille. Le ministère de l'Éducation nationale a prévu des programmes pour encourager le rapprochement entre les jeunes des deux communautés juive et arabe. Une nouvelle généra tion de jeunes maires et de leaders arabes élevés en Israël et parfaitement à l'aise avec le système israélien - est en train d'émerger de la masse. Ils exigent que des facilités soient accordées dans leurs régions selon les mêmes critères que ceux qui sont appliqués à leurs voisins juifs, et ils affichent une assurance à la fois purement arabe et typiquement israélienne. L'intrusion croissante des Arabes dans la vie politique est un autre facteur significatif. Il y a aujourd'hui sept membres arabes à la Knesset, sur un total de cent vingt. LES PALESTINIENS Qui sont les Palestiniens? Ce mot désignait jadis tous ceux - musulmans, chrétiens et Juifs - qui vivaient sur la terre de Palestine, ce territoire qui inclut aujourd'hui Israël, la Cisjordanie et le royaume hachémite de Jordanie. photo de groupe dans un café de la vielle ville de Jérusalem Dans l'atmosphère surchauffée du conflit israélo-arabe, le terme " palestinien" a perdu de l'ampleur: il s'applique exclusivement aux Arabes originaires de ce qui fut la Palestine sous le mandat britannique et à leurs descendants, y compris les 500 000 d'entre eux qui fuirent leur patrie en 1948, au moment de la guerre d'indépendance d'Israël. Les estimations du nombre total de Palestiniens varient, selon les sources, entre 3 et 4 millions. La plupart sont dispersés à travers le Moyen-Orient, mais la plus forte concentration à 1 'heure actuelle se trouve en Cisjordanie et sur la bande de Gaza ou 1,4 million de musulmans et de chrétiens palestiniens vivent, depuis la guerre des Six Jours, sous l'occupation israélienne. Les Palestiniens forment une société en pleine mutation, qui se débat face à des pressions parfois contradictoires, et qui, bon gré mal gré, est en train d'abandonner ses idées traditionnelles et de changer de style de vie. Les grandes villes de Cisjordanie, comme Naplouse, Ramallah et Hébron, ainsi que les villages, représentent une image sociale traditionnelle : de grandes familles ou des clans de type patriarcal, auxquels les individus sont totalement inféodés, où tous les biens sont centralisés et où les femmes jouent un rôle subalterne. Parallèlement, il existe toute une génération de jeunes Palestiniens instruits qui adopte rapidement les modes occidentales, tout en restant farouchement attachée à son identité palestinienne. Les cinq universités palestiniennes, interdites sous le gouvernement jordanien, furent réouvertes après la guerre des Six Jours, et l'occupation israélienne. Avec leurs cinq mille étudiants, toutes disciplines confondues, elles constituent aujourd'hui un véritable foyer d'agitation sociale et politique. Et, depuis le début de la guerre des Pierres en décembre 1987, ces cinq universités ont été de nouveau fermées à plusieurs reprises par le gouvernement israélien. L'éventail politique des campus est large: soutien au roi Hussein de Jordanie, à l'Organisation de Libération de la Palestine (OLP), à des groupes dissidents plus radicaux, voire extrémistes, et au mouvement intégriste musulman. Quelque 5 000 Arabes de Cisjordanie et de la bande de Gaza quittent chaque année le pays pour aller faire leurs études dans les universités du monde arabe et en U.R.S.S.; l'élite opte généralement pour l'Europe et les États Unis. On estime à 100 000 le nombre de Palestiniens originaires de Cisjordanie qui travaillent comme enseignant,s, médecins, avocats ou ingénieurs dans les Etats du Golfe. L'un des indices de changement le plus visible en Cisjordanie est sans aucun doute le rôle des femmes. Bien que moins libérées que leurs sœurs arabes israéliennes, les femmes palestiniennes sont en train de briser le moule traditionnel qui les confinait à la maison. Elles suivent de plus en plus des études supérieures et représentent aujourd'hui 44 % des effectifs des universités cisjordaniennes. A l'avant-garde de cette véritable révolution sociale, se trouve la petite communauté urbaine des chrétiens palestiniens, qui a eu l'avantage de pouvoir accéder aux écoles chrétiennes depuis des générations. Ce qui lui vaut aujourd'hui un certain ressentiment de la part des Palestiniens musulmans, qui lui envient à la fois sa " richesse" et sa capacité à s'adapter sans trop de difficultés aux nouvelles réalités sociales et économiques. Mais beaucoup de jeunes chrétiens palestiniens sont au premier rang des supporters de l'OLP. Aussi ont-ils été confrontés à un grave dilemme en 1982, lors de l'opération Paix en Galilée, quand les forces israéliennes ont apporté leur soutien aux milices chrétiennes libanaises dans leur lutte contre la domination croissante de l'OLP. Le niveau de vie des Palestiniens de Cisjordanie et de la bande de Gaza a augmenté de façon spectaculaire depuis l'occupation israélienne en 1967, entraînant une augmentation de 30 % du nombre d 'habitants depuis la fin de la guerre des Six Jours. Car si les Palestiniens ont un taux de natalité très élevé, le taux de mortalité infantile a beaucoup baissé (1/5 du taux de mortalité infantile égyptien et 1/3 du taux jordanien), et l'espérance de vie moyenne est passée de 48 à 62 ans. Autre chiffre très important et révélateur du principal problème du gouvernement Israélien : 45 % de la population est âgée de moins de 14 ans et tous ces enfants sont les premiers combattants de la guerre des Pierres. De surcroît, il y a eu un déclin de l'émigration à la suite de l'accroissement des possibilités d'emploi, à la fois dans les territoires occupés et en Israël même, où l'industrie du bâtiment s'appuie presque exclusivement sur le travail des Palestiniens. Un boom dans l'agriculture en Cisjordanie - où les fermiers locaux ont profité de la technologie avancée des Israéliens, associée à une politique israélienne d'ouverture entre la Jordanie et les territoires occupés - a assuré la prospérité de milliers de Palestiniens qui exportent leur production vers la Jordanie et, de là, vers les autres pays du monde arabe. En matière de logement, d'équipement ménager, d'éducation, etc., les Palestiniens des territoires occupés sont sensiblement mieux lotis que les Arabes des pays voisins. Mais cela ne saurait suffire. Le nationalisme israélien a donné naissance au nationalisme palestinien et, quels que soient les avantages matériels que l'Etat hébreu a procuré aux Palestiniens de Cisjordanie et de la bande de Gaza, dans leur vie quotidienne, ils ne peuvent compenser le sentiment qu'ils ont d'avoir été dépossédés de leur terre. La guerre des Pierres, qui dure depuis décembre 1987, et le soulèvement des territoires occupés démontrent clairement la volonté du peuple palestinien: la création d'un État palestinien qui comprendrait la Cisjordanie et la bande de Gaza. une femme arabe contemple un bébé dans un autobus tandis qu'une soldate s'appuie sur l'épaule de sa copine à suivre chrétiens et druzes la célèbre crêpe druze que l'on trouve fréquemment dans le nord d'Israël.
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